Un véritable phénomène

Près de 75 millions d’iPhone ont trouvé acquéreurs au dernier trimestre. De quoi donner le tournis aux autres constructeurs dépassés par ce qui s’apparente à un véritable phénomène, une lame de fond qui prend de l’ampleur. Artificiers de cette réussite, les iPhone 6 et 6 Plus qui ont su attirer une nouvelle clientèle friande de grands écrans. Nous allons nous pencher plus particulièrement sur l’iPhone 6 Plus qui constitue la véritable rupture du côté d’Apple et reste le plus complet (en termes de spécifications) des deux iPhone 6. Quels sont ces petits (ou grands) plus qui font son succès ?

Avec les iPhone 6 et 6 Plus, Apple a décidé de rompre avec le sempiternel écran de 4 pouces qui n’était plus en phase avec les usages. Bien lui en a pris puisque, l’iPhone 6 a permis à Apple de réaliser le meilleur trimestre en termes de rentabilité de toute son histoire. Mieux : aucune société, fut-elle pétrolière, n’avait fait mieux.

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Comment un smartphone peut-il être à l’origine d’une telle réussite économique, alors que le segment est compliqué et que de nombreux constructeurs s’arrachent les cheveux pour séduire le public ?

A titre de comparaison, LG a livré 59.2 millions de smartphones (sur l’année 2014) et réalisé un CA de 3 milliards d’euros sur le dernier trimestre 2014. De son côté, Samsung a livré 75.1 millions de smartphones pour un bénéfice de sa division mobile de 1.8 milliard de dollar (T4 2014).

En particulier grâce aux iPhone qui se sont écoulés à près de 75 millions sur le 1er trimestre 2015, Apple a généré un chiffre d'affaires de 74.6 millions de dollars (sachant que la vente d’iPhone représente une portion importante de ce chiffre) et un bénéfice impressionnant de 18 milliards. C’est plus que le chiffre d'affaires de Google sur le dernier trimestre.

Nous sommes donc revenus sur l’iPhone 6 Plus avec un test complet pour tenter de comprendre pourquoi Apple fait mieux que les prévisions des analystes avec son dernier iPhone et pourquoi l’engouement est si grand.

Ergonomie et finition

Avec l’iPhone 6 Plus, Apple a tout d’abord réalisé une rupture esthétique. Exit le design anguleux de l’iPhone 5 qui laisse place à des formes plus arrondies et plus douces. La finition reste exemplaire avec un dos en aluminium anodisé du plus bel effet. Seules 4 bandelettes (deux en haut et deux autres en bas) viennent ternir l’aspect classieux de cet iPhone. Le terminal a également droit à un sacré rabotage, son épaisseur passant à 7.1 mm. Ce n’est pas un record puisque certains mobiles se sont rapprochés des 5 mm (Oppo avec 5.1 mm pour le R5) et sont même passés en dessous. Mais, c’est suffisant pour ajouter à sa ligne racée. En contrepartie, l’APN jure au dos du mobile puisqu’il n’a pas pu subir le même lifting. Il dépasse donc au dos de l’iPhone 6 Plus. Notons toutefois que si vous utilisez une quelconque coque (ce qui est fort probable étant donné le tarif de l’iPhone 6 Plus), il ne dépassera plus de celle-ci.

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D’aucuns estiment qu’esthétiquement, l’iPhone 6 Plus n’a pas sa propre signature, puisque son design se rapproche quelque peu de celui du premier iPhone, en bien plus fin (11.6 mm pour le premier iPhone).

Reste que l’iPhone 6 Plus ne manque pas d’originalité. Originalité (oui, il s'agit bien d'une nouveauté pour un iPhone) d’entrer dans la catégorie des phablettes (c’est-à-dire avec écran supérieur ou égal à 5.5 pouces (et inférieur à 6 pouces) comme les classifie IDC dans ses études). Un goût d’Android ? Peut-être que l’iPhone 6 Plus n’est plus aussi singulier dans l’univers mobile que ne l’étaient ses prédécesseurs. Mais, il est difficile et trivial de dire que l’iPhone 6 ressemble à un smartphone Android alors que de nombreux constructeurs conçoivent leur smartphones en s’inspirant largement des lignes des iPhone (Xiaomi en tête).

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Au-delà de la touche esthétique, les formes de l'iPhone 6 Plus ajoutent à l'ergonomie (bien plus que l’iPhone 5). Ses lignes galbées sur les bords facilitent indéniablement sa prise en main. Toutefois, le dos du terminal s’avère glissant et le smartphone a donc tendance à glisser des mains.

