Retour aux sources

La série God of War, devenue populaire sur PlayStation 2 et profondément ancrée dans la marque Sony, se présente comme une exclusivité marquante du constructeur japonais. Ce beat'em all survolté souvent comparé à Devil May Cry au début des années 2000 pour son côté frénétique à base de martelage de boutons et de patterns à appréhender, a gagné sa propre identité. Aux mains du studio de Sony Santa Monica, la licence dispose de nombreux volets, dont un God of War III bluffant au niveau de sa réalisation graphique, dans son approche immersive et son gameplay tranchant. Car, effectivement, God of War est aussi connu pour son côté punitif : il ne s'agit pas d'un jeu aisé à boucler. Bien au contraire, c'est une série qui nous fait transpirer et rendre nos mains plus moites que jamais.

Baptisé God of War Ascension, ce quatrième volet principal de la franchise nous place à nouveau dans la peau de Kratos, spartiate dans l'âme, dévoré par un passé difficile à avaler, ainsi que par des dieux grecs qui abusent de leur mainmise. D'un point de vue scénaristique, le titre ne prend pas place après la fin de God of War 3, mais en amont des événements opérés dans le tout premier opus, sorti il y a quelques années sur PS2. Kratos n'est pas encore dompté par son unique soif de vengeance, mais va tenter de briser son lien forcé avec Arès, le dieu de la guerre. Tourmenté par des hallucinations dans lesquelles il retrouve sa famille, notre héros ne semble pas avoir tous ses repères. Emprisonné dans l'hécatonchire par les trois Érinyes ( Mégère, Tisiphone et Alecto ), le guerrier sanguinaire devra combattre pour assurer sa survie et sa liberté.

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Contrairement aux autres volets de la série qui s'axent autour d'une suite chronologique des événements, God of War : Ascension joue sur une progression plus morcelée, puisque nous évoluerons le plus clair de l'aventure dans un flashback expliquant les raisons qui ont mené Kratos à affronter les trois soeurs sus-nommées. Dans les faits, la mise en place peut désorienter plus d'un joueur, nous plaçant quelques semaines plus tôt et ce, avant de revenir au moment présent de façon plus ou moins abrupte. La msie en place s'avère toutefois maîtrisée et la fin du jeu saura nous scotcher efficacement, s'enchaînant avec la quête de notre héros vers l'Olympe. Toujours est-il que les développeurs de Sony Santa Monica n'ont pas leur pareil pour nous immerger dans une ambiance greco-romaine à la fois fantastique et surprenante. Les environnements côtoyés se révèlent plutôt variés et donnent lieu à des batailles souvent épiques.

Ici plus faible que dans le dernier volet sur PS3, Kratos dispose toutefois de sa ténacité habituelle qui forgera son esprit pour la suite des aventures. Dans ce volet, il ne s'agira pas d'utiliser l'ensemble des armes que les habitués de la série connaissent, mais des indissociables lames du chaos, épées enchaînées fétiches de notre spartiate. Ces dernières pourront toujours être améliorées à l'aide d'orbes pourpres récoltées au fil du jeu et ce, dans l'optique de glaner quelques combos supplémentaires et surtout une efficacité plus pertinente pour les affrontements. Et ce ne sera pas de trop, tant le jeu peut se révéler fastidieux par moments, surtout pour les non initiés de la série. Les habitués seront ravis d'apprendre qu'il sera toujours question d'un défi accru – notamment dans les modes de difficulté avancés – qui s'axe autour d'un gameplay qu'il convient de maîtriser avec précision.

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Ascension sanglante

Dans l'absolu, ce God of War : Ascension ne diffère pas de ses aînés : il s'agit toujours d'un beat'em all survolté, mâtiné de différents combos à effectuer à l'aide du bouton carré ( coups normaux ) et triangle ( coups puissants ). La touche rond sert à effectuer des choppes, mais également à utiliser les armes secondaires, l'une des nouveautés de cet opus. Au fil du jeu, il est possible d'en récupérer de différents types : épées, masses, lances. Elles permettent de varier les coups, mais aussi de récupérer quelques orbes rouges supplémentaires, utiles pour améliorer votre équipement. Fort malheureusement l'importance de ces armes est futile, puisqu'elles se révèlent bien moins puissantes et efficaces que vos lames du chaos.

