Quand le nanar s'en mêle

Il est clair que d'empiéter sur le marché des FPS avec une nouvelle licence n'est pas aisé, tant le volume et la qualité d'autres productions sont déjà bien présents. Toutefois, cela n'a pas empêché le studio Codemasters de bâtir Bodycount. Pour situer l'intérêt initial de la production, soulignons qu'elle est conçue par l'équipe à l'origine de Black, FPS plutôt impressionnant sorti il y a quelques années sur PS2 et Xbox. Aussi, certains amateurs de la première heure se sont largement intéressés à ce nouveau projet qui ne fait pas non plus dans la demi mesure.

Dès les premiers instants de jeu, il est clairement ressenti que Bodycount cherche à proposer une ambiance FPS «  old school  » en se concentrant essentiellement sur l'action. En effet, le scénario du soft tient sur un timbre poste  : vous incarnez un agent d'une organisation appelée le Network et votre objectif sera de calmer les guérillas dans les pays en crise. Le pitch vous met en avant comme LA solution pour mettre fin aux affrontements. FPS oblige, ce n'est pas en tant que grand diplomate que vous foulerez les terres d'Afrique ou d'Asie, mais bel et bien avec votre armement. En bref, vous n'êtes qu'un nettoyeur sans cervelle qui mitraille avant de passer aux négociations.

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Vous l'aurez compris, le scénario est convenu et s'avère digne des plus gros nanars des années 80. Cette mise en œuvre aurait pu être très intéressante si les développeurs avaient axé le ton sur la dérision, mais l'ensemble de la campagne se révèle très premier degré et donc largement inintéressante. En dehors des affrontements contre les milices et résistants locaux (oui, vous tirez sur les deux camps sans distinction), vous tomberez rapidement nez à nez avec une société appelée la Target. Cette dernière se compose de soldats en armure (affreuses...) qui exploitent les guerres locales à leurs propres fins. Toutefois, ne vous attendez pas à des twists, l'histoire reste extrêmement convenue.



En dehors de cet aspect de surface peu reluisant, force est de constater que Bodycount n'est pas non plus un foudre de guerre dans ses fondements. En effet, le titre bénéficie d'une progression creuse qui se concentre sur deux environnements  : l'Afrique pour la première partie du jeu, la Chine pour la seconde. L'ensemble s'entrecoupe par des passages soporifiques dans les infrastructures de la Target, des lieux dupliqués sans honte d'un niveau à l'autre. Aussi, on se surprendra à revenir dans les mêmes endroits, ce qui n'ajoute guère du dynamisme à l'ensemble. En somme, il s'agira pour beaucoup de joueurs d'un cheminement qui tient davantage du calvaire, surtout que le gameplay se révèle très décevant.

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Théorie de l'écervelé

Le soft de Codemasters continue de cumuler les défauts avec un gameplay vraiment mollasson et assez mal calibré. C'est également à ce niveau que l'on constate que les développeurs ont répercuté les mêmes défauts reprochés à leur précédente production : les scripts et l'intelligence artificielle. Concrètement, les scènes scriptées sont omniprésentes et surtout trop mal dissimulées pour éviter que nous nous en rendions compte. En conséquence, les ennemis ont des trajets prédéfinis suivant votre position dans le décor. Il ne sera donc pas rare qu'un adversaire vous passe au nez et à la barbe sans broncher, le temps qu'il se rende au point prévu par les concepteurs. Dès lors, il s'y tiendra jusqu'à votre approche.



Pour couronner le tout, l'intelligence artificielle est calamiteuse, si bien qu'on peut être amené à en rire  : les ennemis reste figés malgré votre approche, ne cherchent pas vraiment à se couvrir derrière les décors, tirent régulièrement dans les murs et mettent généralement un temps fou à réagir. Bref, il s'agit là de l'exemple parfait d'une IA complètement ratée. Aussi, on ne cherchera aucunement la finesse (même si certaines missions vous proposent des armes silencieuses) et on mitraillera à foison pour en finir au plus vite. Attention toutefois, puisque de gros soucis de collision sont à noter  : cela se révèle notamment avec les attaques de mêlée au couteau qui ne fonctionne que sporadiquement. Les ennemis, en revanche, ne vous rateront pas.

