Des contrées tiraillées

Pour les plus connaisseurs d'entre-vous, Vanillaware est synonyme de Princess Crown, apparu sur Saturn puis sur PSP. Cette base étant un gage de qualité, le dernier projet en date, GrimGrimoire, revêt une certaine aura qui ne fait en aucun cas de l'ombre à l'optique de la société. Très attendu par de nombreux possesseurs de PS2, Odin Sphere arrive finalement dans nos contrées et qui plus est, dans une version entièrement traduite en français.

Le titre se veut très subtile dans la composition de son scénario. En effet, vous serez amené à vous immerger dans cinq livres relatant les faits de cinq personnages différents. L'attrait de cette configuration vient du fait que les destins s'entrecroisent pour déboucher sur une triste finalité commune. Vous parcourez donc les actes les uns à la suite des autres, vacillant de l'inédit à des décors et protagonistes aperçus dans les précédents scénarios. De ce fait, plus on avance, plus le joueur prend conscience des différentes ficelles tirées par les acteurs aux viles intentions.


Vous débutez donc par le premier tome, vous immergeant dans le destin de Gwendolyn, Valkyrie de son état, et fille cadette du seigneur Odin. Ce dernier se révèle absorbé par la guerre entre les nations qui entoure l'empire Ragnanival et ne prête en aucun cas attention à ses enfants, notamment sa fille Griselda, tombée au combat. La lutte fait donc rage entre les terres d'Odin et Ringford, le royaume des fées, dans l'unique but de contrôler un mystérieux chaudron destiné à la création de cristaux incroyablement puissants nommés Psyphers. Gwendolyn, bien décidée à suivre l'ambition inépuisable de son père, se lance à corps perdu dans la bataille à l'aide de sa lance magique remise par sa sœur aînée avant de rendre l'âme.

Vous suivrez donc l'évolution de l'aventure tout en faisant brièvement la connaissance de divers personnages clés qui auront une importance parfois primordiale au fil des scénarios. Vous continuerez ensuite votre cheminement en parcourant le lourd destin de Cornelius, le prince du royaume de Titania, puis celui de la fée Mercedes. Les cinq scénarios s'entrecroisent à des moments clés, vous éclairant sur les détails de l'histoire et des rôles que chaque personnage dans l'importante finalité. Tout cela offre au joueur une dimension hautement immersive, poussant au désir d'en savoir plus sur les sombres desseins qui se trament sur le continent d'Erion.

Une approche délicate

Contrairement à GrimGrimoire qui se qualifie davantage à un RTS, Odin Sphere penche nettement du côté de l'Action-RPG. La progression comprend quelques traits similaires à celui de Valkyrie Profile 2 : Silmeria (accéder au test), puisque vous vous déplacez uniquement par la gauche ou par la droite. Seulement, chaque niveau se compose de différentes zones de combat de forme sphérique, ce qui vous épargne des chemins débouchant sur des impasses. De ce fait, vous pourrez choisir la direction à emprunter, tout en vous aidant de la carte via la touche L1. Il est important d'inspecter toutes les zones afin d'acquérir des objets parfois très importants pour la suite des évènements.

Les combats sont donc en temps réel, les ennemis apparaissant à l'écran par vagues. Vous êtes donc libre de vos mouvements et la configuration de la zone vous offre la possibilité de prendre l'ennemi à revers. Quoi qu'il en soit, les affrontements s'avèrent fort ardus, mêmes en réglant le mode de difficulté au cran inférieur. De ce fait, le jeu vous incite à prendre chaque affrontement avec sérieux et surtout avec une certaine prudence afin d'éviter de vous faire salement amocher, surtout que vous disposez d'une jauge limitant le nombre de coups, de la même manière que Rogue Galaxy (accéder au test). Il est donc conseillé d'éviter de vous lancer à corps perdu dans les foules ennemies et préférer les attirer un à un dans l'unique but de les hacher menu. Chaque ennemi vaincu lâche une certaine quantité de Phonzons, des particules violettes servent de jauge de magie pour votre arme. Il faudra donc les absorber de la même façon qu'un Onimusha afin de pouvoir utiliser différents pouvoirs magiques accessibles au fil de l'évolution de votre expérience.


