En annonçant mi-2011 qu'il cessait le développement de ses logiciels sur les processeurs Itanium d'Intel, principalement utilisés dans des serveurs conçus par HP, l'éditeur Oracle affirmait que cette variété de processeur était sur le point d'être abandonnée.

HP et Intel ont aussitôt réagi en démentant toute interruption à court terme de la ligne de processeurs et en rappelant sa roadmap de produits en cours de développement garantissant un cycle sur au moins plusieurs années encore.

HP y a surtout vu une manoeuvre indélicate pour inciter ses clients sous Itanium à se tourner vers l'offre de serveurs d'Oracle dont il dispose depuis le rachat de Sun Microsystems. Le groupe a porté plainte en affirmant notamment qu'Oracle avait une obligation contractuelle d'assurer un suivi de ses logiciels sur Itanium. De son côté, l'éditeur a répliqué en affirmant que HP mentait à ses clients sur la pérennité des serveurs Itanium.

Le procès s'est ouvert début juin 2012 et a cherché à déterminer si Oracle avait failli à ses obligations de développement envers HP. Si tel était le cas, ce dernier pouvait demander un dédommagement pouvant aller jusqu'à 4 milliards de dollars.


4 milliards de dollars en jeu hp-logo  
Or, c'est bien ce qui est apparu dans la décision de la cour californienne qui vient d'affirmer qu'Oracle est contractuellement tenu de poursuivre le développement et assurer le suivi de ses logiciels pour la plate-forme Itanium, selon une clause présente dans le règlement d'un litige antérieur entre les deux groupes.

Ces derniers, un temps partenaires proches, ont vu leurs relations se dégrader quand Mark Hurd, fraîchement débarqué de son poste de CEO de HP et ami du patron d'Oracle Larry Ellison, a été embauché un mois plus tard par l'éditeur pour prendre la tête de la division serveurs, tandis que HP se choisissait Leo Apotheker comme nouveau dirigeant, au grand dam d'Ellison qui le tient pour partie responsable de l'affaire TomorrowNow qui a fini en procès entre Oracle et SAP (qu'Oracle a gagné).

Oracle n'a jamais vraiment reconnu la validité de la clause sur laquelle repose l'accusation de HP, estimant qu'il s'agissait alors d'un simple geste commercial pour rassurer les clients inquiets des tensions entre les deux groupes et non d'un engagement ferme.

La cour reconnaît pourtant bien le droit de HP de réclamer le suivi des logiciels Oracle sur Itanium, ce qui va lancer une nouvelle phase du procès sur la détermination du montant des dommages. Pendant que HP se félicite de la décision et évoque une "immense victoire ", Oracle indique de son côté que la décision ne modifie pas le fond du problème, à savoir que les processeurs Itanium sont selon l'éditeur en fin de vie, ce que cachent HP et Intel à leurs clients.

Les enjeux restent élevés, les serveurs sous processeur Itanium se situant dans le haut de gamme ( donc générateur de marges ) de l'offre de HP, mais les frictions entre les deux groupes ont incité les clients à adopter une attitude prudente en attendant le résultat du procès.