Le fondateur et CEO du groupe Amazon, Jeff Bezos, est un homme très occupé, même en dehors de la gestion de son entreprise. Avec une fortune estimée à 25 milliards de dollars, il entretient quelques passions, comme la recherche et la remontée de moteurs de fusée Apollo du fond de l'océan.

Sa dernière initiative vient de consister à racheter le vénérable quotidien The Washington Post, spécialisé dans l'investigation et dont le plus beau coup d'éclat reste la révélation de l'affaire du Watergate sous Richard Nixon, ou plus récemment l'affaire Prism d'après les révélations d'Edward Snowden, même si le journal britannique The Guardian, s'est montré plus réactif (ou moins circonspect).

Amazon Kindle Paperwhite 01  Racheté à titre personnel pour 250 millions de dollars, le Washington Post va donc pour la première fois depuis quatre générations (le journal existe depuis 1877) passer sous un contrôle qui n'est pas celui de la famille fondatrice (la famille Graham).

Il faut dire que le quotidien est déficitaire depuis plusieurs années et que la cession se fait sous certaines conditions.L'équipe dirigeante, qui comprend des membres de la famille Graham, restera en place et n'aura pas de directives particulières à suivre, Jeff Bezos n'ayant pas l'intention de piloter directement le média.

En revanche, c'est une transformation en profondeur non pas de l'esprit du journal mais de son fonctionnement qui s'annonce. S'appuyant sur ce qui a fait le succès d'Amazon, à savoir Internet comme canal de distribution, Jeff Bezos promet des expérimentations en vue de trouver un modèle économique permettant de ramener le journal à l'équilibre.

On pense aussitôt aux essais du magnat Rupert Murdoch qui a tenté de même de renouveler l'édition numérique payante avec son titre The Daily, abandonné au bout de deux ans faute d'avoir atteint l'équilibre dans les délais. Un exemple qui montre qu'il reste très difficile de mettre en place de nouvelles structures même avec un appui financier solide au départ.

C'est donc un nouveau journal qui passe entre les mains d'un milliardaire américain, avec tous les questionnements d'indépendance et de liberté de ligne éditoriale qui se posent, mais aussi avec l'assise financière que cela offre dans un contexte de mutation des médias.