Un joueur en ligne s'est vu exclure du jeu World of Warcraft, parce qu'il aurait utilisé un logiciel tiers pour gagner un avantage lors de ses sessions en ligne.

L'affaire est un peu obscure, mais il semble qu'un afficionado du jeu en ligne World of Warcraft, qui se fait appeler Infernix, ait été exclu du jeu pour avoir fait usage d'un logiciel tiers apte à lui donner sur les autres participants "un avantage décisif". Dans un échange fourni de correspondances avec les gestionnaires du jeu, Infernix se défend d'avoir triché, mais reconnaît avoir joué sous Linux au moyen du programme WINE et d'un clavier programmable Logitech.

Notre homme, qui travaille pour un fournisseur d'accès à Internet, se défend d'avoir essayé de tricher, mais admet avoir joué, depuis son lieu de travail (où il travaille sur des serveurs sous Linux), à World of Warcraft, et faire partie de cette frange minuscule (à peine 0,2% du total) de joueurs qui se livrent à leur passion sous Linux. Il se demande toutefois en quoi le fait d'avoir choisi ce système d'exploitation pour jouer représente une tricherie, malgré la présence effective d'un logiciel tiers (WINE) dans sa configuration, ce qui semble interdit par les Conditions d'Utilisation du jeu en ligne.

Le problème vient peut-être davantage du matériel qu'il emploie pour jouer, puisqu'il se sert d'un clavier programmable de marque Logitech, sur lequel certaines touches peuvent se voir affecter des macros, ces petits programmes qui concentrent une série d'actions au clavier successives. Notre joueur a en effet dédié certaines touches à telle ou telle action du jeu, dont il a atteint le niveau Mage-60. Ainsi, sous Wardrobe, il faisait appel à une combinaison de clés sur son clavier pour recharger ses armes. Infernix met également en doute l'interdiction de se servir d'un clavier programmable, car selon lui, aucune mention n'en est faite dans les Conditions d'Utilisation du jeu, et la notice du fabricant laisse entendre que ces claviers ont justement été conçus pour faciliter la vie des joueurs...

Infernix ajoute que la quasi-totalité des logiciels aptes à aider un gamer dans les phases difficiles d'un jeu en ligne, donc à lui donner indûment un avantage sur les autres protagonistes, que ces logiciels, donc, nécessitent dans leur immense majorité la présence du programme de développement .NET FrameWork de Microsoft (et on s'étonnera que seulement 0,2% des joueurs s'adonnent à WoW sous Linux...), lequel ne saurait tourner sous WINE, même sous la torture.

Le mystère s'épaissit, donc, et le Game Master de Blizzard Europe (l'éditeur du jeu) laisse entendre que la conjonction d'un clavier programmable et d'une application (WINE) autorisant des programmes Windows à tourner sous Linux aurait toutes les apparences d'un bot, autrement dit d'un programme conçu pour servir de "sparring partner" aux joueurs en ligne, avec sur eux l'avantage de ne jamais se fatiguer, ni commettre d'erreurs d'appréciation ou de manipulation, soit en gros l'équivalent d'une partie d'échecs jouée contre un ordinateur.

En plaçant ce genre d'accusations, et malgré les dénégations d'Infernix, Blizzard Europe se met un peu en porte-à-faux, dans la mesure où le joueur incriminé indique avoir versé des sommes importantes pour accéder au jeu (il parle de plus de 300 euros pour 3.000 heures passées en ligne), et que l'éditeur ne peut prouver qu'il y a eu tricherie, ni qu'une partie s'est bien déroulée en l'absence du joueur soupçonné de malhonnêteté, une caractéristique de la présence d'un bot. Le compte de jeu en ligne d'Infernix a cependant bien été supprimé, et ce dernier se réserve le droit de porter l'affaire devant la justice. Il déplore également le fait que les claviers programmables ne soient pas expressément interdits par l'éditeur, mais que leur utilisation puisse entraîner de telles sanctions.


Source : Slashdot