Tout récemment se tenait à Londres une conférence organisée par Nominet, le gestionnaire britannique des noms de domaine en « .uk ». Et c’est lors de cette même conférence qu’intervint Nitin Desai. Une intervention gravitant autour d’une question polémique : « L’internet que nous connaissons actuellement fonctionnera-t-il encore dans 5 ans ' ».

En effet, les tensions que connaît l’internet par rapport à tout ce qui touche sa régulation sont de plus en plus fréquentes et plusieurs voix discordantes se font entendre un peu partout. Il est vrai que l’équilibre géopolitique a sensiblement modifié la donne…


Gouvernance internet small

En direct de l'Asie
A cet effet, d’ici 5 ans, le nombre d’internautes asiatiques sera démultiplié. Or, les modalités d’utilisation d’internet en Chine et en Inde par exemple, sont radicalement différentes de celles des pays occidentaux, « traditionnels » place forte et « berceau » du web. Les autorités asiatiques ne jouent pas le même rôle dans le « contexte » du web que leur alter ego de l’Ouest.

De plus, les différences linguistiques, notamment dans l’écriture, demandent de plus en plus vivement à s’exprimer. D’où la résurgence du problème de l’internationalisation des noms de domaines, définitivement une pierre d’achoppement sur laquelle la gouvernance butte régulièrement.


Plusieurs "micro-nets" '
Et Nitin Desai d’arguer : « Nous en sommes à un point où les Chinois vont dire ‘nous avons besoin de nos propres noms de domaines en caractères chinois et nous allons créer un système indépendant’ ». Ainsi, pour nombre de participants de l’IGF, la balkanisation de l’internet n’est qu’une question de temps, notamment à cause des particularités culturelles. Le monde est peut-être un village global, mais un village bien hétéroclite, donc intrinsèquement riche.


Serveurs internet 2001 small

Bien sûr, il reste à préciser quel type de balkanisation le monde peut accepter : « Si la balkanisation se réfère à des ilots de connectivité qui n’ont pas d’interconnectivité entre eux, cela sera clairement une mauvaise chose », dixit Chinyelu Onwurah, responsable des technologies et de la stratégie du régulateur britannique Ofcom. Onwurah de reconnaître : « Mais si cette balkanisation signifie une différentiation dans les niveaux de protection, de fonctionnalité et de vitesse, alors il peut y avoir des choses positives à en tirer. »


Un Village Global à entretenir
Toutefois, un autre intervenant, Mike Thompson de TechDirt, avoue son scepticisme quant à la concrétisation de ce morcellement : « La connexion est comme la mondialisation, une tendance qu’on ne peut arrêter. (…) Les nations sont suffisamment intelligentes pour reconnaître qu’elles ont besoin de commercer avec le reste du monde, elles devront donc réaliser qu’un réseau de communication mondial est une part de ce processus dont elles ne pourront plus complètement se couper. »

Par là, Mike Thompson rejoint l’économiste Robin Hanson : notre histoire économique s’ouvre vers une toujours plus grande interdépendance au détriment de l’utopie de l’autarcie. L’homo numericus demeure avant tout un homo gregarus
Source : BBC