L'ensemble des candidats potentiels au rachat de l'opérateur SFR devraient être connus (au moins de la maison mère Vivendi)  d'ici mercredi soir, date limite de dépôt des dossiers. Le groupe Numericable, qui aurait déjà monté une offre à hauteur d'environ 15 milliards d'euros, pourrait se retrouver en confrontation avec d'autres acteurs, dont le groupe Bouygues qui serait en train de faire le siège du gouvernement pour obtenir le soutien du pouvoir politique.

Du point de vue du jeu d'influence et du fait de ses multiples activités, le groupe Bouygues a une longueur d'avance sur Patrick Drahi, détenteur du fonds Altice, actionnaire principal de Numericable, qui n'a eu jusqu'à présent que peu de contacts avec les représentants du gouvernement.

Pour contrebalancer ce désavantage, il va logiquement être amené à faire des promesses sur des points sensibles comme la préservation de l'emploi. Outre les incertitudes sur les synergies promises à chaque fusion, ces processus de rapprochement entraînent souvent de la casse sociale dans un effort pour supprimer les activités en double.

Le gouvernement craint donc que Patrick Drahi ne décide de plans sociaux destructeurs de nombreux emplois, comme il a pu le faire pour d'autres rapprochements d'entreprises, là où les politiques auront peut-être plus de leviers pour obtenir des concessions du groupe Bouygues.

Devant ces inquiétudes, le patron du fonds Altice explique donc au Figaro qu'il compte s'engager à "conserver les 8500 emplois chez SFR et les 2400 emplois chez Numericable, et même recruter des commerciaux pour le marché des entreprises".

Numericable logo  De même, il affirme ne pas vouloir dépecer SFR et vendre ses activités pièce par pièce après son rachat. Par ailleurs, pour vaincre les résistances sur une prise de contrôle par un fonds d'investissement ayant une forte activité hors de France alors que les opérateurs mobiles sont contrôlés par des groupes français, il s'engage à investir significativement dans des entreprises françaises comme Alcatel-Lucent, Technicolor ou Sagemcom.

Patrick Drahi réfute également l'accusation de vouloir créer une cascade de holdings et défend au contraire un vrai projet réunissant SFR et Numericable et qui doit mener à un grand ensemble dans lequel l'activité câble, en forte croissance, sera dominante et complétée par la téléphonie mobile.

Il reste que sur l'offre de 15 milliards d'euros qui lui est attribué, le poids de la dette, de 10 milliards d'euros, imposera d'aller vite pour générer de la croissance et d'éviter tout faux pas qui embourberait la nouvelle structure.

Source : Le Figaro