Les dernières semaines ont accentué les tensions entre les Etats-Unis et la Chine, après l'affaire de l'attaque informatique subie par Google, peut-être menée par des hackers chinois ( le gouvernement dément ), la critique de la politique de censure imposée par le gouvernement chinois au moteur de recherche et la menace de retrait du groupe américain.

Dans ce climat peu serein, les industriels américains s'inquiètent du sort réservé à la plate-forme mobile Android de Google. Depuis 2009, une économie Android se met peu à peu en place, faite de terminaux mobiles et de partenariats avec les opérateurs pour fournir services mobiles et portails de téléchargement d'applications.

Plusieurs lobbies se sont ainsi regroupés pour adresser une lettre au gouvernement américain, l'incitant à demander à la Chine des garanties sur la pérennité des activités des entreprises non chinoises dans l'Empire du Milieu.


Enjeu : le marché mobile chinois
Android logo pro Ils craignent que les autorités chinoises ne profitent des désaccords actuels pour pousser les entreprises étrangères vers la sortie et donner l'avantage aux sociétés chinoises. C'est que le gouvernement chinois pousse fortement les technologies développées localement, avec parfois la tentation de les imposer par rapport aux technologies existantes venant d'Occident.

Or l'accès au marché mobile chinois ( le plus vaste au monde ) est une condition essentielle au modèle économique de bon nombre de sociétés de l'industrie mobile. Des groupes comme Motorola y jouent gros en commercialisant leurs terminaux Android en Chine alors que des entreprises chinoises proposent également leurs propres smartphones.

En favorisant ces dernières, c'est une distortion du marché économique mondial qui serait créée. Or, Google a annoncé il y a quelques semaines qu'il décalait le lancement de plusieurs terminaux Android en Chine, sans donner de nouvelle date, et réactivant les craintes des industriels.


Les autorités chinoises maîtres du jeu
Drapeau Chine Le gouvernement chinois vient pourtant de donner des garanties de sa bonne volonté en soulignant qu'il ne chercherait pas à gêner le développement de l'économie autour d'Android. La réponse du ministère de l'industrie et de l'IT est en gros la même que celle faite à Google : il n'y a pas de problème tant que la législation chinoise est respectée. " Le marché chinois des télécommunications est un marché ouvert ", a indiqué le ministre Zhu Hongren.

Dans cette volonté d'apaisement, les observateurs en voient une autre, celle de ne pas effrayer les investisseurs en s'attaquant frontalement à Google tout en manifestant un agacement envers le gouvernement américain.

On se souviendra que le même schéma d'attaques / ripostes entre les deux pays avait été organisé lors de l'attribution des licences 3G en Chine. Les industriels américains avaient accusé la Chine de vouloir favoriser son standard 3G chinois, le TD-SCDMA, au détriment des normes occidentales, alors même que la version chinoise n'était pas encore éprouvée pour un usage commercial.

Le gouvernement chinois avait répliqué en indiquant que toutes les technologies 3G seraient acceptées dans le pays mais il a tout de même fortement poussé l'opérateur China Mobile à se tourner vers le TD-SCDMA.

Or cet opérateur représente à lui seul les deux tiers des abonnés mobiles chinois...Entre les Etats-Unis, aussi prompts à se plaindre des contraintes extérieures qu'à protéger leur marché intérieur, et la Chine, consciente de son rôle dans l'économie mondiale et désireuse de devenir une grande nation technologique, les tiraillements ne font que commencer.

Source : Reuters