S’il est logiquement le plus lourd des iPhone avec 172 grammes (contre par exemple 129 grammes pour l’iPhone 6 et 172 grammes pour le Samsung Galaxy Note 4 (doté d’un écran de 5.7 pouces)), la répartition des masses semble idéale. Tant et si bien qu’on n’a jamais l’impression de tenir un smartphone de ce poids.

Reste que le gabarit est imposant avec 158.1 m par 77 .8 mm et 7.1 mm d’épaisseur (contre 138.1 mm x 67 mm par 6.9 mm pour l’iPhone 6). A titre de comparaison, la phablette Galaxy Note 4 de Samsung (lire notre test du Samsung Galaxy Note 4) offre une surface légèrement plus faible alors que son écran est plus grand (avec une diagonale de 5.7 pouces). L’iPhone 6 Plus est 4.6 mm plus long que le GNote 4 de son concurrent sud-coréen et seulement 0.8 mm moins large.

En conséquence de quoi, la préhension à une main n’est pas des plus aisées. Un point tactile neutre permet toutefois de positionner le pouce sur l’écran et d’interagir avec l’autre main, sans qu’il ne vienne parasiter l’utilisation. Les possesseurs d’iPad connaissent déjà cela. On peut aussi rendre les aplications plus accessibles à une main en les "baissant" du haut de l'écran.

Côté boutons physiques, on trouve désormais le bouton marche/arrêt sur la tranche supérieure droite du terminal, comme sur de nombreux smartphones Android.

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L’iPhone 6 Plus est aussi équipé d’un haut-parleur unique situé dans sa tranche inférieur. Pas de stéréo donc ici mais une restitution excellente, sans saturation, même lorsque l’on pousse les décibels.

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Ajoutons à tout cela que l’iPhone 6 Plus dispose d’un écosystème d’accessoires et de coques assez impressionnant. Etant le smartphone le plus vendu au monde (avec l’iPhone 6), il a les faveurs des constructeurs d’accessoires. Certaines ajoutent en ergonomie au téléphone qui, comme nous vous l’indiquions, est doté d’une coque arrière relativement glissante.

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Coque renforcé UAG

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Coque cuir plus classieuse

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Pack accessoires

L'écran

Au premier regard, on est plus qu’agréablement surpris par la qualité d’affichage de l’écran de l’iPhone 6 Plus. Les contrastes sont au rendez-vous tout comme la chaleur des couleurs. Ça flatte la rétine et on croirait presque avoir affaire à un écran AMOLED. Apple a opté pour une dalle PLS de 5.5 pouces affichant une définition Full HD (soit 1920 par 1080 pixels). Cela se traduit par une résolution de 401 ppp (pixels par pouce).

Autre point fort de cette dalle : sa forte luminosité qui permet de l’utiliser plus facilement à l’extérieur, même en conditions ensoleillées.

Pour rappel, la technologie PLS (Plane-to-Line Switching) a été mise au point par Samsung afin de rehausser la qualité des écrans IPS (In-plane switching) à un niveau avoisinant celle des écrans AMOLED. Il en résulte un plus grand angle de vision, une luminosité améliorée de 10%, une amélioration de la qualité globale d’affichage, une flexibilité de la dalle et un moindre coût.

On notera qu’Apple s’est « contenté » d’une définition Full HD alors que d’autres constructeurs ont opté pour de la QHD (2560x1440 pixels). C’est notamment le cas de LG avec le LG G3 (au prix, comme nous l’avions constaté dans notre test du LG G3 (lire notre test du LG G3), d’un certain manque de réactivité et de performances moindres) ou encore de Samsung avec le Galaxy Note 4 (lire notre test du Galaxy Note 4).

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Ce choix d’Apple est loin d’être anodin puisqu’en passant de la Full HD à la QHD, il faut gérer 1.61 millions de pixels en plus (soit près de 78% en plus). Les performances s’en ressentent forcément, tout comme l’autonomie du smartphone, l’écran étant le premier poste de la consommation électrique d’un terminal mobile.

Mais, au final, il est bien difficile de distinguer les pixels ou de déceler le moindre crénelage sur une diagonale. Non, rien de tout cela. La finesse d’affichage est bien au rendez-vous. La densité de pixels de 401 ppp de l’iPhone 6 Plus est largement suffisante, même si c’est bien moins que les 538 de l’écran du LG G3 ou que les 515 de celui du Galaxy Note 4.

On retrouve bien ici une spécificité d’Apple : ne pas faire plus que nécessaire, alors que certains constructeurs n’hésitent pas à jouer de l’effet marketing, quitte à aller au-delà du raisonnable. Ceci étant dit, ce qui est déraisonnable aujourd’hui ne le sera pas forcément demain. On connaît le refrain : tout le monde s’accordait à dire qu’une définition Full HD sur un smartphone (avec écran de moins de 6 pouces) était inutile, le 720p suffisant largement. Tout le monde apprécie désormais de disposer d’un écran défini en Full HD, surtout lorsqu’il s’agit d’une phablette.

