Renversement d'un dieu

Durant de nombreuses années, Valkyrie Profile n'a été qu'un titre inaccessible pour de nombreux amateurs de RPG européens. En effet, l'opus d'Enix n'était sorti qu'au Japon et aux USA. Le seul moyen de s'immiscer dans l'univers mythologique et épique du Valhalla était de se procurer le soft en import à une somme qui se veut désormais très élevée. Fort heureusement, la réédition PSP de 2006 nommée Valkyrie Profile : Lenneth eu droit à une localisation européenne, permettait ainsi de se laisser enfin bercer dans cette œuvre d'émotion et de caractère.


Valkyrie Profile 2 : Silmeria met donc en scène la sœur de Lenneth qui a pour intention de renverser la puissance céleste d'Asgard. Pour mener à bien sa quête, la Valkyrie s'est invitée dans le corps de l'innocente princesse Alicia, équipée d'une poignée d'Einherjars loyaux qui la soutiendront face aux ennemis qui se dresseront devant son chemin.

Ce second opus, bien qu'excellent au demeurant, se révèle plus désuet scénaristiquement parlant face à un premier volet qui en faisait son fer de lance. On perd également le charisme des protagonistes de part leur design plutôt impersonnel et par une absence quasi-totale d'historique des Einherjars, hormis les quelques paragraphes indiqués dans les menus. Cette carence joue énormément sur la pertinence de nos combattants déchus, matérialisables depuis leurs armes que vous découvrirez lors vos explorations labyrinthiques. Point de contexte dramatique qui était propre à Valkyrie Profile, ce qui est fort dommage. En contrepartie, de nombreux points forts sont à noter en ce qui concerne le système de jeu.

Une exploration limitée mais exemplaire

Le concept de Valkyrie Profile 2 ne déroge pas au premier volet dans le contexte des déplacements. Très déroutante pour ceux qui ne s'y étaient jamais essayés, l'exploration se fait uniquement en scrolling horizontal. De ce fait, vous ne pouvez pas vous déplacer à votre guise lors de vos fouilles de villages et autres donjons, ce qui déstabilise fortement le joueur qui aperçoit malgré tout une profondeur dans le décor. Seules certaines ruelles permettent un déplacement vertical, automatique cela dit. Néanmoins, l'ambiance graphique bat à son plein et on se sent immergé dans un sentiment à la fois chaleureux et totalement glacial. Les quelques habitants mènent leur vie sous l'emprise du dieu Odin qui abuse de ses pouvoirs divins.


Le cheminement de votre aventure est particulièrement linéaire puisque vous alternez village,  donjons et autres décors de transition de région via une carte en 2D avec pointeur. Les donjons, bien qu'assez aisés à parcourir dans un premier temps, se révéleront un véritable casse-tête par la suite des évènements, tant la vocation labyrinthique y sera poussée à son paroxysme. Tout comme le premier volet, les ennemis seront matérialisés sous la forme d'entités déchues et les combattre dépendra de votre volonté, sauf si leurs réflexes sont trop prompts pour vous échapper. Néanmoins, Silmeria dispose d'un pouvoir de cristallisation issue de la magie sacrée, permettant de bloquer les ennemis pendant un laps de temps réduit (le temps de se faire la belle !). Si toutefois vous lancez un second sort sur l'ennemi cristallisé, vous serez téléporté à son emplacement.

En partant de cette base, de nombreuses énigmes parsèment les donjons, afin d'accéder à des zones secrètes ou regorgent coffres, boss et autres Einherjars déchus. L'adresse, la patience et la jugeote seront donc les qualités à mettre en œuvre pour atteindre certains endroits humainement inaccessibles. D'autres passages cachés pourront être découverts d'une autre manière à l'aide d'objets alentours ou de quelques coups d'épée...


