Hommes de loi

On ne peut pas dire que les fans de la série Ace Attorney soient les plus gâtés. Le meilleur épisode de la série, en tout cas, d'après les joueurs qui l'ont eu entre les mains et la critique, Trials and Tribulation, ne semble pas prêt à sortir dans nos contrées. Dommage donc, il y aura donc des subtilités qui nous échapperont, les épisodes de Ace Attorney se présentant comme des vraies suites avec des évolutions de scénario et de personnages à la clé. En attendant que Capcom ne change d'avis, il faudra se contenter de ce titre, faisant quelque peu office de nouveau départ dans la série.


Il ne s'agit plus en effet d'incarner le célèbre avocat Pheonix Wright. Sept ans se sont écoulés après le dernier épisode, Justice for all. En sept ans, l'homme de loi s'est fait radier du barreau, est devenu un joueur de poker imbattu, un pianiste à ses heures perdues (semble-t-il), porte un bonnet ridicule et, cerise sur le gâteau, s'est fait embarquer dans une histoire sordide. Accusé de meurtre, le voilà qui comparaît devant le juge et Boulay que les habitués ne manqueront pas de reconnaître. Le héros des trois précédents épisodes se trouve donc de l'autre côté du miroir, mais il ne semble pas particulièrement perturbé par la situation. Pire, il s'en amuse même, se complaît à semer la zizanie et le doute dans la procédure, allant même jusqu'à falsifier des preuves. Mais qu'est-il donc arriver à ce personnage si charismatique ? Vous finirez par le savoir mais au compte-goutte, l'homme étant pour le moins assez mystérieux.


Mais si vous n'incarnez plus cet avocat de renom, vous resterez tout de même dans le domaine de la loi. Cette fois, c'est Apollo Justice, qui porte assez bien son nom, qui prend les rênes de ce nouvel épisode. Le jeune homme est nouveau dans le milieu et le procès de Pheonix Wright est le premier de sa carrière. Pas toujours très sûr de lui, un peu anxieux, ses premières armes seront pour lui un grand moment de tension, d'autant plus que rien ne lui est épargné. Son mentor, Kristoph Gavin sera mis à mal et un peu par sa faute...

Déroulement

Apollo Justice devra donc trouver ses marques. Aussi, la première affaire, si elle se montre assez déconcertante, se présente surtout comme un didacticiel. Pas question cependant de vous prendre par la main, il s'agit là d'un vrai procès avec ses vraies subtilités. Mais ici et là des conseils vous seront donnés, tout comme des explications pour vous permettre de mieux appréhender la suite. L'aubaine donc pour les joueurs fraîchement débarqués dans l'aventure. Les nouveaux venus pourront donc sans soucis se lancer dans la série avec un train de retard et qui sait, ce volet là vous donnera peut-être envie de découvrir les autres épisodes pour saisir certains points. Mais à aucun moment vous ne vous sentirez exclus, le titre voulant réellement prendre un nouveau départ dans la série.


Si le premier procès pose les bases du jeu, vous ne serez pas pour autant en marque de découverte. Trois autres procès vous attendent, des procès qui parfois seront alternés par des phases sur le terrain. Apollo Justice se transforme en détective et doit enquêter sur différentes scènes de crime ou de délit. A vous donc de récolter quelques pièces maîtresses pour une éventuelle instruction, de récolter des témoignages clés et de rencontrer de nouveaux personnages qui n'auront de cesse de vous en apprendre.


Certains pourront reprocher au jeu une certaine lenteur par moment. Il est vrai que le genre du jeu n'est pas fait pour être expéditif. Il faut au contraire que vous soyez attentif à tout ce qui se dit, quelque que soient les intervenants. Tous peuvent délivrer un point clé qui viendra vous délivrer le moment opportun. Vous devrez faire preuve de beaucoup d'attention, de finesse aussi parfois. Un conseil, il faudrait jouer à chaque fois un procès complet et n'arrêter le jeu qu'une fois un épisode terminé. Vous risquerez moins de vous perdre en route, mais notez qu'un épisode se montre parfois très, très long.

Objection !

