Pendant que les fabricants coréens de mobiles résistent remarquablement bien à la crise économique et parviennent même à consolider leurs positions, le géant finlandais Nokia avait annoncé dès le début de la crise économique que le cap serait difficile à passer, malgré sa situation de leader.

La société a rapidement pris des mesures de réorganisation et de réduction des coûts sur fond de prévision de recul des ventes de mobiles en 2009. Les premiers trimestres de l'année ont confirmé que le groupe perdait du terrain, aux dépens d'acteurs plus petits mais très organisés sur le segment des smartphones.

Or, Nokia, tout en restant le plus gros pourvoyeur de smartphones chaque trimestre, semble avoir de plus en plus de mal à capter l'attention autour de ses produits. Le groupe ne s'est lancé que tardivement dans les smartphones tactiles et les modèles peinent à se distinguer de la concurrence, voire même à se distinguer entre eux. Or, les smartphones, du fait des marges importantes qu'ils génèrent et de leur fort succès auprès du public,  sont actuellement le nerf de la guerre dans la téléphonie mobile.


Une première perte inattendue
Nokia N900 01 Pour le troisième trimestre de l'année, Nokia a réalisé un chiffre d'affaires de 9,8 milliards d'euros, soit 20% de moins qu'à la même période en 2008, et légèrement plus faible qu'au deuxième trimestre.

L'annonce d'une perte de 559 millions d'euros, la première depuis plus de 10 ans, alors qu'un léger bénéfice était attendu par les analystes, a provoqué des remous en Bourse, la valeur de l'action perdant rapidement près de 10%.

Parmi les causes de ces mauvais résultats, la stratégie même de Nokia est pointée du doigt. Si, il y a quelques années encore, sa forte présence sur les marchés émergents était saluée et lui permettait de générer d'importants volumes, la société finlandaise s'est retrouvée en position de faiblesse du côté des smartphones, beaucoup plus rentables.

La vague des smartphones tactiles, qui ont rapidement séduit le grand public, au-delà du segment professionnel, a débuté en 2007, mais ce n'est que fin 2008 que le premier smartphone doté d'un affichage tactile et porté par Symbian S60 5th Edition est apparu, avec un positionnement largement orienté vers les marchés émergents ( ce n'est pas un hasard si l' Inde fut l'un des premiers pays servis ) au détriment des marchés établis.


Faiblesse dans les équipements télécom
Depuis, Nokia semble être plus à la poursuite des grandes tendances qu'en amont de celles-ci, malgré un engagement revendiqué dans les services mobiles. La migration en cours de Symbian vers un système open source et l'apparition d'une tablette sous Maemo clairement tournée vers un usage smartphone ne facilitent pas non plus la lecture de la stratégie mobile du groupe, sans compter un marché US qui reste désespérément ( et depuis des années ) hors de portée alors que la demande en smartphones y est très importante.

L'autre gros problème de Nokia concerne son implication dans l'équipementier Nokia Siemens Networks, dont les résultats ne sont pas à la hauteur des attentes formulées lors de la fusion des branches de Nokia et de Siemens, qui devait créer les synergies permettant de contrebalancer l'influence du leader mondial Ericsson.

Comme Alcatel-Lucent, Nokia Siemens Networks est sous la double contrainte de conditions économiques difficiles qui conduisent les opérateurs mobiles à réduire leurs investissements dans les réseaux et de la concurrence de plus en plus dure des équipementiers chinois ZTE et Huawei, bien décidés à s'implanter durablement en Europe et épaulés par de gros prêts par les banques chinoises pour développer leur activité à l'étranger.

Nokia a pourtant des arguments pour la fin de l'année, avec le Nokia N97 Mini, le Nokia N900 sous Maemo 5 et le Booklet 3G, son premier netbook connecté. Olli-Pekka Kallasvuo, son président, reconnaissait il y a peu avoir pris du retard mais promettait du changement pour la fin de l'année.

Mais, au vu des résultats du troisième trimestre, et malgré les 108,5 millions de terminaux mobiles écoulés par Nokia durant cette période, dont 16,4 millions de smartphones, la sortie de nouveaux produits pourrait ne pas suffire pour redonner de l'élan au groupe.

Des changements au sein de la direction ont été annoncés peu après la publication des résultats financiers. Rick Simonson, directeur financier de Nokia, devient ainsi responsable de la division Téléphones portables ( non smartphones ) au sein de la branche des appareils mobiles. Timo Ihamuotila, responsable des ventes, deviendra le nouveau directeur financier à partir du mois de novembre.