Meneur de troupes

Véritable ode aux RPG purement occidentaux, Dragon Age : Origins a offert une solide expérience aux amateurs du genre lors de sa sortie il y a quelques années, rappelant le feeling de la référence Baldur's Gate à certains fans. Bioware avait réussi un coup de maître avec cette nouvelle licence, hélas gâchée par une suite qui a crucifié le gameplay tactique qui faisait le sel de la franchise, au profit d'une prise en main clairement orientée vers l'action. Alors que certains clamaient la mort de la série, le studio de développement s'est lancé dans la conception d'un troisième volet, baptisé Dragon Age : Inquisition.

Attendu par de nombreux joueurs, redouté par d'autres, ce Dragon Age III propose de revenir dans l'univers des deux précédents opus, affichant une suite scénaristique directe. Aussi, après les faits opérés par les engeances, une paix était enfin mise en place entre les templiers et les mages, deux factions qui se font la guerre depuis bien longtemps. Toutefois, l'apparition d'une déchirure verte dans les cieux a remis le feu aux poudres, mettant fin au traité de paix. Qu'elle est l'origine de cette magie ? Quoi qu'il en soit, un rescapé à cet événement se fait connaître : vous ! Et il est clair que les soupçons des autres protagonistes seront prioritairement importants, faisant de vous un prisonnier attendant que votre sort soit décidé.

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Dès le début de l'aventure, il conviendra de créer notre nouveau personnage principal, suivant un éditeur plutôt riche en possibilités. Comme dans les autres jeux de Bioware, le fait de choisir sa race ( humain, elfe, nain ou qunari ) aura une incidence sur le scénario de manière globale, au même titre que la classe choisie ( voleur, guerrier, mage ). L'outil est très puissant et offre d'ores et déjà une petite claque visuelle au niveau des détails des visages. Aussi, il est possible de modeler pièce par pièce notre héros idéal et convaincant. Quelques lignes de scénario avant la confirmation de création permettent de se faire une idée du passé de notre protagoniste, ainsi que la façon dont les autres PNJ ( Personages Non Joueur ) nous percevront de manière générale. Aussi, cela laisse augurer de nombreux choix moraux qui viendront complexifier la progression, assurant un certain degré de rejouabilité pour découvrir d'autres facettes.

Très rapidement dans la trame principale, il sera question de monter une Inquisition, un groupe déterminé dans la fermeture de la brèche formée dans le ciel. Les premiers compagnons qui vous accompagneront seront Varric ( un voleur nain ), Cassandra ( une guerrière humaine ) et Solas ( un mage elfe ), signifiant clairement la mixité assumée de ce groupe qui détient « la volonté d'Andrasté » en la personne de votre personnage, heureux rescapé qui dispose d'une « marque » sur la paume de la pain qui permet de fermer les brèches qui se forment en Ferelden et Orlais, les deux grandes zones du jeu. L'objectif à terme se présente dans le fait de fédérer les gens, peu importe leurs croyances, dans un but commun de mettre fin à l'adversité qui se révèlera – plus tard dans le jeu – d'une toute autre nature.

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Fédérer en Ferelden

Une fois l'Inquisition fondée, il sera question d'influencer les autres villes et les puissances en place, afin d'aider à combler le trou verdâtre d'où sortent de nombreux démons et autres adversaire fantomatiques. Pour cela, un conseil de guerre est mis en place avec trois conseillers qui correspondent à trois spécialités : Joséphine qui se charge de la diplomatie, Leliana pour le réseau d'espionnage et Cullen qui se charge de la partie militaire. Sur un plan affichant les contrées de Ferelden et Orlais, il conviendra de convenir des forces à déployer aux différents endroits du monde pour rallier des forces à la cause de l'inquisition. Ces quêtes sont automatiques et nécessitent de patienter jusqu'à leur résolution. Bien entendu, c'est également par le biais du conseil de guerre qu'il sera possible de progresser dans le jeu, en découvrant de nouvelles zones à explorer, qu'elles soient principales ou annexes.