Mais les interrogatoires et les différentes discussions ne seront pas vos seules armes. Dans toutes les affaires que vous allez traitées, le système est le même. Vous disposez d'un dossier dans lequel se trouvent toutes les pièces de l'instruction. Photos, objets en tout genre, tous ont un rôle à jouer. Mais avant de les soumettre comme preuves vous devrez prendre le temps de les observer et de les analyser. Il ne faudra donc pas hésiter à tourner tous les éléments dans tous les sens, les vérifier, les faire parler en somme, puisqu'ils sont la plupart du temps, les seuls témoins d'une histoire sordide... Et eux ne mentent pas au moins...


C'est donc après cette étude appliquée et avec tous les éléments de l'affaire en tête que vous pourrez mener vos contre-interrogatoires. Dans un premier temps, l'accusé, la victime ou le témoin viennent à la barre pour raconter leur version. Là aussi, il faudra les écouter avec attention et commencer à voir où vous pourriez intervenir. Le contre-interrogatoire est le moment où vous entrez en jeu, où tout est déterminant. Vous aurez le choix entre faire parler le plus possible les personnes en face de vous, ce que l'on vous conseillera pour obtenir plus de détails, plus de précisions. Et quand un élément vous interpelle, vous pourrez alors sélectionner l'objet que vous pensez juste et le faire intervenir pour démentir les dires et prouver à tous les hommes de loi présent que la personne à la barre ment comme un arracheur de dent.


Et puis c'est sans compter le don accordé par la nature à Apollo. Derrière ses airs un peu nigaud, l'homme a le nez fin. Dès le début de l'aventure, il va apprendre à écouter ce sixième sens. Dès qu'un témoin se sent un peu mal face à ses questions, son instinct lui révélera très vite la défaillance que vit la personne à la barre. Vous devrez pointer sur le geste, la mimique qui a trahi la personne en question et prendre le dessus. C'est un peu user de la faiblesse d'autrui, mais pour la vérité, tout est permis. Autre atout, Apollo disposera d'un bracelet "magique" qui aiguisera sa concentration. Les prévenus n'ont qu'à bien se tenir !


Et puis le jeu dispose de ce caractère qui lui est propre, qui éloigne toute austérité d'un tel système. Le savoir faire est là, et c'est bien agréable. Pour la première fois d'ailleurs, les développeurs ne se sont souciés que d'une seule version, le titre ne sortant que sur la Nintendo DS. Ils ont donc pu entièrement se vouer à la petite console et exploiter à fond tout ce qu'elle avait à proposer. L'utilisation du stylet se fera à outrance, ici pour trouver un indice, là pour vérifier un objet... Vous naviguerez aussi sur des plans en 3D, des plans servant comme pièce à conviction et qui interviendront en cours de procès.
Autre particularité, l'utilisation du micro. Fin enquêteur que vous êtes, vous aurez très vite entre les mains un kit d'analyse d'empreinte. Et pour les relever, vous devrez souffler dans le micro afin d'enlever la poudre pour laisser place à de jolies empreintes ou des moitiés... Les développeurs ont su insérer dans leur jeux des modules très plaisant, variant un peu les façons de trouver des indices. Une réussite tellement on se laisse vite prendre au jeu.

Conclusion

Apollo Justice Impossible de passer à côté de ce nouveau Ace Attorney. C'est même une évidence pour les fans de la série de se le procurer. Et même les néophytes pourront intégrer la série en cours de route, sans trop risquer de s'y perdre.

Toujours fidèle à sa réputation, Apollo Justice rejoint la court des grands jeux de réflexion sur DS. Humour, personnages haut en couleur et charismatique, réalisation parfaite, graphisme, prise en main..., le titre dispose de tous les ingrédients pour que vous soyez très vite emporter. Bref, on adhère du début à la fin même si parfois la situation nous pousserait à nous arracher quelques cheveux. Il ne manque plus que l'épisode Trials and Tribulations pour parfaire notre plaisir...

Apollo Justice Ace Attorney est disponible à partir de 35,45 €.

+ Les plus

  • Ambiance
  • Richesse du contenu
  • Modules différents

- Les moins

  • Une musique trop absente
  • Parfois un peu long