Ces dernières pourront d'ailleurs présenter plusieurs usages. Au fil de votre cheminement lors des premières heures de jeu, vous disposerez de pouvoirs élémentaires qui conféreront d'attribut du tonnerre, de feu, de glace ou des ténèbres à vos lames. Si aucune différence n'est à constater en termes de puissance, c'est au niveau des combos que tout se joue : il sera plus efficace d'utiliser un pouvoir plutôt qu'un autre contre un type d'ennemi bien précis, par exemple. De plus, les furies ( utilisant vos sticks analogiques ou votre jauge de magie ) se révèlent différentes, brassant plus ou moins d'ennemis à la fois. Vu qu'il est possible de passer d'un élément à un autre à l'aide de de la croix directionnelle, il est aisé d'en changer à tout moment, même au détour d'un combo. Bref, il s'agit ici d'un attribut de gameplay particulièrement efficace, palliant avec efficacité au manque de diversité dans les armes de Kratos, comparativement aux précédents volets.

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En sus, notre spartiate préféré dispose de deux artefacts qui jouent également dans le domaine de l'originalité pour ce volet. En premier lieu, la Pierre du Serment d'Orkos permet d'appeler un double obscur qui se chargera de tenir des positions dans le cadre de la résolution d'énigmes, ou d'appui offensif en combat. En second lieu, l'Amulette d'Uroborus permet de manipuler le temps et l'espace. Concrètement, il est possible de réparer des éléments du décor ( totalement ou partiellement ), ou de les détruire. Malheureuement, cette fonction n'est efficace que dans des configurations étudiées par les développeurs. En combat, cette pierre dispose de la fonction de ralentir de façon efficace les déplacements ennemis, l'espace de quelques secondes. Cela permet de se donner un temps de répit et / ou une faille pour passer à l'offensive.

God of War : Ascension n'est pas un jeu d'action à simple vocation de défouloir : les combats sont à effectuer avec observation, sous peine de finir six pieds sous terre en quelques instants. Il convient d'user et d'abuser des esquives, mais aussi de la garde. Ces attributs seront notamment à recourir avec assiduité dans le cas du défi d'Archimède, juste avant le combat final du jeu. En dépit des nombreux checkpoints, le jeu se révèle très punitif pour ceux et celles qui n'ont pas de prompts réflexes. On regrettera amèrement que le soft joue toujours autant sur les angles de caméra lointains, ce qui a pour conséquence une très mauvaise lisibilité générale. De plus, les développeurs ont la manie d'effectuer ces éloignements pendant les combats. Pénible. D'autre part, le titre use toujours des phases de Quick Time Event ( QTE ) pour achever des ennemis ou pour souligner une mise en scène puissante. Les allergiques à cette mise en forme apprécieront toutefois que ce martelage de boutons indiqués à l'écran se révèlent légèrement moins présents que dans les volets antérieurs.

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Hormis le caractère action qui forme une bonne partie du gameplay du jeu, l'aspect réflexion n'est pas en reste. En effet, le jeu se ponctue de nombreuses énigmes qui ne se révéleront nullement corsées à outrance, mais nécessiteront un bon sens de l'observation et de logique. Ces phases où il faut cogiter permettent de faire retomber la pression des affrontements et usent de manière souvent ingénieuse les artefacts en votre possession, quitte à devoir les coupler. En somme, il est bon de ne pas avoir fait l'impasse sur ce point, dans l'optique de proposer une prise en main variée et non redondante. Le jeu enchaînent avec parcimonie action et réflexion, de sorte à éviter la monotonie. Pour autant, les habitués de la série ne seront guère surpris par ce mode solo qui n'est finalement qu'une aventure supplémentaire – mais toujours aussi efficace – à la série.

