Déboîteur de mâchoires

Force est de constater que les quelques titres de boxe sortis à ce jour sur consoles ont très souvent eu un penchant certain pour l'arcade, voire un aspect totalement parodique dans des softs tels que Ready 2 Rumble, ou encore les épisodes issus de la licence Punch Out!!. D'autres éditeurs se sont penchés sur le genre sans pour autant y briller. Tandis que Electronic Arts signe la série des Fight Night chaque année avec une réalisation toujours très soignée, leur studio canadien s'est chargé du développement de Facebreaker, un jeu de boxe résolument orienté sur l'arcade parodique.

Vous l'aurez compris, ce titre distribué par EA Sports Freestyle ne fait résolument pas dans la dentelle puisqu'il communique à outrance sur le fait de pouvoir démolir à tours de bras des têtes sans bouger de son canapé. Sans s'encombrer d'une prise en main trop technique, le titre joue la carte de la simplicité puisqu'il suffit d'appuyer frénétiquement sur ses boutons pour mettre au tapis son adversaire. Seulement, derrière cet aspect aguicheur orienté tout public se dissimule une terrible injustice sur le gameplay, notamment lorsqu'on s'adonne à des parties en solo. Et c'est là où le bât blesse.


Pour éviter toute ambiguïté, sachez que Facebreaker n'est en aucun cas le digne successeur de Ready 2 Rumble, même s'il avait semble-t-il la prétention. Le problème ne vient en aucun cas du background, plutôt réussi avec un humour toujours présent, mais bel et bien au niveau de la prise en main et de sa répercussion sur l'intérêt général. Et pourtant, le titre se veut prometteur, comme le témoigne son agréable moteur graphique très pompé sur les Comics, sa touche d'humour, ainsi que les dialogues particulièrement tordants.

Boxeur ou pantin ?

À trop vouloir jouer sur les subtilités des dégâts physiques, les développeurs se sont cloisonnés dans des contrôles à faire pâlir un hyper-actif. Une touche sert à effectuer un jab haut, une autre pour une attaque basse, une troisième servant à donner des coups plus puissants et surtout plus lents, et enfin la dernière faisant office de projection (utile lorsqu'on se trouve coincé dans les cordes) et de charge étourdissante destinée à prendre l'avantage. Jusque là, rien de bien choquant, d'autant plus qu'il est possible d'effectuer des crochets déstabilisants lorsqu'on maintient une des touches de jab.

Une fois les configurations bien en mémoire, il est temps de se jeter à corps perdu dans le mode « bas-toi », voire directement au sein même du mode principal « bagarre en barre », afin de se tâter avec l'IA et tenter de débloquer divers bonus allant de nouveaux personnages aux trophées, en passant par des costumes. En guise de premier essai, la stupéfaction est totale : on se prend une sacré déculottée et ce, même en facile (tout de même nommé « féroce ») dès le premier adversaire ! L'IA est si impitoyable qu'elle ne nous laisse aucune seconde de répit. Ce problème de calibration se répercute bien évidemment sur l'intérêt global, décourageant d'entrée de jeu une bonne partie des joueurs occasionnels.


C'est alors qu'on se penche sur la « subtilité » du titre, à savoir la défense. Basée autour des contres et des esquives, cette dernière sera l'élément salvateur de nombreux combats. Par défaut, il suffit d'appuyer sur la touche R1 pour bloquer les assauts ennemis, mais vous comprendrez vite les limites de cette méthode puisque l'IA ne tardera pas à vous asséner un puissant coup qui vous mettra dans les cordes. C'est pourquoi, il faudra esquiver en maintenant l'une des touches de jab, permettant ainsi de sortir quelques puissants crochets. Si vous optez pour un style plus agressif, vous pourrez parer les coups ennemis en maintenant la combinaison de la touche R1 et l'une des touches de jab, ce qui permet d'étourdir votre adversaire dans le but d'aligner d'un combo tel que le casseur qui se clôturera, au mieux vers un briseur sol / ciel particulièrement destructeur.

En partant de là, on pourrait se dire que les combats pourraient être de bonne facture. Si toutefois vous vous accrochez et que le martelage de boutons ne vous donne pas la nausée en sus des crampes à la main, le plaisir pourrait être au rendez-vous. Bon courage cependant pour remporter toutes les ceintures, ne serait-ce qu'avec un boxeur. Lorsque vous aurez suffisamment pris en main le jeu et que vous commencerez à vous familiariser avec l'extrême agressivité du CPU, il vous arrivera de déclencher un facebreaker, autrement dit une sorte de fatality qui vous mènera directement à la victoire sans avoir à mettre trois fois votre adversaire K.O. Pour effectuer un tel coup, il faut encore une fois marteler comme une brute épaisse son pad sans se faire toucher et ce, dans le but de remplir la jauge de puissance. Une fois cette dernière à son maximum, il suffira de faire une combinaison de briseur pour enclencher le coup ultime, amochant sérieusement la trogne de notre pauvre partenaire de ring. Pour bien savourer votre victoire, son visage méconnaissable sera affiché dans le menu des trophées.

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Un parfait défouloir

Bien que la prise en main manque sérieusement de discernement, on peut souligner un background particulièrement attrayant. En effet, le soft regroupe au total douze boxeurs bien distincts. Du rasta-man au molosse russe, en passant par une gothique, un sorcier voodoo, un marionnettiste complètement chaviré, ou encore un singe, il y en aura pour tous les goûts mais pas réellement pour tous les styles de jeu. En effet, les coups se font toujours à la même vitesse et ce, quelle que soit la corpulence de notre favori. Seules les attaques spéciales varieront, apportant un semblant d'originalité aux combats. Difficile donc de se la jouer technique.

L'aspect le plus intéressant se situe dans la possibilité de créer son propre boxeur. Sans se cantonner uniquement dans une personnalisation classique à l'aide de diverses options, le soft offre une compatibilité avec une caméra afin d'y transposer votre tête (ou celle de vos amis). Cette fonctionnalité se montre très amusante, surtout lorsqu'on voit le résultat après quelques K.O. Pour aller encore plus loin, il est possible de mettre sa trombine sur la toile, tout en ayant la possibilité d'en télécharger d'autres. On y trouvera par exemple Chuck Norris ou encore Georges W. Bush, en sus des développeurs du jeu (dont Peter Moore), quant à eux directement inclus dans la galette. Voilà une bonne façon de se défouler sur les auteur du soft, si toutefois vous avez dépensé les quelques dizaines d'euros nécessaires pour un jeu pas forcément à la hauteur de vos espérances. Merci EA.


Afin de profiter du jeu de façon optimale, il faudra se tourner vers le multijoueur qui, bien qu'assez peu fréquenté, permet de se frotter aux joueurs du monde entier de façon plus jouissive. De plus, et c'est important de le souligner, un mode intitulé « Royal Sofa » permet de jouer jusqu'à six joueurs en local. C'est évidemment par se biais que l'on s'amusera le plus, lors des soirées entre amis. On combinant cela à l'outil de capture, vous pourrez virtuellement casser des nez et admirer le résultat. Invitez donc votre patron et/ou vos collègues les plus insupportables afin d'assouvir les pulsions qui vous hantent depuis bien trop longtemps.

Facebreaker est disponible à l'achat à partir de 42,99 €.

+ Les plus

  • Ambiance graphique plaisante
  • Humour bien présent
  • Multijoueur convivial
  • La création de boxeurs

- Les moins

  • Gameplay bien trop bourrin et fatiguant
  • Aucune variété dans les coups
  • IA impitoyable
  • Sérieux manque d'intérêt sur le long terme