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L'interface du jeu offre pourtant quelques «  originalités  », à savoir des options à utiliser suivant des points récoltés sur les ennemis exterminés (présentés sous la forme de gros ronds bleu). Il est ainsi possible d'activer provisoirement un bouclier de protection, des balles explosives, un détecteur de température corporelle et une frappe aérienne. La prise en main est absolument conventionnelle, avec toutefois une action permettant de pivoter à droite ou à gauche qui se révèle rapidement inutile en raison de l'IA catastrophique qui incite à jouer offensif. Au niveau de l'armement, force est de constater que l'homogénéité n'est pas au goût du jour car il se compose uniquement d'un fusil à pompe, de quelques mitrailleuses, pistolets, une arme laser, une poignée de mines et quelques grenades. Il aurait été intéressant de varier davantage les équipements au fil du jeu.



Le HUD est d'ailleurs particulièrement illisible et mal optimisé. En effet, l'emplacement servant de radar pour identifier l'emplacement des ennemis est remplacé par une animation dès qu'un message radio s'amorce. Le titre vante toutefois sont orientation arcade, via un multiplicateur qui comptabilise vos styles de frags  : par surprise, tir dans la tête, victime par explosion, etc. Bref, le jeu est à des kilomètres de ce que propose un Bulletstorm par exemple. En sus, le titre propose une prise en main trop peu agile et confortable pour en justifier l'intérêt.

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Cumul de défauts

Vous l'aurez compris, Bodycount ne propose pas vraiment d'arguments favorables, et cela se s'arrangera pas au niveau de son mode multijoueur. Il faudra compter sur deux modes compétitifs ultra classiques  : deathmatch et team deathmatch. Ces deux modes permettent – s'il y a suffisamment de monde connecté – de jouer jusqu'à douze sur seulement quatre cartes. De plus, le jeu a tendance à ramer de façon incroyable lorsque trop d'éléments s'affiche à l'écran. L'unique mode coopératif ne se contente que d'essuyer vingt vagues d'ennemis dans une sélection de cartes issues de la trame solo. En raison de la jouabilité médiocre et des ralentissements vraiment agaçant, l'intérêt s'essouffle très rapidement.

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Au niveau de la réalisation, Bodycount accuse un large retard  : la modélisation est hasardeuse, les décors sont sans cesse recyclés, il faut compter sur du clipping et une bonne dose d'aliasing, sans parler du manque d'optimisation qui découle sur des ralentissements particulièrement importants dès qu'il y a beaucoup d'éléments à l'écran. Il est toutefois utile de noter que les décors sont partiellement destructibles, dans le sens ou il est possible de décrocher quelques briques d'un mur ou de détruire quelques planches de bois. Encore une fois, la concurrence fait bien mieux dans le genre. La réalisation sonore n'est pas non plus transcendante, avec des thèmes sonores relativement nanars, ainsi que des bruitages qui manquent clairement de profondeur.



Bodycount est un FPS qui cumule réellement trop de défauts pour offrir une qualité de jeu honorable. La trame solo est creuse et relève du calvaire, faute à une IA désastreuse, des scripts qui sautent aux yeux, des décors recyclés et un gameplay vraiment peu réactif. La partie multijoueur est également inintéressante, surtout qu'elle se révèle très avare en modes de jeu. Le titre de Codemasters rate son entrée et se casse irrémédiablement les dents sur la rude concurrence.

+ Les plus

  • Défoulant ?

- Les moins

  • IA désastreuse
  • Gameplay mou et lourd
  • Techniquement dépassé
  • Niveaux recyclés
  • Multi sans intérêt
  • Durée de vie limitée