Performances

Pas de fioritures techniques, tel est bien le leitmotiv d’Apple dans la conception de ses terminaux mobiles. Un iPhone n’est pas acheté pour sa quantité de RAM ou le nombre de coeurs de son processeur. Seule l’expérience utilisateur est visée, le marketing et le prestige de la marque à la pomme faisant le reste.

Elle est bien au rendez-vous. Aucune latence ou ralentissement ne se font ressentir lorsqu’on utilise l’iPhone 6 Plus. Il est en toutes circonstances fluide. On est un ton au-dessus de ce qui se fait globalement avec Android (voir le cas du Samsung Galaxy Note 4 doté d’un processeur 8 coeurs et de 3 Go de RAM mais qui montre des ralentissements). Seul Windows Phone offre une telle fluidité de l’interface et quelques terminaux Android (qui ne sont d'ailleurs pas systématiquement les plus puissants sur le papier).

Ainsi, alors que certains SoC mobiles intègrent des processeurs à 8 coeurs, Apple se contente d’un processeur 64 bits à deux coeurs Cyclone cadencés jusqu’à 1.4 GHz. Le constructeur américain préfère jouer la carte de l’optimisation pour son SoC A8 et s’appuie aussi sur la finesse de gravure avancée. La puce A8 est en effet gravée en 20 nm, contre 28 nm pour l’A7.

La firme de Cupertino est également restée fidèle à la société britannique Imagination Technologies pour le processeur graphique puisqu’il s’agit d’un PowerVR GX6450 (une IP dotée ici de 4 coeurs).

L’ensemble est épaulé par « seulement » 1 Go de mémoire vive.

Tout cela semble quelque peu déroutant quand on voit que de nombreux constructeurs de terminaux Android en sont déjà à 3 Go pour leurs flagships.

Est-ce à dire qu’iOS est vraiment hyper optimisé et qu’il est développé en prenant en compte le hardware. C’est indéniable et c’est la force d’Apple avec iOS qui peut optimiser le soft à dessein en fonction des choix hardware.

Notons également la présence du coprocesseur de mouvements M8, une évolution du M7, qui décharge le processeur de la gestion des capteurs.

Pour être complet, ajoutons que si l’A8 fait véritablement bien son job globalement, on note çà et là quelques imperfections graphiques dans certains jeux 3D probablement liées probablement à des applications qui n’exploitent pas (encore) bien le GPU de l’A8. Précisons aussi que jouer sur le grand écran de l’iPhone 6 Plus est un vrai plus puisqu’il permet de conserver une bonne visibilité du jeu, même lorsque vous doigts occultent une partie de l’écran (avec la gestion des boutons virtuels).

Connectivité

La connectivité est complète avec le support du Bluetooth 4.0 (pas de 4.1 comme sur certains terminaux Android), du Wi‑Fi 802.11a/b/g/n/ac et de la géolocalisation via les constellations GPS et GLONASS (avec une accroche très rapide). Ajoutons à cela le support du NFC (Near Field Communication). Mais, ne vous attendez pas à pouvoir appairer votre casque audio via le NFC puisque, pour l’heure, son utilisation est cantonnée à Apple Pay (service exclusivement en usage en Amérique du Nord).

iPhone_6_Plus_v  Testé ici avec l'enceinte Hercules WAE NEO (BT et NFC)

Côté cellulaire, le terminal supporte "seulement" jusqu’à la 4G LTE de catégorie 4 (150 Mb/s maximum en débit descendant) grâce à un modem Qualcomm Gobi 9625. En contrepartie, c’est le mobile qui supporte le plus de bandes LTE qui soit. On pourra donc l’utiliser en 4G LTE dans de très nombreuses zones géographiques.

L’accroche réseau est bluffante. On est largement au-dessus de la concurrence. La qualité vocale est aussi très bonne (en émission et en réception).

La création d’un hotspot Wi-Fi pour le partage de la connexion cellulaire est aussi de la partie.

Le Touch ID est loin d’être gadget (situé sur le bouton Home en façade). Il fonctionne à merveille et s’avère très réactif.

Pas de recharge sans-fil pour l’iPhone 6 Plus. Mais, sachez qu’il est possible de le rendre compatible avec la norme Qi. Pour cela, il suffit d’acquérir l’accessoire idoine qui viendra se connecter au port Lightning et se cache (il s’agit d’une inductance) entre la coque et le dos de l’iPhone 6 ou 6 Plus. C’est plutôt bien vu.