Le jeu propose une certaine dose d'exploration, avec notamment de vastes zones à découvrir qui, à l'instar des précédents volets de la série, ne sont désormais plus découpées par des temps de chargement. Les Marches Solitaires, le premier terrain de jeu, affiche de superbes panoramas et une distance d'affichage qui donne clairement le ton de la liberté au jeu. Fort malheureusement, nous ne sommes pas non plus face à un Elder Scrolls V : Skyrim qui propose une seule et même carte gigantesque, mais tout de même de très larges environnements qui, de surcroît, pullulent de quêtes secondaires. Par ailleurs, les actions à effectuer sont nombreuses dans le jeu, même si certains objectifs annexes se révèlent très basiques ( à base d'objets à trouver et à ramener aux donneurs de quêtes ). En dépit de cette volonté de booster la durée de vie du jeu, Bioware a soigné le travail autour de la trame principale, proposant une mise en scène intéressante et toujours des choix moraux qui pourront convenir ou non à vos compagnons ( 9 sont à recruter au fil du jeu ) et pouvant découler sur des événements bien précis qui altéreront la suite de l'aventure.

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Grand point qui a fait défaut dans Dragon Age II, le système de combat a été revisité avec cet opus. Les développeurs ont réintégré la vision tactique en pause et en vue aérienne qui permet de planifier les futures attaques de notre fine équipe. Si l'idée est intéressante, les informations ne sont toujours pas de la même richesse que dans Dragon Age : Origins. L'angle de caméra, bien qu'ajustable, ne peut pas être éloigné à loisir, offrant donc une vue parfois trop proche du combat et empêchant de fait une visibilité optimale. De même, il ne faudra pas compter sur l'indication de la tendance de déplacement des ennemis, chose pourtant fléchée dans le premier épisode. Aussi, beaucoup de joueurs feront souvent l'impasse sur cette fonctionnalité au profit de combats plus directs, en laissant les alliés assurer leurs actions avec leurs paramétrages d'intelligence artificielle ( IA ) qui peuvent par ailleurs être adaptés dans les menus ( pour empêcher d'effectuer certaines attaques, certains mouvements au profit d'autres ). D'ailleurs, dans les niveaux de difficulté avancés, il conviendra de paramétrer ces détails avec discernement, sous peine de faire face à de sévères déculottées face aux ennemis. En conclusion, le système de combat est bien meilleur que dans le précédent volet, mais demeure toujours moins tactique que dans le premier Dragon Age, certainement dans un souci d'accessibilité aux néophytes du genre. Ce n'est qu'avec les niveaux de difficulté plus importants que les plus acharnés trouveront un côté plus stratégique.

Les combats se basent sur des capacités disposées en actions rapides en bas de l'écran de jeu. Il sera possible de configurer ces raccourcis suivant les habiletés que vous débloquerez depuis les arbres de compétences de vos alliés. Ces derniers sont d'ailleurs au nombre de quatre par classe de personnage. Par exemple, le voleur aura le choix d'améliorer ses compétences avec des dagues, avec des arcs, mais pourra aussi amorcer des pièges ou encore agir en toute discrétion en étant invisible et plus rapide. Il conviendra donc de faire des choix selon les points de compétence acquis, ce qui se révèle plutôt réussi. Par ailleurs, chaque protagoniste sera cantonné à certains types d'armes et armures, suivant la classe dont il appartient. Toutefois, le titre intègre la possibilité de faire de l'artisanat depuis votre quartier général, afin de concevoir vos propres équipements suivant les ressources que vous récolterez au fil du jeu ( des matériaux tels que du fer, de l'onyx, ou encore des peaux de bêtes, etc ). Ainsi, il sera possible de « crafter » des armures, armes, ainsi que des améliorations pour ces dernières avec le choix des ressources à utiliser et qui proposeront des atouts différents. Cette fonctionnalité se révèle très réussie et nous incite clairement à récolter de nombreuses ressources dans les environnements du jeu.

