Académie nationale médecine La conclusion du groupe d'experts est arrivée à point nommé quelques jours avant la confirmation qu'il y aura bien un quatrième opérateur mobile en France et est co-publiée, chose rare, par trois institutions : l' Académie nationale de Médecine, l' Académie des Sciences et l' Académie des Technologies.

Il lui a été demandé " un avis sur les risques sanitaires des radiofréquences " par rapport au travail rétrospectif sur une centaine d'études récentes publié par l' Afsset au mois d'octobre. Il indique en approuver pleinement les conclusions et y voit là de quoi rassurer les inquiétudes légitimes de la population.

Le rapport infirme notamment les hypothèses des effets biologiques des radiofréquences, ces effets qui sont supposés se développer même aux niveaux d'exposition actuellement autorisés. Il coupe également court aux polémiques régulières, sur les basses fréquences nocives qu'émettraient les antennes-relais, sur le rapport BioInitiative de 2007, souvent présenté comme la preuve irréfutable d'effets sanitaires, sur l'électrohypersensibilité, pour laquelle aucune étude ne montre un lien avec les ondes électromagnétiques et sur la demande d'abaisser les valeurs limites d'exposition des antennes-relais à 0,6 volt / mètre, comme certaines villes vont le tester, indiquant que cela n'a " aucune justification scientifique ".


Des études globalement rassurantes
Sur les 97 études récentes reprises par le rapport de l' Afsset ( sur un ensemble initial de 226 études ), 11 ont suggéré l'existence d'un effet sanitaire mais, expliquent les Académies, aucune n'a été répliquée, ce qui ne permet pas d'en tirer une conclusion. Avant de crier au loup, il faudrait d'abord s'assurer qu'elles sont reproductibles, indiquent-elles en substance.

Elles estiment donc qu'une diminution de l'exposition aux antennes-relais n'est pas justifiée et le groupe d'experts va dans le même sens que le rapport de l' Afsset : des études complémentaires sont nécessaires pour répliquer les études ayant montré un effet mais sans céder à la psychose.

Les trois Académies s'agacent par ailleurs que la médiatisation du rapport ait d'abord porté sur ces 11 études, donnant faussement l'impression que l' Afsset reconnaissait l'existence d'un risque sanitaire, alors que ces études nécessitent un contrôle mais " ne constituent pas pour autant des " signaux d'alerte " crédibles ". Elles constatent notamment une contradiction explicite entre le communiqué de presse présentant le rapport de l' Afsset et les conclusions de ce dernier.


Peser le pour et le contre d'une réduction d'exposition
Les Académies affirment par ailleurs que la mise en place d'un principe de précaution non justifié ne résoud rien et crée au contraire une inquiétude inutile. Elles s'inquiètent également des conséquences de l'augmentation de l'exposition de la boîte crânienne par des téléphones portables obligés d'émettre beaucoup plus pour compenser la réduction d'exposition imposée aux antennes-relais, même en multipliant leur présence.

Elles recommandent donc de ne pas se précipiter, malgré la pression des associations et des citoyens envers leurs élus, et incitent à poursuivre les études épidémiologiques et biologique, avec des critères méthodologiques rigoureux.


MàJ : pour rappel, l' Afsset indiquait dans une actualité du 15 octobre que son rapport mettait en évidence l'existence d'effets des radiofréquences " sur les fonctions cellulaires ", d'après les 11 études citées plus haut, " considérées par l' Afsset comme incontestables " ( notion critiquée par les trois Académies ).

Tout en reconnaissant qu'aucun mécanisme d'action reliant radiofréquences et effets biologiques n'a encore été identifié ( pour le moment ? ), l' Afsset a émis des recommandations : développer la recherche pour lever les doutes et réduire les expositions au public, au niveau des terminaux mobiles ( privilégier ceux avec un DAS faible ) et des antennes-relais en évaluant la possibilité d'une réduction des niveaux d'exposition.

Cette conclusion est donc également remise en cause par les trois Académies, tout en saluant le travail d'analyse réalisé.