Les documents diffusés par la plate-forme Wikileaks en début de semaine ont révélé que les grandes entreprises françaises étaient largement prises dans les filets des puissants moyens d'écoute de la NSA américaine afin de connaître à l'avance les stratégies et les projets industriels confidentiels, détails toujours utiles pour se retrouver ensuite en position de force pour gagner les appels d'offre, voire pour alimenter, qui sait, l'industrie US en bonnes nouvelles idées.

Pendant que l'indignation officielle se déploie, l'Obs en profite pour faire à son tour des révélations sur les pratiques de la DGSE, notre Direction Générale de la Sécurité Extérieure. Confirmant des indications et soupçons antérieurs, le journal qu'un plan d'espionnage des câbles sous-marins atterrissant sur le territoire français (à Marseille, Penmarch et Saint-Valéry-en-Caux) a été mis en place en 2008 avec la bénédiction de Nicolas Sarkozy, alors président de la République, avec une généreuse enveloppe de 700 millions d'euros sur cinq ans permettant d'écouter une bonne quarantaine de pays grâce à d'énormes capacités de traitement faisant appel à la reconnaissance vocale et aux transcriptions écrites de conversations en plus de la collecte de données sur tous les réseaux sociaux, les messageries ou les SMS.

Les câbles sous-marins faisant transiter les communications du monde entier, et la France étant bien placée dans ces flux de par son vaste littoral maritime, les points d'atterrissage sont évidemment des lieux privilégiés pour installer des stations d'interception.

cable sous marin logo

L'Obs affirme que cinq câbles sous-marins ont ainsi été mis sur écoute, avec le concours de l'opérateur Orange (dont l'Etat est actionnaire) et l'équipementier Alcatel-Lucent, parmi lesquels :

  • TAT14 vers les USA
  • I-Me WE vers l'Inde
  • SEA-ME-WE 4 vers l'Asie
  • ACE vers l'Afrique occidentale

Comme évoqué précédemment, la DGSE et le GCHQ britannique (par ailleurs très lié avec la NSA) ont collaboré pour échanger des données dans le cadre d'une "annexe secrète au traité de défense dit de Lancaster House, signé le 2 novembre 2010 par Nicolas Sarkozy et David Cameron".

Le périmètre du plan d'écoute des câbles sous-marins aurait ensuite été étendu par l'actuel président de la République François Hollande à d'autres câbles dans le cadre d'un nouveau plan quinquennal, avec la loi Renseignement pour légaliser le tout, ni vu ni connu.

Source : L'Obs