Au mauvais endroit, au mauvais moment

Après un premier essai sur console assez peu convainquant, la série Battlefield était pour de nombreux joueurs une licence foncièrement pertinente sur PC uniquement, de part sa richesse de jeu et son intérêt sans limite en multijoueur. DICE avait réussi à l’époque à allier le côté jouissif des affrontements, ainsi que l’utilisation de nombreux véhicules terrestres et aériens à un aspect typiquement stratégique qui fait de chaque choix une opération à haut risque.

Il fallut attendre près de deux ans pour voir arriver ce fameux Battlefield : Bad Company sur PlayStation 3 et Xbox 360, annoncé comme un véritable tournant dans la série de DICE, offrant pour le coup une campagne solo en sus du mode multijoueur. Réticents de prime abord, les joueurs se sont tout de même peu à peu intéressés à ce nouvel épisode de part le côté impressionnant du moteur graphique et le gameplay revu à la hausse. Pour ce qui est de la scénarisation du titre, ne vous attendez pas à un dédale labyrinthique façon Metal Gear Solid 4 (accéder au test), mais une trame à la fois classique et confortable, laissant allègrement place libre à l’action.


Le titre vous place dans la peau de Preston Marlow, nouvelle recrue de la compagnie B, une faction peu fréquentable recensant toutes les têtes brûlées imaginables de l’armée américaine. On retrouve donc logiquement tous les stéréotypes des gros bras que l’on a souvent pu voir dans diverses productions cinématographiques. Entre deux frères d’armes complètement attaqués à l’acide et un sergent cherchant simplement à s’extirper de cette guerre au fin fond des contrées russes, il faut avouer que vous n’êtes pas réellement bien entouré. Cela dit, on notera l’énorme second degré dont fait preuve notre équipe, n’hésitant pas à dédramatiser des situations à coups de mimiques fort comiques, à l’image des spots promotionnels diffusés en amont de la commercialisation de la production. Ça change donc des FPS de guerre désormais ultra-classiques.

En dépit d’un scénario somme toute basique, la mise en scène se veut pertinente et surtout particulièrement soignée, offrant des animations riches ainsi que des prises de vue dynamiques, légèrement inclinables au stick analogique. Outre cet aspect purement premier, la facette la plus importante du soft se cale au niveau de son gameplay et surtout l’efficacité de son moteur graphique, permettant quelques folies destructrices.

Dézinguer, puis réfléchir

Très orienté action, Battlefield : Bad Company se résume souvent à transformer les Russes en passoire, détruire leurs équipements lourds ou encore prendre leurs territoires. Notre quatuor sera toujours expédié en première ligne, histoire de se la jouer kamikaze en attendant d’hypothétiques soutiens aériens. On se retrouve donc très souvent au plein cœur d’un véritable enfer entre les balles qui sifflent, les grenades et obus qui retentissent, voire les gravats qui s’abattent violemment sur des contrées désolées par les incessants affrontements. On se retrouve vite en position de difficulté à cause de ses deux coéquipiers particulièrement insouciants, n’hésitant pas à se jeter à corps perdu dans un village neutre pour y faire le ménage, risquant pour le coup une impitoyable cour martiale dès leur retour de mission.

Malgré tout, notre escouade de l’impossible trouve très vite leur compte dans ce bourbier lorsqu’ils tombent sur des mercenaires payés par le gouvernement russe en lingots d’or massif. Outre les objectifs fixés par l’armée par radio, il faudra donc tâcher de récolter tout l’or possible sur les dépouilles, ainsi que dans des coffres dissimulés ça et là dans le jeu. Ne croyez pas que cela sera tâche aisée, au vu de la taille impressionnante des cartes qui, sauf restrictions dues à la mission, se montrent libre d’accès pour prendre l’ennemi à revers à son aise. C’est d’ailleurs sur ce point qu’il est tout d’abord nécessaire de porter l'attention, nous rappelant sans nul doute nos premières parties de Battlefield 1942.


On apprendra donc qu’en plus de proposer un premier coup d'œil a priori primaire, il est possible d’opter pour une approche stratégique grâce à la richesse des niveaux. La taille des aires aidant, il est souvent conseillé d’attaquer sur les flancs des camps ennemis, aidé par la complexité des environnements. La faune permet par exemple de se dissimuler, au même titre que les nombreuses bâtisses en ruine des différents villages que vous côtoierez. Néanmoins, l’IA ennemie ne favorise en aucun cas l’approche en douceur puisqu’elle vous repère à des lieues et ce, que vous soyez discret ou non. Ce détail a priori bénin énervera à coup sûr de nombreux joueurs, friands de se la jouer infiltration et ce, même si l’idée motrice du soft ne s’y prête pas. En sus, on dénigrera le comportement des ennemis, s’évertuant à focaliser leurs tirs sur vous et vous seul, laissant allègrement vos coéquipiers gambader fièrement où bon leur semblera. De ce fait, l’intérêt se veut étouffé, nous donnant presque l’envie de se cacher le temps que la clique fasse le ménage sans que l’ennemi bronche. Désolant.

