L'idée est simple et logique : comme pour la musique ou la vidéo, fournir un accès à un large catalogue d'ebooks contre un abonnement mensuel. Quand celui-ci est interrompu, les livres numériques ne sont plus accessibles.

Plusieurs acteurs se sont lancés dans cette voie, l'un des plus visibles (à tort ou à raison) restant l'offre Kindle Unlimited lancée par Amazon il y a quelques mois. Cette offre du géant américain avait été accueillie très froidement par la Société des Gens de Lettres (SGDL) qui s'était déclarée "résolument hostile" à une telle offre laminant les prix pour les auteurs et éditeurs (qui s'en sont plaints dans d'autres pays où l'offre est également disponible).

Kindle Unlimited  Le rapport de la médiatrice du livre Laurence Engel, qui s'est penchée sur la question à la demande de la ministre de la Culture Fleur Pellerin, rappelle donc que le livre papier et numérique a un statut particulier dans la chaîne de valeur des biens culturels, avec notamment la loi sur le prix unique du livre.

Dans ce contexte, c'est l'éditeur qui fixe le prix de vente des livres dans tous les canaux, en version papier comme numérisé. Or, les offres d'accès aux ebooks en illimité (pas seulement Kindle Unlimited, le français Youboox est également concerné) vont à l'encontre de cette disposition.

" Dès lors, les offres d'abonnement dont le prix n'est pas fixé par l'éditeur ou dont le prix fixé par l'éditeur n'est pas porté à la connaissance de l'ensemble des détaillants, ainsi que des usagers, contreviennent aux dispositions législatives", indique ainsi la médiatrice du livre dans son rapport.

Les offres "doivent donc se mettre en conformité", souligne-t-elle au journal Les Echos, tout en distinguant les offres issues d'un même éditeur ou proposant un accès à un petit nombre d'ouvrages. Pour ce faire, il faudra soit changer la loi pour autoriser les offres d'accès aux ebooks en illimité, dans le cas où la loi serait considérée comme trop restrictive (ce qui n'est pas préconisé), soit demander aux fournisseurs de modifier le fonctionnement de leur offre.

Une période de médiation d'un mois va permettre de discuter de ces problématiques avec les acteurs, qui auront ensuite trois mois pour adapter leur offre. Dans un marché français des ebooks qui pèse encore très peu par rapport au papier, les acteurs en question regrettent ces freins au développement d'une offre pérenne et craignent plus que jamais de ne pouvoir résister à la pression économique des plus gros acteurs.

Source : Les Echos