Les donjons regroupent un second atout de taille pour un cheminement efficace face aux bêtes féroces que vous rencontrerez : les orbes-sceau. Plutôt complexe à appréhender dans un premier temps, cette nouvelle fonction vous rendra un énorme service par la suite du jeu, aussi difficile soit-il. Vous trouverez des coques contenant des orbes dans les divers donjons du jeu. Vous pourrez les retirer de leurs réceptacles d'origine afin d'acquérir les effets qui leurs sont attribués. Tandis que certaines proposent des fonctions positives (attaque à 120%, profusion d'objets bonus en combat), d'autres seront nettement moins attrayants (déplacements réduits, malédictions...).

Cependant, ces orbes-sceau peuvent être placées sur d'autres coques du donjon, afin d'appliquer les effets à toute une zone, pouvant ainsi donner un avantage certain au déroulement des affrontements. Mieux encore, ces orbes peuvent être conservées pour un usage ultérieur dans le cadre où vous les restituez dans la source du donjon, contre une poignée de cristaux récoltés en cours de combat. Cet aspect n'est décemment pas à négliger, tant la difficulté du jeu y est élevée.

De l'acharnement et encore de l'acharnement !

Parlons système de combat, car il comprend une large place dans l'expérience de jeu de Valkyrie Profile 2. Bien que vous pouvez esquiver sans encombres les ennemis des donjons du jeu grâce aux rayons à photons de Silmeria, je vous conseille de ne pas laisser de côté les combats car les boss qui se terrent au fond des méandres labyrinthiques seront là pour vous faire rappeler votre manque d'expérience.

En adéquation avec son grand frère, Valkyrie Profile 2 génère des décors en 3D pendant les combats, permettant de se déplacer à sa guise dans l'environnement. La vue repassera en position latérale lors de votre charge sur un ennemi de la zone. Cependant, il n'est pas toujours évident de s'approcher sans passer dans les champs d'actions des monstres. Pour cela vous avez la possibilité de vous servir de la fonction de dash, un mouvement très rapide de votre équipe qui coûte quelques points d'action.


De ce fait, il est possible de traverser les angles de vision ennemi et de se glisser dans son dos afin de l'enchaîner comme il se doit, via les touches qui sont assignées à chacun de vos quatre combattants. Trois coups différents sont applicables sur chaque personnage dans un ordre précis, pouvant être complétés par ceux de vos coéquipiers en cours de combo.

À titre d'exemple, effectuer un coup d'épée projetant peut être intéressant à combiner avec un archer qui assènera des coups fatals en plein vol. Votre barre d'action sollicitera une utilisation bien pensée de vos attaques afin d'éviter de marteler vos quatre boutons comme une brute épaisse. Au fil du temps, vous remporterez des magies qui seront utilisables via le sous-menu, allant de la guérison aux sorts de grande portée.


Certains coups donnés trancheront littéralement des parties de votre ennemi, libérant soit des cristaux ou dans le meilleur des cas, un objet parfois rare. Selon les armes équipées sur vos personnages, la fonction de damnation interviendra en fin de tour, en guise d'attaque finale ravageuse qui fera mordre la poussière aux mécréants. Quoi qu'il en soit, la meilleure des stratégies est de se jeter corps et âme sur le leader du combat afin de mettre un terme à l'affrontement sans avoir à combattre les autres montres, ce qui a pour effet de rapporter davantage d'argent, d'expérience et des objets rares.

Contre les ennemis coriaces tels que les boss, il est souvent nécessaire de faire diversion en établissant deux équipes, une rouge et une bleue. De ce fait, vous déplacerez vos combattants dans des directions opposées et cela permettra de prendre votre ennemi à revers pour un assaut mortel. Bien que l'apprentissage du système de combat s'avère long et assez fastidieux, c'est une étape essentielle au bon déroulement du jeu. Dans le cas échéant, vous serez très rapidement bloqués par des monstres bien trop forts pour vous.

