Le 26 avril 2010, Eldar Murtazin publiait sur le site russe Mobile-Review des impressions quelque peu mitigées vis à vis du Nokia N8, premier smartphone sous Symbian^3, et critiquait le groupe finlandais pour la persistance de certains travers l'empêchant de s'imposer sur le haut de gamme.

Le lendemain, Nokia annonçait le modèle Nokia N8 en fanfare, le terminal étant d'autant plus important qu'il doit convaincre de la qualité de Symbian^3. Malheureusement, bon nombre d'analystes avaient déjà pris acte des réflexions d'Eldar Murtazin, faisant glisser légèrement le titre en Bourse et gâchant un peu l'effet de surprise.

Dans un billet aigre-doux sur le blog officiel du groupe, on se désolait de cette publicité négative alors que Nokia a plus que jamais besoin de rassurer sur ses capacités d'innovation dans le domaine des smartphones, et on promettait que cela allait changer, sans aller pour autant jusqu'aux excès d'autres grands groupes, qui n'ont par ailleurs pas été à l'abri de mauvaises suprises.

Dans le billet, Nokia réclamait la restitution du prototype ayant servi à donner les premières impressions parues sur Mobile-Review. Indiquant ne pas avoir obtenu de réponse, le groupe finladais a décidé d'aller plus loin en demandant à la justice russe d'intervenir.


Une question de propriété intellectuelle, pas de sanction des propos

Nokia N8 03a Nokia prend bien soin d'expliquer que cette action n'est pas liée à la critique négative d'Eldar Murtazin mais qu'elle est associée à la notion de sa propriété intellectuelle tombée dans des mains non autorisées et qu'elle souhaite récupérer.

La société évoque le rôle double du personnage, qui publie sur Mobile-Review mais qui joue aussi un rôle de " consultant " pour d'autres fabricants. Et, accusation à peine voilée, qui pourrait donc renseigner d'autres sociétés sur les secrets industriels et les stratégies de Nokia en mettant la main sur des pré-versions.

Pour le moment, l'action de Nokia se limite à la demande de restitution de l'ensemble des prototypes et autres éléments lui appartenant qu'Eldar Murtazin aurait en sa possession. La société se laisse la possibilité d'aller plus loin et prévient déjà qu'elle prendra toutes les mesures appropriées pour protéger sa propriété intellectuelle.

Elle se défend également de vouloir faire fermer le site Mobile-Review, généralement très bien informé plusieurs mois à l'avance des produits mobiles à venir ( et cela ne concerne pas que Nokia ) ou de vouloir museler une voix dissonante à son encontre.

Ce n'est pas la première fois que Nokia se retrouve piégée par les fuites et, tout en reconnaissant qu'elles peuvent aider la société à anticiper l'accueil d'un modèle auprès du public, il semble que le groupe finlandais soit en train de durcir ses positions, ce qui pourrait conduire à un renforcement de la sécurité autour des prototypes et à de nouvelles procédures pour éviter de telles déconvenues. La notion de " cercle de confiance " va certainement connaître une certaine contraction.