GameCash L'UFC que Choisir a remis en cause la semaine dernière certaines pratiques des éditeurs de jeux vidéo, des pratiques allant à l'encontre de l'intérêt des utilisateurs. Jeux bourrés de bugs à la sortie, utilisation à outrance des DLC et des codes d'accès payants, jeux limités à leur sortie, sont quelques uns des principaux reproches de l'UFC qui a conduit l'organisme a déposé plainte contre quatre éditeurs de jeu ainsi que trois distributeurs (Codemasters, Warner Bros. Interactive Entertainment, THQ, Bethesda Softworks, Micromania, Fnac et Game France).

Le SELL n'a pas manqué de réagir rapidement de son côté par la voix de James Rebours, aussi président de Sega France. Les réactions sont vives de la part des principaux concernés et montrés du doigts, à savoir les éditeurs, ainsi que les joueurs qui ne manquent pas, pour la plupart, de saluer l'initiative de l'UFC, même si l'espoir de voir réellement évoluer le marché dans leur sens n'y est pas vraiment.

Aujourd'hui, un autre acteur, monte au créneau et souhaite donner son avis. Philippe Cougé, président de GameCash, première franchise de jeu vidéo d'occasion, a apporté son communiqué, que nous livrons ici dans sa quasi intégralité. Coup de pub ou prise véritable de position, à vous de choisir...

"Nous accueillons très favorablement cette initiative, même si nous la trouvons bien tardive et pas assez exhaustive. Depuis deux ans notre enseigne dénonce les pratiques de certains éditeurs, sans aucun résultat. Derrière le fallacieux prétexte de lutter contre le piratage (nous estimons que notre activité d’occasion participe aussi pleinement à cette lutte) se cachent deux objectifs bien moins avouables :

  • obtenir de façon contrainte des bases de données clients que l’on espère captifs et squeezer à terme les distributeurs (c’est aussi la seule motivation d’une dématérialisation menée à marche forcée et dont la majorité des joueurs ne veut pas …) ;
  • augmenter honteusement et de façon détournée des profits déjà confortables et faire plusieurs fois la culbute sur une même galette CD ou Blu Ray (cas unique dans la distribution de produits physiques !).

Au jeu des exemples auquel a décider de jouer le SELL (qui au passage fait comme si nous étions quantité négligeable … et reste très flou dans sa prise de position), nous savons aussi jouer : Pensez-vous réellement qu’un constructeur automobile pourrait prétendre toucher des droits à chacune des reventes en occasion de son véhicule neuf ?  Imaginez-vous un éditeur du Livre toucher des droits sur un ouvrage quand celui-ci passe de mains en mains pendant des années? [...] Certains éditeurs du jeu vidéo (et nous ne stigmatisons pas l’ensemble de la profession, la plupart ayant pris leurs distances vis à vis de ces pratiques) pensent qu’ils peuvent réinventer les règles fondamentales du commerce !

Bien entendu nous allons être accusés de ne prêcher que pour notre paroisse, nous qui sommes déjà affublés à tort de tous les maux (recel, baisse des ventes en neuf,  etc. … ) nous qui sommes considérés comme des revendeurs de seconde zone. Car c’est encore une particularité du secteur du jeu vidéo, que nous devons aussi à la vision bornée de certains éditeurs : les acteurs de l’occasion dans l’automobile, le livre ou le prêt à porter sont des marchands honorables et utiles en ces temps de crise. Dans le jeu vidéo, ils sont suspects, voir infréquentables. Nous précisons que nous sommes à la fois des pourvoyeurs de pouvoir d’achat dans une conjoncture économique difficile, et que l’argent que nous (dans ce nous il faut lire l’ensemble des acteurs de l’occasion) octroyons à nos clients fidèles est quasi intégralement réinvesti dans l’achat de jeux neufs !
Concernant GAME CASH nous réaffirmons avoir été les inventeurs du Livre de police numérique en 2003, de l’autorisation parentale obligatoire, de la traçabilité informatique parfaite de nos produits d’occasion, tant sur le plan fiscal que pénal; et de la première plateforme web 100 % jeu d’occasion reliant particuliers et professionnels sans petites annonces … 
Par ailleurs, très proches des clients (y compris sur les réseaux sociaux)  nous avions pressenti une montée de la colère des joueurs à l’égard de l’abus des codes uniques d’activation et des pass online qui spolient les acheteurs de tous les droits fondamentaux lors d’un achat d’un produit à code : le droit à l’erreur d’achat, à l’échange, au prêt, au don, à la revente entre particuliers ou auprès de professionnels… Codes qui obligent toujours le consommateur à se connecter à internet (captation forcée de données personnelles – que dit la Cnil ?) même pour jouer offline dans certains cas.  Nous ne comptons plus les plaintes récoltées dans nos magasins spécialisés à ce sujet (bien plus que les 500 clients qui se sont spontanément tournés vers UFC QUE CHOISIR ).