La sagesse des préparatifs

De part la difficulté du jeu, il est nécessaire de savoir bien s'équiper. Pour cela, de nombreux facteurs sont à prendre en considération. Tout d'abord l'armement de base : arme, armure, casque, bottes, qui peut être changé via les boutiques et autres marchands ambulants des villages. Divers équipements peuvent être fabriqués à l'aide de divers objets souvent recueillis sur les cadavres ennemis, ainsi que dans certains coffres bien dissimulés. Le piège serait de vendre tout objet à première vue inutile afin de remplir sa besace d'or ! Au contraire, conservez les et consultez régulièrement les offres de fabrication des marchands, car certains équipements se révèlent très efficaces et vous avantageront lors des combats à venir.


Ensuite, chaque équipement se montre sous la forme d'une rune de couleur bleue, rouge ou verte. Ces couleurs ont un sens puisqu'elles se combinent entre-elles dans le but de créer de nouvelles capacités. Vos quatre emplacements d'accessoires viendront en complément pour créer une chaîne scintillante qui vous indiquera l'apprentissage d'une ou de plusieurs capacités de combat. Ce n'est qu'après plusieurs affrontements que vous remporterez lesdites possibilités avantageuses. Il faudra donc faire preuve de discernement afin de détecter des chaînes qui apporteront les premières capacités très intéressantes telles que la guérison ou le champ de force.

Enfin, un menu permet de peaufiner les charges de combat. De nombreuses attaques vous seront attribuées au fil de votre élévation d'expérience. Il faudra en sélectionner trois dans un ordre précis de déclenchement afin d'établir un combo à la fois cohérent et efficace en phase de combat. Vous l'aurez compris, les combats se révèlent la clé principale du jeu.

Le RPG qui reluit de charme

Valkyrie Profile 2 : Silmeria est légèrement en deçà du premier volet sur le plan scénaristique. Le caractère impersonnel de la quasi-totalité des personnages laisse à désirer et coupe net toute identification et affinité avec tel ou tel combattant. Au final, on accumule les Einherjars à tours de bras sans y prêter réellement attention et cela diminue forcément l'intérêt du jeu en lui-même.

Cependant, on relèvera la richesse en terme de gameplay qui accroche réellement dans le cadre ou l'on prend le temps de l'appréhender dans ses moindres détails. En partant de là, le jeu repose la majeure partie du temps à de l'enchaînement de rudes combats. Le puriste de RPG verra là un jeu d'exception mais tout autre joueur sera très rapidement lassé des allées et venues entre les menus et batailler dans des combats fastidieux à prendre en main, tout en se sentant obliger de gagner le maximum d'expérience pour ne pas se faire exterminer au premier combat du donjon suivant.


La conception graphique du jeu est de toute beauté, arborant des effets de lumière magnifiques et des décors d'œuvre de maître. On ressent tout de suite l'atmosphère qui se dégage des lieux et peu de jeux peuvent créer cela à l'heure actuelle. On regrettera cependant l'expression des personnages particulièrement vide, ainsi que l'animation saccadée lors des déplacements en combat.

Hormis cela, les musiques sont d'excellente qualité et on reconnaît tout de suite la patte de célèbre Motoi Sakuraba, bien qu'il ait réalisé de meilleurs thèmes précédemment. Valkyrie Profile 2 se révèle un excellent titre qui est avant tout destiné à un public pointu et regardant sur l'aspect stratégique du jeu. Les fans de la saga regretteront l'amputation scénaristique du titre, bien que certains passages développent l'histoire après quelques heures de jeu.

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Valkyrie Profile 2 : Silmeria est disponible à l'achat à partir de 34,95€.

+ Les plus

  • Un gameplay extrêmement riche.
  • Le système de combat bien fondé.
  • Des graphismes magnifiques.
  • Le caractère dégagé par le jeu.
  • La bande sonore soignée.

- Les moins

  • Le scénario au second plan.
  • Le caractère impersonnel des personnages.
  • La linéarité.
  • La difficulté qui démotivera plus d'un.