L'autre idée directrice de ce Bad Company se situe dans la possibilité de destruction des décors. En effet, il suffira de lancer des explosifs sur des arbres ou des bâtiments pour que ces derniers volent en éclats dans un nuage de fumée particulièrement dense. Cela rajoute une certaine immersion au soft, nous obligeant souvent à être mobile sous peine de voir voler sa planque en mille morceaux avec quelques précieux points de vie à la trappe. Malgré tout, derrière cet aspect particulièrement impressionnant se cache une certaine limite. Par exemple, il est impossible de détruire totalement un bâtiment, les cloisons porteuses restant invulnérables à vos puissants assauts. N’espérez pas non plus pouvoir traverser les décors à l’aide de vos balles, même les moins solides. Dommage.

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Au plein cœur du bourbier

Contrairement à la tendance du FPS, Bad Company joue sur un côté plus réaliste de la gestion de son équipement. Il ne sera par exemple pas possible de garder dans son balluchon une dizaine d’armes à utiliser à sa convenance. Il vous faudra donc opter pour une seule arme en fonction des munitions que vous aurez, ainsi qu’un outil secondaire (charges explosives, radar aérien, lance-roquettes, etc). Vous serez donc souvent amené à faire les poches pour trouver quelques précieuses munitions ou, dans le meilleur des cas, tomber sur une abondante caisse de munitions. En tout cas, vous vous retrouverez souvent à court de munitions, surtout si vous optez pour les modes de difficulté plus accrus. Dans le même souci de cohérence, vous ne trouverez aucunement des medikits qui jonchent le sol, la seringue de morphine étant votre meilleure amie pour redonner un coup de peps à votre santé particulièrement fragile.

Afin de vous aider à faire face aux équipements ennemis de plus en plus robustes, vous pouvez contrôler divers véhicules terrestres ou marins qui abritent parfois une puissante mitrailleuse. On retrouve donc le concept initial de la série, couplé à une prise en main de près comme de loin similaire à Mercenaries. Apportant un réel gain de temps et surtout une couverture métallique bienvenus, ces véhicules vous aideront souvent à vous tirer de mauvaises passes face à des artilleurs russes sur-armés.


Étant donné que Battlefield est à l’origine un jeu typiquement multijoueur, il serait inconcevable de ne pas se concentrer sur les subtilités incluses dans ce nouvel épisode exclusif aux consoles de salon. Jouable jusqu’à 24 simultanément sur une map, le mode se montre tout aussi jouissif (voire plus) que celui de Call of Duty 4 : Modern Warfare (accéder au test) puisqu’il permet d’utiliser des véhicules en plus de pouvoir choisir sa classe (Assaut, Spécialiste, Support, Démolition et Reconnaissance). Malheureusement, le jeu n'embarque qu'un seul mode de jeu sur un total de huit cartes. Il permet à deux équipes de s’affronter, l’une s’évertuant à conserver l’or, l’autre cherchant par tous les moyens d’en acquérir afin de pouvoir faire appel à des renforts. On attendra forcément la future mise en ligne du mode Conquête  qui a connu son heure de gloire chez les joueurs PC, de part son extrême violence en espace réduit.

En outre, on appréciera le travail qu’a réalisé DICE sur ce Bad Company sur le moteur graphique qui ne bronche pas devant des effusions de balles et autres explosions à foison. Le plaisir de jeu est donc intense, agrémenté par des effets pyrotechniques clairement impressionnants, ainsi qu’une foule de détails visibles lors de destructions de décors. Pour une immersion plus avancée, le moteur s’octroie un filtre granuleux collant parfaitement à l’ambiance poisseuse de l’aventure. De plus, la qualité sonore est au rendez-vous puisque les bruitages varient en fonction du lieu dans lequel vous vous trouvez. Les tirs et autres rechargements seront donc en résonance dans des bâtisses, les explosions s’étoufferont selon l’endroit où vous êtes posté, etc.


Toute cette foule de petits détails forment l’essence même de ce Bad Company, une production clairement riche en enrobage, malgré quelques lacunes en terme de possibilités et d’IA. Se frottant au très apprécié Call of Duty 4, le soft de DICE joue clairement la carte de l’inventivité grâce à la fusion des acquis multijoueur des précédents volets de la série, avec une trame solo simple mais diablement efficace.

Battlefield : Bad Company est disponible à l'achat à partir de 55,90€.

+ Les plus

  • Prise en main rapide
  • Ambiance très réussie
  • Étendue des cartes
  • Réalisation graphique et sonore au top
  • Gestion de la démolition des environnements

- Les moins

  • Trame solo peu originale
  • IA agaçante des ennemis
  • Manque de contenu du mode multijoueur