En publiant début octobre un rapport évaluant les risques à faire participer des équipementiers chinois au coeur des infrastructures de télécommunications des Etats-Unis, le Congrès américain est clairement allé dans le sens des soupçons de liens cachés entre ces sociétés et l'armée populaire chinoise, sous-entendant de façon très audible le risque d'espionnage des données et informations transitant sur les réseaux.

Le rapport donne notamment corps à ce qui était jusqu'à présent une stratégie de défiance vis à vis de ces acteurs et qui leur a tout de même fait renoncer à certains contrats de fournitures avec des opérateurs US ou à des acquisitions de sociétés américaines.

Huawei logo  Pour étayer ses affirmations, le document cite des témoignages à charge d'anciens employés de Huawei qui auraient constaté des irrégularités et des manoeuvres louches de la part de l'équipementier chinois.

Cependant, Reuters cite un autre rapport directement commandé par la Maison Blanche, mené sur 18 mois et qui a épluché les données d'un millier d'acheteurs d'équipements télécom, et qui ne trouve pas de preuves directes de dispositions destinées à espionner les communications.


Des failles présentes volontairement ?
En revanche, cet autre rapport pointe du doigt le danger de vulnérabilités présentes dans les équipements que des pirates pourraient exploiter. La question qui se pose alors est : ces failles ont-elles été sciemment laissées là ? C'est la thèse de certains experts en sécurité qui avaient été étonnés de trouver de telles brèches dans les équipements et qui leur semblaient trop grosses pour n'être que de la simple négligence.

Un doute persiste donc même s'il apparaît selon cette enquête qu'une accusation d'espionnage direct de la part de Huawei sera très difficile à étayer. Mais certains éléments de l'enquête restent classifiés et contiendraient des éléments à charge.

Il reste que les vulnérabilités observées dans les équipements restent un motif d'inquiétude et peuvent faire le lit de futures cyberattaques tandis que plusieurs parlementaires s'inquiètent du fait que les équipementiers chinois, même innocentés des insinuations actuelles d'espionnage, pourraient répondre à des requêtes du gouvernement chinois une fois présents au coeur des réseaux télécoms du pays.

On le voit, même sans preuves directes, les autorités américaines ne sont pas près de laisser les équipementiers chinois évoluer librement dans le paysage télécom US, malgré les tensions créées avec la Chine.

Source : Reuters