Au mois d'avril dernier, les députés siégeant au Parlement européen ont adopté une définition de la Neutralité du Net selon laquelle " l'ensemble du trafic Internet est traité de façon égale, sans discrimination, limitation ni interférence, indépendamment de l'expéditeur, du destinataire, du type, du contenu, de l'appareil, du service ou de l'application. "

Autoroute-USA Aux États-Unis, plusieurs voix s'élèvent contre des propositions qui mettent à mal la Neutralité du Net et pourraient favoriser l'émergence d'un Internet à deux vitesses. Ce texte aux contours toutefois relativement flous vient d'être approuvé par la Federal Communications Commission. Il est désormais soumis à commentaire public et reviendra sur le devant de la scène en septembre.

Le principal point de crispation porte sur ce que l'Electronic Frontier Foundation dénonce comme un ensemble de règles permettant à des fournisseurs d'accès à Internet de discriminer la manière dont les internautes accèdent à des sites Web.

Un opérateur pourrait proposer une " voie rapide " et exclusive à des fournisseurs de contenu qui paient pour pouvoir l'emprunter et s'assurent ainsi d'une transmission de qualité à l'utilisateur final, même avec du contenu 4K par exemple. Une somme qui serait évidemment de nature rédhibitoire pour de petites startups.

Il existe des garde-fous comme le fait que ces voies rapides ne doivent pas être anticoncurrentielles ou nuire au consommateur. Mais cela reste bien vague dans la pratique. Par ailleurs, des voies rapides, cela laisse supposer des voies lentes, même si la FCC tente d'expliquer qu'il ne faut pas voir les choses de la sorte et qu'il n'y aura pas de dégradation.

En filigrane, c'est également la question de faire payer les géants du Web qui réapparaît, les opérateurs se plaignant des lourds investissements qu'ils doivent réaliser pour la modernisation des réseaux. Toutefois, les opérateurs ne sont forcément à la fête avec les propositions de la FCC puisqu'il est prévu de faire de l'accès à Internet un bien d'utilité publique ce qui signifierait pour eux une régulation plus stricte qu'actuellement.

Le temps de la consultation publique, il est sûr que les lobbyings de tout poil vont pousser fort. À voir ce qu'il en ressortira en septembre.

Dans le cadre d'un entretien accordé à 20minutes.fr, Axelle Lemaire, la secrétaire d'État chargée du Numérique, ne s'est pas prononcée sur la possibilité de la création de voies rapides en France. Elle a néanmoins déclaré vouloir que le principe de Neutralité du Net " figure dans le droit français et soit affirmé au niveau européen ". Elle a ajouté : " L'Europe n'est pas les États-Unis. Nous ne voulons pas d'un Internet fractionné. "