Les négociations battent leur plein pour tenter de s'emparer de l'opérateur SFR dans une opération qui va forcément remodeler le paysage télécom français. Pendant que Numericable et Bouygues proposent chacun un projet spécifique et que Free se trouve dans une position stratégique qui peut au passage lui permettre de se hisser plus vite au niveau de ses concurrents en matière d'infrastructures, Orange observe tout ce petit monde en train de s'agiter.

Orange-logo  L'opérateur historique va d'une façon ou d'une autre voir émerger un nouveau groupe concurrent mais il ne se montre pas spécialement inquiet de la tournure des événements. Ses investisseurs non plus, du reste, ce qui se traduit par une tendance à la hausse de son cours en bourse.

C'est que, quelque soit le candidat choisi par Vivendi, il faudra du temps pour faire naître le nouvel acteur télécom, et ce temps peut être mis à profit par Orange pour faire progresser ses projets quand ceux de ses concurrents devront être mis en pause ou ralentis pour pouvoir poser les bases des nouvelles structures.

L'opérateur veut donc se présenter comme "l'îlot de stabilité" dans un secteur en plein chambardement, et un point d'ancrage où les clients mobiles ne risquent pas d'être ballotés le temps que les choses se mettent en place.

Par ailleurs, si Bouygues parvient à l'emporter et cède son réseau moblie à Free, Orange indique déjà que cela n'aura pas d'incidence sur les revenus générés par son contrat d'itinérance avec Free sur l'année 2014, et modérément sur l'année 2015. De quoi voir venir, alors que les pouvoirs publics plaident de toute façon pour un arrêt de l'itinérance entre 2016 et 2018.


Une itinérance 3G qui aura rapporté gros
Ensuite, si Bouygues cède son réseau à Free, le groupe conservera sa base de clients...qu'il faudra transférer sur le réseau de SFR, ce qui promet de beaux défis techniques. Stéphane Richard rappelle d'ailleurs malicieusement les grands cris de ses concurrents à propos du contrat d'itinérance 3G quand, deux ans plus tard, Free peut racheter confortablement le réseau entier de Bouygues Telecom pour 1,8 milliard d'euros seulement, dont il estime que 1 milliard d'euros concernent le réseau lui-même et 800 millions d'euros les fréquences.

Après s'être épargné de payer une coûteuse redevance sur la bande 4G 800 MHz, Free récupère pour pas cher un réseau complet, même si le président Orange évoque tout de même un "réseau de seconde main".

Le contrat d'itinérance, qui n'avait pas vocation à durer plus de quelques années, devrait tout de même rapporter à Orange 4 milliards d'euros, soit environ 1 milliard d'euros par an jusqu'en 2016, ce qui a permis de bien amortir l'arrivée de Free Mobile sur le marché, contrairement à ses concurrents.