Ubuntu logo Shuttleworth, le philanthrope '
L'entrepeneur a fait fortune en vendant une start-up qu'il avait créée dans un garage de Cape Town puis a dépensé 20 millions de dollars - 15,7 millions d'euros - pour être le premier africain à voyager dans l'espace.

Désormais, il prône le logiciel libre et souhaite rendre accessible Internet aux millions d'Africains. Lors d'un entretien avec nos confrères de Reuters, Shuttleworth confie :

" A terme, l'open source est la plate-forme du futur. (...) C'est une de ces énormes vagues qui raflent tout sur leurs passages - comme Internet. "

Pour rappel, Ubuntu est un système d'exploitation basé sur la distribution Debian et qui fonctionne à l'installation avec 100% de logiciels libres et dont le code-source est rendu public. Tout l'inverse de Microsoft et de son Windows maison. Les gouvernements brésilien, chinois, espagnol, indien et malaisien utilisent déjà cette distribution Linux, et Shuttleworth affirme que le logiciel libre peut considérablement réduire le prix d'achat d'un ordinateur pour les écoles et les foyers d'Afrique.


Profitez-en, c'est gratuit

Les petites entreprises du continent le plus pauvre du monde peuvent également profiter de la gratuité du système. Même si libre ne signifie pas forcément gratuit, force est de constater que c'est un atout indéniable pour les pays qui n'ont pas forcément les moyens d'investir dans des licences propriétaires onéreuses.

D'après Shuttleworth :

" Puisque l'open source est libre, nous pouvons partager nos connaissances beaucoup plus rapidement. Si un enfant apprend à utiliser une application à l'école, il peut ensuite la télécharger à la maison, la montrer à ses parents ou même à ses amis. "

Mais l'astronaute millionaire n'est pas le seul en Afrique; Microsoft est effectivement là pour tenter de récupérer un marché qui émerge doucement. Le géant des logiciels a fondé des centres informatiques dans 284 municipalités d'Afrique du Sud dans le cadre d'un projet qui toucherait un millions de personnes.

Ubuntu people Microsoft veut sa part du gâteau
Selon Ballmer, directeur des opérations chez l'éditeur, il s'agit plus " d'un choix ouvert que d'un code-source ouvert ". L'Afrique du Sud, pays plutôt riche à côté de ses voisins, a indiqué qu'il " soutient fermement " les logiciels open source, mais se montre également ravi des engagements de Microsoft vis-à-vis des centres informatiques et des ordinateurs scolaires, ne tournant pas définitivement le dos aux logiciels propriétaires.

Microsoft a par exemple lancé cette année une version en zoulou de son Windows XP et a indiqué que des versions afrikaans et setswana suivraient. Selon le directeur de la branche locale de Microsoft, Gordon Frazer, cette orientation n'est pas motivée par l'arrivée des concurrents open source :

" Nous reconnaissons que si nous voulons travailler avec le gouvernement d'Afrique du Sud, pays dans lequel on recense 11 langues officielles, nous sommes obligés d'utiliser ces langues " a t-il indiqué à Reuters.


Des idéologies différentes

Les critiques estiment que la nature désordonnée de la communauté open source rendra la tâche difficile aux utilisateurs qui recherchent de l'aide tandis que les éditeurs de logiciels propriétaires sont obligés d'apporter des réponses aux problèmes. Des propos qui hérisseraient les cheveux de plus d'un linuxien tant la réactivité de la communauté Ubuntu est exemplaire, cette dernière ajoutant également que l'un des gros avantages de l'open source pour l'Afrique est que les applications sont traduites gratuitement dans des dialectes locaux.

" Pouvez-vous imaginer apprendre à utiliser un ordinateur et avoir à le faire dans une langue que vous ne parlez pas ' - tout le monde ne parle pas anglais " a indiqué Thoko Mokgosi, directeur exécutif de Hewlett-Packard en Afrique du Sud. La firme qui continue de travailler avec Microsoft, fait cependant la promotion des logiciels libres dans ce pays.

Notez qu' Ubuntu est le nom bantou - langue en Afrique du Sud - pour désigner une idéologie qui, selon Wikipédia, " s'articule autour des relations et des obligations des Hommes les uns envers les autres ".