Wet, beau sur le papier

Wet met une nouvelle héroïne à l'honneur. Ruby Malone porte tous les clichés : belle et sexy, redoutable, vulgaire, mystérieuse et sans attaches. Avec une héroïne de cette acabit, Bethesda Softworks pensait sans doute séduire un public masculin ou des joueuses en mal de domination. Le choix de Eliza Dushku pour la doubler n'est d'ailleurs pas anodin, puisqu'elle aussi, dans ses rôles, a offert la même image que celle de Ruby. A trop vouloir mettre en avant leur personnage principal, Bethesda Softworks en aurait-il oublié le reste ? Car s'il n'y a rien à redire quant au charisme de la belle, le reste du jeu, lui, souffre d'avoir été mis dans l'ombre. Et malheureusement, les épaules de Ruby ne sont pas assez larges pour pouvoir porter l'ensemble sans faillir.

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Sur le papier, Wet a en revanche de quoi séduire. Les développeurs ont emprunté à Tarantino son ambiance qui lui est propre, un style de mise en scène, un ton décalé et une héroïne particulièrement véloce qui ne sera pas sans rappeler Kill Bill. Une référence qui ne déplaît pas en quelque sorte. Du côté du gameplay ensuite, il s'agit avant tout d'un jeu d'action dont la diversité ne manque pas : armes à feu, épée, grosses séances de carnage, phases de voltiges façon Prince of Persia (Ruby sait elle aussi courir sur les murs), phases contextuelles, etc... On s'attend donc à hériter d'un jeu riche et prenant, à l'allure générale sympathique. Sauf que la pratique dessert ici la théorie.

Un gameplay limité

Tout commence par le style graphique du jeu, les développeurs ayant opté pour un style vieille pellicule. L'effet n'est pas mal rendu et apporte un réel plus au titre, mais il n'est pas le premier à le faire, ce qui, du coup, ne convainc plus vraiment. D'autant plus que, parfois, cet effet de style pêche un peu et n'offre pas toujours un confort visuel. Aussi, pour ceux qui n'apprécient pas, la possibilité leur est offerte, dans le menu des options, de revenir à un affichage plus conventionnel. Vous laisserez alors à la bande son tout le loisir de vous emporter dans son univers et elle le fait très bien. Pas besoin de fioritures à l'écran, les musiques suffisent amplement pour vous transporter. On déplore en revanche la qualité du doublage et celle des dialogues. Tarantino sait manier les répliques, l'humour et le kitsh dans ses films. Ceux qui veulent le copier n'ont malheureusement pas son talent.

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Après le premier regard vient ensuite la prise en main. En terme de gameplay, nous l'avons vu, Wet joue plusieurs cartes. Posons celle des acrobaties, celle où la souplesse de Ruby intervient. Ruby court sur les murs, se perche sur les gouttières, vole de plate-formes en plate-formes sans jamais ressentir la peur du vide. Les sauts sont vertigineux, les cabrioles impressionnantes. Un temps. Car très vite plus rien n'impressionne, tant les limites de la haute voltige se font sentir, quand elles ne viennent pas carrément perturbées votre partie. Un saut trop long vous met en difficulté, voire vous fait chuter. On peine à maîtriser la fougue de Ruby au risque de jouer avec notre vie, ce qui a le mérite d'être agaçant. On aimerait parfois que cette dernière arrête d'être démesurée dans ses gestes pour qu'on puisse mieux la contrôler.

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Si Ruby se montre pleine d'entrain dans l'exercice physique, les développeurs ne l'ont pas particulièrement gâté dans les phases de combats. Un didacticiel vous apprendra quelles sont ses aptitudes. A part sauter et tirer en l'air ou glisser et tirer, Ruby ne dispose pas d'autres techniques. A vous donc de jongler avec celles-ci pour multiplier les combos et donc votre score. C'est répétitif dès la première demi-heure de jeu, répétitif et donc lassant. Alors plutôt que de faire le zouave à sauter comme un lapin ici et là, on se contente rapidement de sortir l'épée et d'éliminer tous les ennemis d'une seule et même façon. Cela va plus vite, c'est un peu plus efficace, certes la technique ne fait pas marquer beaucoup de points, mais au moins aurez-vous l'impression d'avancer plus vite dans la partie.

