Un univers bien lourd

A l’origine, Prison Break devait être développé par Brash Entertainment, un studio littéralement spécialisé dans les jeux à licence. Mais exploiter des licences est un métier bien risqué. Pour preuve, le studio en question a fini par fermer ses portes après seulement un an d’existence. A la suite de cette faillite, les licences Saw et Prison Break ont été reprises respectivement par Konami et Deep Silver.

Dès 2009, Deep Silver a mandaté Zootfly pour mettre rapidement sur pied un jeu vidéo s’inspirant le plus naturellement du monde de la série Prison Break. Ce n’est pas la première fois qu’une série télévisée passe par la case jeu vidéo, on pourra citer à titre d’exemple des séries comme Desperate Housewives, Dr House ou encore Lost.

Prison Break The Conspiracy - Image 22 Prison Break The Conspiracy - Image 21

Les trois séries précitées bénéficient d’un avantage de taille, elles poursuivent tant bien que mal leur expansion. La série Prison Break a elle été définitivement clôturée le 15 mai dernier. La pression sur les épaules des développeurs est par conséquent décuplée. En effet, les fans connaissent déjà le fin mot de l’histoire et n’ont a priori pas de raisons d’aborder à nouveau le sujet.

La difficulté pour ZootFly est de reprendre efficacement le contexte et surtout d’offrir aux fans des explications complètes et cohérentes sur ce prolongement scénaristique. Une mission excessivement délicate. Prison Break : The Conspiracy se repose exclusivement sur la première saison de Prison Break considérée par de nombreux fans comme la meilleure de la série.

Prison Break The Conspiracy - Image 18 Prison Break The Conspiracy - Image 19

Au lieu d’incarner Michael Scofield et de nous faire revivre bêtement la série télévisée, ZootFly a eu la bonne idée de nous placer dans une nouvelle perspective. Nous incarnerons donc Tom Paxton, un agent de la Compagnie chargé d’enquêter sur la mystérieuse incarcération de Michael Scofield et de veiller à ce que son frère Lincoln Burrows soit exécuté dans les règles de l’art.

Cette courte aventure s’étale sur neuf chapitres, neuf grosses missions d’infiltration. Ces missions sont excessivement banales et consistent le plus souvent à récupérer un objet ou des informations. Il s’agit donc de voyager d’un point A à un point B. Il va de soi que ces missions sont régulièrement ponctuées par des obstacles et des gardes que le joueur devra éviter à tout prix.

Prison Break The Conspiracy - Image 17 Prison Break The Conspiracy - Image 16

Scripté comme jamais

Dans les zones d’infiltration, toute rencontre avec un autre être humain est formellement interdite sans quoi la partie prend immédiatement fin. Il existe une seule exception, les confrontations avec d’autres prisonniers. Le game over, c’est recommencer la partie à la dernière sauvegarde automatique. Il y a donc aucune alternative dans cette infiltration, aucune possibilité de mentir ou bien de neutraliser un garde.

Cette intransigeance rend le jeu réaliste mais il s’agit conceptuellement parlant d’une décision diablement radicale et rétrograde. Cela va peut-être vous surprendre mais nous avons là, le seul point réaliste du jeu.  Car en effet Prison Break est riche en incohérences matérielles et n’a pas peur de nous les montrer, loin de là.

Prison Break The Conspiracy - Image 15 Prison Break The Conspiracy - Image 14

A titre d’exemple, notre héros peut arborer un enregistreur vocal sans que cela pose le moindre problème aux gardes. Il est aussi capable d’effectuer des roulades dans le système de ventilation sans effectuer de bruit et alerter les gardes à proximité. Un véritable ninja… On retrouve dans la même veine des irrégularités au niveau du level-design ma foi inspiré et peu cohérent.

La prison de Fox River possède des grillages dignes de ce nom empêchant une ascension rapide et discrète. Comme par hasard, certains tronçons sont seulement hauts de deux mètres, serait-ce le fruit d’une crise budgétaire ? On se le demande tous… La liste de ces incohérences est longue, très longue même. Les puristes de l’infiltration auront bien du mal à supporter le concept.

Prison Break The Conspiracy - Image 13 Prison Break The Conspiracy - Image 11

Il est composé en grande partie de missions linéaires et de combats à mains nues. Réaliser ces missions permettra à Tom de se faire des alliés et d’obtenir en retour des faveurs. Notre objectif étant de pister régulièrement Micheal, notre héros devra essentiellement travailler pour de notables  personnalités comme C-Note ou encore John Abruzzi.

Le jeu profite de cette occasion pour tisser des liens avec la série télévisée, malheureusement ces liens offrent au héros un rôle ingrat, un rôle presque secondaire. Ces missions impliquent une infiltration basique dans laquelle il faut souvent se retrouver dans le dos des gens. Des variantes sont introduites via l’utilisation de cabinets métalliques ou encore la désactivation de fusibles et de caméras de sécurité.

Prison Break The Conspiracy - Image 7 Prison Break The Conspiracy - Image 9

Conclusion

Prison Break The Conspiracy - Jaquette Le tout se veut très scripté et robotique à la fois. Pour arriver à ses fins, le joueur doit employer la classique méthode de l’essai-erreur. Il est possible de distraire à des moments précis du jeu les gardes mais dans la majorité des cas il faut suivre la procédure fixée et se contenter de cette dernière. Cette infiltration est régulièrement ponctuée par des mini-jeux.

Ceux-ci nous permettent de crocheter des portes ou encore de déboulonner des grilles d’aération. Le concept fait intervenir des combats à mains nues archi-basiques. Quatre coups sont disponibles : le coup fort, le coup faible, la parade et le contre. Pour plus d’efficacité, il convient de contrer uniquement ses adversaires pour infliger le plus de dégâts.

Pourtant formé à utiliser des armes improvisées, notre agent peut uniquement se servir de ses poings durant son court séjour en prison, poings qu’il pourra éventuellement entraîner pour écourter la durée des rixes. Sont aussi de la partie les QTE qui permettront d’accomplir des actions contextuelles. Toutefois soyez prévenus, une seule erreur et c’est le game over assuré.

Au niveau graphique, Prison Break s’en sort moyennement à l’aide de personnages reconnaissables et d’environnements correctement modélisés. On regrettera seulement la présence d’animations robotiques et peu naturelles. Au niveau sonore, on retrouve ce même sentiment d’inachevé. Le jeu se repose bien trop sur la bande originale de la série et en abuse constamment.

Répétitifs, les bruitages bénéficient néanmoins d’une bonne spatialisation. Les doublages eux sont contradictoires. On pourra reconnaître la plupart des voix originales, mais ces voix manquent cruellement implication. Dommage, vraiment dommage…

Vous l’aurez compris, ZootFly a eu du mal à exploiter correctement la série télévisée et s’est contenté de nous concocter un jeu très brouillon et basique à la fois. Il possède très peu d’arguments qui pousseront les fans à se procurer le titre ou même de le finir. L’univers Prison Break méritait certainement un meilleur sort, mais ZootFly n’a pas eu les épaules assez solides pour supporter correctement la pression et nous dégoter un concept efficace.

+ Les plus

  • Le concept d'origine
  • Clins d'œil à la série
  • Efficace spatialisation sonore

- Les moins

  • Concept archi-scripté
  • Animations robotiques
  • Doublages peu convaincants