Photo

Focus sur la partie photo de ce nouvel iPhone. On reste sur un capteur principal de 8 Pixels. C’est décevant quand on constate que la concurrence adopte des 13 MPixels, 16 MPixels ou voire des 20 MPixels. Certes, on sait aussi que les constructeurs n’en profitent souvent pas pour augmenter la surface de leurs capteurs et que cela se traduit par des photosites plus petits et peinant à capteur la lumière quand elle vient à manquer.

Mais, tout de même, on a aussi l’impression d’une certaine stagnation du côté d’Apple qui exploite le capteur 8 MPixels depuis l’iPhone 4s.

Malgré tout, Apple en a profité pour ajouter un stabilisateur optique (OIS) sur l’iPhone 6 Plus (il n’est en revanche pas présent sur l’iPhone 6). La partie électronique (ISP pour Image Signal Processor) a également beaucoup évolué puisque l’APN de l’iPhone 6 Plus est ultra réactif. C’est cet ISP qui permet au terminal de produire des clichés d’une très grande qualité, même si on reste globalement en-dessous de la qualité de celles prises avec un Samsung Galaxy S5 (lire notre test du Samsung Galaxy S5) ou encore un Nokia Lumia 930. Deux LED jouent le rôle de flash aux côtés de l’APN.

Avoir conservé une définition contenue permet également d’obtenir de belles photos, même lorsque la lumière vient à manquer.

L’application Photo est à l’avenant et gagne de nouvelles fonctionnalités au gré d’iOS 8.

Notons qu’on peut également filmer en 1080p à 60 ips (pas de 4K donc, mais on bénéficie de l’OIS avec des vidéos très stables en revanche) et obtenir des ralentis en 720p jusqu’à 240 ips (contre 120 ips au maximum précédemment). Attention tout de même à la taille des fichiers qui peut rapidement s’envoler.

Un petit mot sur l’APN en façade doté d’un capteur de 1.2 MPixels (qui permet de filmer à 720p à 30 ips). On l’utilisera principalement pour FaceTime.

Autonomie

Si d’aucuns peuvent reprocher aux phablettes de ne pas être aussi nomades que des modèles avec écrans de moins de 5 pouces, ils doivent toutefois s’incliner face à ces machines lorsqu’on en vient à l’autonomie. Certes, l’écran est plus grand et consomme plus (la définition affichée est toutefois la même pour les deux iPhone 6). Mais, le volume plus important permet au constructeur d’adopter une batterie à la capacité plus conséquente.

L’iPhone 6 est équipé d’une batterie de 1800 mAh, contre 2915 mAh pour l’iPhone 6 Plus.

Est-ce suffisant pour le positionner dans le peloton de tête des terminaux mobiles les plus autonomes ? La réponse est indéniablement oui.

Son autonomie, en usage moyen (un peu de 3G/4G, un peu de Wi-Fi…), dépasse la journée (1.5 jour en moyenne). Il peut même arriver qu’on ait à la recharger qu’après 2 jours, suivant l’intensité de son utilisation. C’est donc un des points forts de la phablette d’Apple. Cet aspect peut d'ailleurs s’avérer décisif si vous hésitez entre les deux modèles d'iPhone 6.

Conclusion

L’iPhone 6 Plus est une réussite incontestable. Apple propose un modèle équilibré en tous points. L’autonomie est un vrai plus, tout comme la qualité incroyable d’accroche au réseau, la fluidité de son interface, la qualité de son écran (contraste, luminosité…)

Reste que la copie n’est pas parfaite. On pourra ainsi lui reprocher son APN proéminent. Dommage également que le NFC reste cantonné à un usage avec Apple Pay. Et que dire de l’absence d’un modèle doté de 32 Go de mémoire flash interne (on passe de 16 Go à 64 Go puis à 128 Go pour les plus fortunés) ?

Apple reste également mauvais élève en ce qui concerne le DAS (débit d'absorption spécifique) puisque celui de l'iPhone 6 Plus est de 0,907 W/kg (et 0.972 W/kg pour l’iPhone 6). A titre de comparaison, celui du Samsung Galaxy S5 est de 0.562 W/kg tandis que le LG G3  peut se targuer d'un DAS de 0.291 W/kg.

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+ Les plus

  • Finition et design
  • Qualité de l'écran
  • Accroche réseau
  • Autonomie
  • Fluidité de l'interface
  • Bandes LTE supportées
  • iOS 8

- Les moins

  • NFC cantonné à Apple Pay
  • Capteur photo principal proéminent
  • Pas de version 32 Go
  • Tarifs