Les bons résultats de Yahoo au premier trimestre 2006 sont un peu ternis par une nouvelle affaire de possible collaboration avec les autorités chinoises pour faire taire des dissidents...

Malgré des chiffres apparemment décevants, mais relevant d'une mesure technique plus que d'une baisse d'activité, Yahoo confirme sa bonne santé financière, et fait mieux que se défendre face à l'ogre de Mountain View. Vous savez, G...


Bons chiffres
Au siège de Yahoo, à Sunnyvale, Californie, on se réjouit des 159,6 millions de dollars US (0,22 dollar US de bénéfice par action) de profit engrangés au cours du premier trimestre 2006, même s'ils représentent une baisse par rapport aux 204,6 millions enregistrés à l'occasion du T1 2005. Cette chute s'explique  d'ailleurs davantage par des mesures comptables que par une diminution d'activité.

En effet, suite à des plaintes à répétition, les entreprises américaines doivent désormais comptabiliser dans leurs charges les sommes abondées sous forme de stock-options à leur salariés. Auparavant, elles n'étaient pas incluses dans les dépenses, puisqu'elles ne quittaient pas physiquement les comptes des entreprises, sauf en cas de départ des salariés concernés. Les nouvelles règles comptables changent la donne, ces sommes sont désormais provisionnées comme des dépenses inévitables, et bouleversent donc un peu les résultats de la plupart des firmes technologiques.

Yahoo estime que cette mesure technique a affecté ses résultats à hauteur de 71 millions de dollars US sur le T1 2006, sans quoi le moteur de recherche afficherait des chiffres plus flatteurs encore que ceux de 2005. Le chiffre d'affaires est d'ailleurs en forte hausse (+ 34% par rapport au T1 2005), à 1,57 milliard de dollars US, et a même pris par surprise les analystes les moins optimistes.

L'action Yahoo au NASDAQ a d'ailleurs enregistré une hausse sensible, ces derniers jours, et son PER (Price Earning Ratio ; rapport entre bénéfice en cas de cession et prix de l'action) se maintenait au niveau évoqué plus haut. Seul point noir : une capitalisation boursière stagnante, qui limite la marge de manoeuvre de l'équipe dirigeante, et ne permet pas de combler le fossé qui sépare Yahoo de son éternel rival et voisin, G le terrible...


Mauvaises actions '
Les 402 millions d'utilisateurs quotidiens de Yahoo (ils étaient seulement 365 millions en 2005) ne seront pas de trop pour gonfler les recettes publicitaires du moteur de recherche, mais combien passeront à la concurrence en apprenant qu'une fois encore, le nom de Yahoo apparaît aux côtés de celui de la République Populaire de Chine dans une affaire de non-respect des Droits de l'Homme...'

L'organisation non-gouvernementale Reporters Sans Frontière accuse en effet à nouveau Yahoo d'avoir joué les "balances" auprès du pouvoir de Pékin, et d'avoir indirectement favorisé l'arrestation et la condamnation à quatre ans d'emprisonnement d'un internaute chinois, Jiang Lijun, en 2003. Jusqu'ici, le moteur de recherche californien avait défendu sa position en indiquant qu'il n'avait fait que se conformer aux lois chinoises en vigueur, et qu'il n'était d'ailleurs pas directement responsable de quoi que ce soit, puisqu'il est représenté dans l'Empire du Milieu par la synergie sino-américaine Alibaba.


Indifférence coupable '
La troisième affaire de "collaboration passive" avec les autorités chinoise pourrait faire de l'ombre à Yahoo, car après les huit ans de prison infligés à un dissident du nom de Li Zhi, puis les dix ans d'incarcération auxquels un autre internaute, Shi Tao, a été condamné, les quatres années que purge actuellement Jiang Lijun pourraient bien venir hanter la firme américaine.

Yahoo se refuse au moindre commentaire, et se retranche derrière la nécessité de respecter les lois en vigueur dans les pays où il est présent. Reporters Sans Frontière reconnaît de son côté qu'il sera difficile de prouver que c'est bien Yahoo qui a fourni à la police politique chinoise les codes permettant de s'introduire dans les boîtes e-mails des différents condamnés. RSF n'écarte pas la possibilité d'une présence de "taupes" parmi les mouvements contestataires chinois, mais critique tout de même Yahoo pour sa complaisance à l'égard d'un pouvoir qui est tout sauf démocratique.

Ce à quoi Yahoo répond froidement que "Business is business"*...



* "Les affaires sont les affaires"




Source : BetaNews