Le multi, ce joyeux bordel

La principale nouveauté de ce God of War : Ascension – et le point sur lequel Sony a basé une grande partie de sa communication – se concentre dans son mode multijoueurs. Qui aurait pensé que la série lorgnerait sur un mode en ligne ? Le gameplay très incisif du jeu a été stricto sensu conservé, mais le rendu se révèle finalement excessivement brouillon. En effet, il suffit de placer huit joueurs dans une arène pour observer l'étendu de l'illisibilité de l'ensemble : tout le monde martèle ses touches, les effets visuels pleuvent mais il est difficile de distinguer qui fait le plus de dégâts.

Ce constat est bien dommage, puisque ce mode en ligne n'est nullement aux fraises au niveau de ses bases : la création de son personnage est intéressante, surtout que selon l’allégeance choisie à tel ou tel dieu, les caractéristiques changent, au même titre que les attaques. Différentes armes et armures seront à débloquer et à améliorer au fil des combats et du gain d'expérience, permettant d'améliorer votre avatar selon divers critères : Santé, puissance / résistance élémentaire, puissance / résistance physique, etc. Des reliques, magies et objets sont également à sélectionner, histoire de faire la différence avec ses adversaires.

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Les modes de jeu se révèlent nombreux : deux contre deux, quatre contre quatre, quatre ou huit joueurs en deathmatch, capture du drapeau, mais aussi de la coopération à deux dans un mode survie fort plaisant. Pour les plus chevronnés, il est également possible d'essuyer des vagues d'ennemis en solo. Les cartes, bien qu'assez diversifiées et riches en fonctionnalités, se révèlent très peu nombreuses au final, tant et si bien que nous sentons d'ores et déjà fleurir des DLC qui ajouteront de nouvelles maps multijoueurs.

Au niveau de la réalisation, ce God of War : Ascension joue toujours dans le haut du panier : la partie graphique brille toujours par son efficacité et des décors fort bien détaillés. Les plus observateurs constateront toutefois une légère baisse de qualité générale par rapport au précédent volet, très probablement en raison des environnements bien plus imposants dans cet épisode. Fort malheureusement, le jeu dispose toujours de ces satanés murs invisibles qui cloisonnent fortement la progression. Dommage. La réalisation sonore vaut également le détour, avec notamment la possibilité d'opter pour des doublages en grec histoire de jouer l'immersion à 100 %. Par contre, il est important de souligner que des écarts entre certains sons et les actions peuvent être de mise, de façon aléatoire, mais potentiellement dus en raison des accès au disque de jeu.

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Au final, God of War : Ascension aurait pu se révéler comme l'épisode de trop dans la série, mais son intégration scénaristique s'avère finalement réussie. Le scénario s'axant en tant que préquelle au premier opus, il permet d'approcher un Kratos non encore dompté par son envie de vengeance envers les dieux. Le spartiate se montre plus instable dans cette aventure, rongé par ses vieux démons. Le gameplay se révèle toujours fort efficace, à mi-chemin entre le défoulement et la précision, enrichi par des énigmes fort bien pensées. On regrettera que la réalisation graphique soit un poil moins fignolée que dans God of War III et que, finalement, le mode multijoueurs manque vraiment d'intérêt sur le long terme en raison de sa prise en main brouillonne et de son faible nombre de cartes.

+ Les plus

  • L'univers mythologique toujours aussi soigné
  • Gameplay à la fois viscéral et technique
  • Superbe mise en scène
  • Scénario bien mené
  • Énigmes très bien pensées et placées.
  • Multijoueurs aux fonctionnalités intéressantes...

- Les moins

  • ... mais finalement trop brouillon
  • Réalisation graphique un poil en deçà de God of War III
  • Des décalages dans certains bruitages
  • Caméra parfois trop éloignée de l'action