En effet, malgré ses bénéfices tout à fait « confortables », Lenovo souffre ces derniers temps d’un problème d’image. Et ce grave problème de reconnaissance en dit long aussi bien sur les difficultés du groupe à percer en Occident que sur l’attitude rétrograde des consommateurs occidentaux eux-mêmes.

Petit rappel : devenu le troisième plus grand constructeur informatique au monde après le rachat de la division matérielle d’IBM, Lenovo affiche des ambitions légitimes. Faisant office de pionnier dans l’ouverture – et l’investissement – « vers l’ouest », la firme chinoise semblait placer la barre très haute. Trop '


Lenovo thinkpad r60 docked


La belle affaire de Big Blue
On se souvient du soulagement d’IBM après avoir revendu sa filiale et sa marque emblématique d’ordinateurs portables « Thinkpad » à Lenovo. Même si Big Blue ne faisait plus aucun bénéfice dans ce secteur, le rachat de la division matérielle comptait beaucoup pour Lenovo. Les mauvaises diront que 1,25 milliard de dollars pour un fardeau improductif, c’est réellement « beaucoup »…

A l’époque, la firme chinoise escomptait rentabiliser cet achat en baissant les coûts de production et les analystes avaient prédit que le nom de Thinkpad ajouté au soutien de ses marchés asiatiques ferait de Lenovo un concurrent sérieux. C’était sans compter sur certains réflexes primordiaux que les naïfs croyaient disparus à jamais.


Protectionnisme commercial, donc identitaire '
Car à présent que Lenovo tente de commercialiser les mêmes produits sous sa propre marque, les clients occidentaux fidèles à « Thinkpad » depuis des années sont subitement plus réticents à acheter « chinois » – pardonnez l’expression.

Une idée reçue – et hélas vérifiée ici – voudrait que les clients occidentaux ont tendance à acheter des produits chinois, tels que l’iPod pour reprendre un exemple bancal, uniquement dans la mesure où ils sont convaincus que le produit est fabriqué par une entreprise enregistrée dans leur pays natal.


Faut avoir peur chine small


Label « Made in China » stigmatisé
Si les analyses phrasées vous paraissent trompeuses, la vérité des chiffres est implacable : les derniers résultats financiers révèlent que Lenovo est littéralement boudé par les occidentaux et qu’il doit essentiellement ses bénéfices exceptionnels à son emprise sur le territoire local, c'est à dire la Chine.

Parallèlement, il est vrai, Lenovo accuse le contrecoup de la concurrence étrangère sur les marchés occidentaux, et notamment les Etats-Unis, avec des fabricants comme Dell ou HP. La concordance de ces facteurs a contribué à une réduction de huit pour cent des bénéfices de Lenovo par rapport à l’année dernière. Et le pire, paraît-il, reste à venir.

D’autres analystes prétendent que la position de Lenovo sur les marchés étrangers pourrait encore souffrir à mesure que l’image de Thinkpad tend à disparaître de la « mémoire sélective » des occidentaux. Si tel est le cas, les propos du président de Lenovo Yang Yuanqing, pourtant notoirement pessimiste, pourraient sembler assez naïfs.


Lenovo ibm rachat small


Vista comme sauveur '
Ce dernier table en effet sur un bon retour de rentabilité dans 3 ans. Une perspective qui relève plus du bon souhait que d’une éventuelle réalité économique. Les analystes ne s’attendent à un réel regain d’activité côté américain qu’à partir de mi-2007, grâce à la nouvelle impulsion offerte par l’arrivée de Vista qui se traduira par une augmentation des ventes auprès des entreprises.

Si Lenovo veut marquer de sa marque les esprits – et portefeuilles – occidentaux, la firme chinoise devra commencer par redynamiser ses porte-drapeaux. Car ne l’oublions pas : les gens ont la mémoire courte et les préjugés faciles…
Source : Washington Post