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Gloire à l'Inquisition

Sur le plan technique, Dragon Age : Inquisition propose un bond graphique par rapport à ses aînés, principalement en raison de l'usage du Frostbite 3, le moteur graphique de DICE qui a fait ses débuts avec Battlefield 4. Les modélisations sont toujours de très bonne facture, notamment au niveau des textures et des détails de visages ( à de rares exceptions près ). Les effets de lumière sont également saisissants, au même titre que la distance d'affichage bluffante qui met en lumière une direction artistique globalement de très bon goût. Toutefois, le moteur graphique n'est pas tout rose, puisqu'il est question de quelques soucis plus ou moins gênants.

En premier lieu, il y a quelques soucis de framerate, chutant parfois lors de certaines cut-scenes ou les effets sont trop chargés. Dans un second temps, il faut noter les modèles qui apparaissent de façon brutale à l'écran, notamment en zone extérieure. Cela peut se paraître pénalisant, surtout quand il s'agit de PNJ qui « pop » devant nos yeux. Enfin, l'autre élément pénalisant tout au long du jeu se focalise dans les soucis de collision. Aussi, il ne sera pas rare d'être bloqué dans notre course par une petite roche au sol. Les compagnons qui vous accompagnent ne sont pas en reste avec des soucis de pathfinding qui occasionnent parfois du grand n'importe quoi. Cela se constate plus précisément dans des lieux à la progression plus complexe tels que l'Oasis et son design vertical, bloquant complètement les alliés dans les décors.

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On notera un gros point négatif quant à l'interface du jeu, souvent peu ergonomique. Si nous avons précédemment évoqué les soucis liés à la caméra tactique lors des combats, la visibilité des objets de l'inventaire n'est pas des plus optimales. En effet, il est impossible de classer précisément les objets acquis, découlant sur quelques soucis de lisibilité lorsque votre baluchon se révèle bien rempli. Sachant que les équipements « droppent » régulièrement dans le jeu au travers de coffres et autres dépouilles d'ennemis, nous nous perdons rapidement dans les acquisitions dans les menus. Dommage.

La partie sonore se veut globalement bonne, quand bien même les thèmes musicaux auraient pu profiter d'une meilleure exposition. En effet, les morceaux sont globalement très bons et épiques, mais souvent trop discrets pour être appréciés à leur juste valeur, chose bien dommage. Petite note sur le doublage du jeu, correct en français mais bien plus immersif en version originale. Le switch pouvant être effectuer, vous auriez tort de vous en priver.

Il est important de préciser que si Dragon Age : Inquisition s'apprécie en solo, Bioware a intégré un mode multijoueur qui permet à quatre participants de se retrouver en coopération. Il n'est toutefois pas question de trouver la même trame que dans la campagne principale, mais des objectifs spécifiques qui ont pour intérêt de récolter de l'or et des équipements toujours plus efficaces. Enfin, il faut noter la présence du Dragon Keep, une fonctionnalité supplémentaire qui plaira à la fois aux amateurs de la première heure, mais aussi les néophytes de la saga. En effet, l'application permet de se faire conter l'histoire des deux premiers opus en français et en vidéo, afin de bien comprendre l'univers de la série. De plus, il est possible de choisir les précédents axes scénaristiques, afin d'apprécier les causes et les conséquences dans l'histoire. De plus, les faits opérés dans le dernier jeu seront intégrés et rappelé si besoin aux joueurs.

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+ Les plus

  • Un monde plutôt ouvert
  • Les choix moraux, percutants
  • L'artisanat réussi
  • Réalisation de qualité
  • Scénario réussi et intéressant
  • L'usage du Dragon Keep
  • Retour de la tactique dans les combats...

- Les moins

  • ... mais la caméra est peu pratique
  • Interface peu ergonomique
  • Problèmes de pathfinding des compagnons
  • Quêtes secondaires parfois basiques
  • Quelques bugs graphiques