"On nous ment", disent en substance plusieurs agences de presse américaines. Ou du moins, "on" ne nous raconte pas tout...

L'agence de presse américaine Associated Press s'est livrée à un examen méticuleux de plus de 1.000 textes de loi passées aux Etats-Unis, tant au niveau local que national, depuis le 11 septembre 2001 et ses attentats de triste mémoire. Et AP a relevé un sérieux retour en arrière dans le domaine des libertés individuelles.

Ainsi, il apparaît que de plus en plus d'informations relatives à la vie privée des citoyens, lorsqu'elles sont en possession des gouvernements locaux, au niveau des états ou à l'échelon fédéral, peuvent demeurer hors d'atteinte des premiers intéressés. Dans l'Iowa, par exemple, le plan d'évacuation des écoles ne peut être communiqué aux parents. En Caroline du Nord, ce sont d'éventuelles erreurs de prescriptions médicales dans les maisons de retraite qui resteront secrètes, tandis que dans l'Indiana, les poursuites disciplinaires contre les employés de l'état restent frappées du sceau du secret. Autant d'informations qui étaient, avant le 11 septembre 2001, librement accessibles, le plus souvent dans les bibliothèques du pays tout entier.

Il faut dire que depuis ces attentats, le gouvernement fédéral a sérieusement resserré les tolérances en terme d'accès à l'information, fermant des centaines de sites Internet à travers le pays, et que les agences fédérales en ont fait de même à l'échelon des états. Sans parler des numéros de téléphone sur liste rouge qui devenaient subitement accessibles au FBI sans recours à la moindre commission rogatoire...

La riposte s'est organisée, en particulier sous l'impulsion des associations des libertés civiles, qui prônent une plus grande ouverture dans les méthodes de traitement de l'information au sein des agences fédérales, et se font copieusement qualifier de "traîtres à la patrie" au passage. Sans rentrer dans ce débat, Associated Press a relevé 616 lois passées dans les 50 états de l'Union, et restreignant l'accès à l'information au sens large (archives inacessibles, bases de données fermées au public, etc...), contre seulement 284 lois libéralisant ce même accès. 123 autres textes législatifs auraient un effet neutre sur la liberté du public à s'informer de ce qui se passe dans le pays.

Sur ces 1.023 textes de loi, plus de 60% avaient donc un effet restrictif sur l'accès à l'information, et encore s'agit-il là des seuls textes qui ont effectivement été soumis au vote des parlements locaux ou fédéral, car il est fréquent qu'un membre du Congrès, soit dans un état, soit à l'échelon du pays tout entier, émette plusieurs textes en même temps, avec quelques variantes, afin de s'assurer que sa prose recueillera l'attention qu'elle est sensée mériter. Au total, ce sont plus de 3.500 textes qui ont été présentés aux divers Parlements du pays, et deux sur trois ont purement et simplement été enterré avant examen complet et vote.

Entrer ici dans le détail de ces différentes lois serait fastidieux, mais il faut noter que sur les 50 états constituant la fédération américaine, 36 ont voté des contenus législatifs majoritairement défavorables à l'accès du public à l'information. Voilà qui pose avec encore plus d'acuité la question de la divulgation éventuelle des mots-clés des moteurs de recherche, car il apparaît que ce que le gouvernement fédéral américain prend d'une main, il ne le redonne pas toujours de l'autre...


Source : Slashdot