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Le nombre de point récolté sur un niveau vous servira à acheter des améliorations. Mise à part celle vous permettant d'obtenir plus de points de vie, le changement apporté par les autres ne saute pas aux yeux. Vous vous contenterez donc de les acheter pour la forme.

Une action redondante

Pour un jeu d'action, Wet se montre très lent. Les deux techniques de combats impliquent un ralenti de la scène. Et comme les vagues des ennemis sont parfois nombreuses, vous pouvez perdre énormément de temps à essayer de cumuler des points. La lenteur s'exprime aussi dans l'efficacité des armes. Avis aux plus initiés et aux amateurs de one shot, il vous faudra tirer plusieurs fois sur un ennemi, et ce même à bout portant, pour que ce dernier daigne enfin mettre un genoux à terre. Frustrant donc. Vos balles n'ont aucun effet, d'où une fois de plus, le recourt à l'épée, qui elle, se montre assez tranchante.

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La lenteur s'exprime aussi dans la répétition des mises en scène. Ruby se trouvera régulièrement dans des sortes d'arènes dont elle devra boucler les accès afin de limiter le nombre d'ennemis. Une fois toutes les portes fermées, elle pourra laisser libre court à son instinct de tueuse et faire le ménage dans un bain de sang bien rouge. Ici, on ne réfléchit pas, on tue à la chaîne. On suit les niveaux comme ils se présentent, en essayant néanmoins de ramasser ici et là quelques singes musiciens. N'oubliez pas non plus de boire en chemin pour récupérer quelques points de vie. L'occasion pour le titre de déclencher la même cinématique à chaque fois. Les développeurs auraient ici pu faire l'effort de varier les mises en scène.

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Mais ne jetons pas la pierre aux développeurs qui ont tout de même penser à apporter un mode différent dans l'aventure. Si Ruby se fâche, un mode Rage est lancé. Votre écran se teinte de rouge et blanc, à vous d'enchaîner le plus d'ennemi tout en évoluant dans le niveau. Le premier lancement de ce mode est assez surprenant, vu qu'on ne s'attendait pas à ce que l'action se réveille. Le titre gagne ici un point positif, mais trop anecdotique pour rattraper l'ensemble. A ceci vient s'ajouter des phases de courses poursuite dans lequel vous aurez juste à vous laisser faire et à appuyer sur le bon bouton comme inscrit à l'écran. On ne peut pas dire que la liberté soit le point fort du jeu.

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Conclusion

Wet Il ne suffit pas de copier un univers pour acquérir sa réputation. Si l'on retrouve ici de grande similitudes avec l'esprit de Tarantino et de son Kill Bill, la réalisation technique très moyenne fait chuter le château de carte. Wet souffre de défauts assez rédhibitoires. A trop vouloir exploiter différents styles de gameplay, les développeurs n'en ont maîtrisé aucun : les acrobaties manquent de précisions, l'action frise l'ennui, le doublage rappelle celui d'un mauvais film de série B, les armes de Ruby sont des gadgets, le système de visée complètement inexistant...

Si les développeurs ont tout misé sur Ruby Malone, qu'ils n'ont eu de cesse de nous présenter, ils en ont oublié l'essentiel. Il ne suffit pas d'une belle plastique pour séduire, il faut que derrière les apparences se cache un minimum de répondant. Et cela n'est pas le cas ici.

 

 

+ Les plus

  • La bande son
  • Quelques bonnes idées
  • Le style graphique

- Les moins

  • Imprécisions du gameplay
  • Redondance de l'action
  • Système de visé déplorable
  • Doublage