C'est la grosse polémique de ce début d'année pour le Web français. Diffusée jeudi, une mise à jour du Freebox Server de la Freebox Révolution provoque un véritable tollé avec notamment les réseaux sociaux comme caisse de résonance.

Le FAI a activé une fonctionnalité de blocage des publicités qui agit pour tous les appareils connectés à la Freebox Révolution. Ce blocage - ou plutôt filtrage - agit sur l'affichage de publicités sur les sites.

Cette fonctionnalité est activée par défaut et sans possibilité de liste blanche. Un choix radical de Free, d'autant plus qu'elle est en test car étiquetée bêta. Via sa console de gestion, l'abonné Free peut néanmoins la désactiver.

Avec sa mise à jour, Free fait le buzz mais pas forcément le bon. Des utilisateurs applaudissent le choix de Free mais il y a également un effet boomerang pour l'opérateur qui par son initiative met en péril le modèle économique - et la survie - de nombreux sites gratuits.

Freebox Revolution Les principales critiques portent sur l'activation par défaut et plus encore la forme de contrôle du contenu que s'octroie Free. Même s'il s'agit pour le moment de publicités, un intermédiaire technique a pris à ce niveau une décision inédite de son propre chef.

La polémique enfle d'autant plus que le flou persiste sur les choix de Free. Toutes les publicités ne sont pas impactées et ce sont les publicités Google qui sont a priori surtout visées. Le site de Le Monde - dont Xavier Niel, le patron de Free, est l'un des propriétaires - est épargné, de même que les sites de Free.

Les publicités sur YouTube sont bloquées mais pas celles pour Dailymotion. Alors que c'est un outil d'analyse d'audience Internet, Google Analytics est en outre également touché. De quoi se poser la question d'une mesure d'intimidation dans le conflit entre Free et Google qui réalise l'essentiel de son chiffre d'affaires avec les publicités. Et tant pis pour les dommages collatéraux.

Rappelons que l'Arcep a ouvert une enquête sur les lenteurs d'accès à YouTube pour les abonnés de Free avec en filigrane un problème d'accord d'interconnexion.


Le gouvernement s'en mêle
C'est dans ce contexte que la ministre déléguée à l'Économie numérique a décidé d'organiser une rencontre avec Free et des représentants d'éditeurs de sites. Une concertation devrait avoir lieu en début de semaine prochaine.

Fleur Pellerin se dit " peu fan de la publicité intrusive mais favorable à une solution du type no opt out par défaut " et veut en discuter avec Free et les éditeurs. Autrement dit, la ministre n'est pas pour une fonctionnalité activée par défaut mais qui résulte d'une activation volontaire de l'utilisateur.

Il va sans dire qu'une non-activation par défaut réduirait considérablement le nombre d'abonnés de Free pour lesquels le blocage publicitaire serait activé.

La question à se poser est toutefois aussi de savoir s'il ne vaut pas mieux laisser l'utilisateur choisir librement un blocage ou pas mais au niveau du navigateur.