Nous sommes sans voix devant des éditeurs qui osent se comparer à Apple, quand nous (et la majorité des clients) avons encore en tête un loisir social, convivial qui rassemble autour d’une même passion, gamers et joueurs occasionnels (masculins et féminins). Par ailleurs comparons ce qui est comparable : les Apps d’Apple plafonnent à quelques euros, sont vendus en version uniquement dématérialisée, là où un jeu vidéo neuf démarre à 60, voire 70 euros et se distribue à plus de 90 % en version physique. De qui se moque-t-on ? Notre constat est amère et sans appel : quelques éditeurs ont perdu de vue l’acteur central de tout marché : le client. Qu’ils continuent et la branche vidéo-ludique sera consciencieusement sciée. En tout cas nous ne souhaitons pas être complices de ce suicide collectif,  et réaffirmons ici solennellement que nous nous désolidarisons des éditeurs pratiquant le code d’activation unique payant. Nous irions jusqu’à accompagner des actions de boycott de grandes envergure, si tel était le choix de nos clients. Nous l’affirmons ici, ce risque est aujourd’hui très grand : néanmoins nous craignons une fois de plus de crier contre le vent.

Nous en terminerons en affirmant que :

  • nous sommes à la disposition d’UFC QUE CHOISIR et de la DGCCRF pour apporter notre concours à l’action en cours ;
  • nous appelons tous les clients souhaitant témoigner à se faire connaître dans nos magasins ou sur notre site internet ;
  • nous appelons l’ensemble des revendeurs indépendants de France et d’Europe à s’associer à ce combat qui est le leur ;
  • Nous allons alerter les députés français et européens sur la situation actuelle afin de solliciter - si nécessaire - un encadrement législatif aux pratiques des éditeurs sur les pass.


Pour conclure nous estimons qu’il est malheureux que notre marché qui subit déjà bien des foudres injustifiées soit une fois de plus stigmatisé par la faute d’un petit nombre d’acteurs, plus soucieux de leur rentabilité immédiate que par la satisfaction de leurs clients. Nous estimons que NON, le jeu vidéo ne doit pas être l’unique exception commerciale qui permettrait à des fabricants de spolier les clients des droits d’usages fondamentaux qui relèvent du simple bon sens. Si l’intention des éditeurs incriminés est uniquement la lutte contre le piratage, qu’à cela ne tienne,  la solution est simple : rendre les codes uniques et les pass online gratuits, et laisser le choix aux clients dont les données ont été ainsi collectées, de ne pas être conservées. Il reste que la contrainte qui oblige un consommateur à se connecter à internet pour jouir d’un produit qu’il a acquis légalement nous apparait tout simplement abusive. Ne parlons pas du défaut d’information aux consommateurs qui lui est flagrant, et que nous tentons de palier par des conseils en magasin.

GAME CASH n’attend pas l’issue de l’action d’UFC QUE CHOISIR pour mettre en place en décembre une signalétique claire et sans ambigüité pour signaler en magasin la présence des Pass online ou des codes d’activation, sur les produits neufs comme sur le jeux d’occasion. "