Pour vous informer, chaque zone de la carte est précisée par une valeur en étoiles, correspondant au nombre d'ennemis qui s'y trouvent et/ou à leur puissance. De ce fait, si vous récupérez la carte du niveau, vous saurez à l'avance à quoi vous attendre dans les arènes suivantes. Certaines d'entre elles indiquent d'ailleurs la présence de boss. Ces derniers sont souvent assez coriaces pour peu que l'on soit à un niveau d'expérience plutôt médiocre. Il faudra donc être très vigilant et prendre son temps pour réduire leur barre de vie à zéro.

À la fin de chaque nettoyage de zone, un panneau latéral vous précise les détails de votre affrontement et vous impose une note (de D à S). Plus le grade est élevé, plus les objets du coffre qui vous sera attribué seront nombreux et de qualité. Il faut donc veiller à terminer rapidement les phases de combat tout en préservant sa jauge de vie afin de pouvoir mettre la main sur des objets hautement intéressants tels que des équipements de soutien. Le jeu se basant énormément sur l'alchimie et la conception de repas copieux, vous récupérerez bien souvent des recettes qui viendront se greffer à votre menu consultable à tout moment.

Combat, alchimie et culture botanique

Dès les premières minutes de jeu, vous vous demanderez que faire des graines, noyaux et autres légumes qui accompagnent les pièces des coffres. Vous comprendrez bien assez vite que cela sert à vous concocter des repas de premiers secours servant à restaurer les parcelles de votre santé, tout en augmentant votre expérience. Par exemple, récolter des graines de framboise, des pépins de paumme ou des noyaux de mangal permet de faire pousser des plantes et arbres très rapidement à l'aide des Phozons libérés par les ennemis. L'idéal est donc de planter ses graines dès l'entrée dans une nouvelle zone de combat afin que la plante absorbe les particules, ce qui lui permettra d'évoluer extrêmement rapidement dans le but de produire les fruits.

Par la suite, vous découvrirez des recettes de cuisine qui seront utilisables dans le restaurant et le café du quartier des Pookas, une race de lapins au lourd passé. Les plats préparés offrant bien plus d'expérience que des fruits trouvés ça et là, vous prendrez souvent sur votre temps pour récolter les ingrédients demandés, les transformer, afin de les faire préparer en cuisine. Pour faire du poulet par exemple, il faudra trouver (ou acheter via une boutique) un œuf, puis le poser à même le sol pour qu'il éclose. Le poussin nouvellement né devra ensuite ingurgiter pas moins de trois graines ou noyaux afin de devenir un poulet destiné à être tranché pour en faire de la nourriture. De ce fait, vous augmenterez très rapidement votre niveau, facilitant ainsi vos futurs affrontements à l'aide de votre jauge de vie boostée et vos nouvelles magies.


D'autres ingrédients, les mandragores, sont quant à eux enterrés dans le sol. Pour les déloger, il faut sauter à l'endroit ou vous entendez des couinements. Sitôt sorties, les mandragores prennent alors leurs jambes à leur cou. Il ne vous restera plus qu'à les frapper pour les récupérer. Déclinées en cinq familles, les mandragores permettent de préparer des plats spéciaux ou de créer des recettes alchimiques.

Pour ce dernier point, il faut vous munir d'une fiole de matière, dans laquelle vous mélangerez vos mandragores afin de créer des potions aux effets divers, vous aidant à progresser dans les niveaux. En effet, certains décors glacés vous font perdre continuellement de la vie. Pour vous réchauffer, il faudra créer une potion permettant d'augmenter la température de votre corps, donc de vous immuniser brièvement. D'autres recettes acquises par la suite vous permettent de créer des solutions de soin, d'attaques élémentaires, ou encore de multiplication de l'expérience reçue par les aliments. Le concept s'avère particulièrement original et diablement indispensable si l'on désire progresser de façon optimale dans l'aventure sans avoir à débourser continuellement les quelques rares écus récoltés au combat.

Galerie d'images

Lorsque l'art se greffe au jeu vidéo

Outre la forte ambiance issue de la mythologie nordique, Odin Sphere brille par sa qualité graphique qui insuffle une véritable aura, un véritable caractère à l'aventure. Les couleurs chatoyantes donnent une profondeur à ce moteur 2D exemplaire. De plus, les animations offrent un réalisme évident au moindre détail du décor ou des personnages. Une brindille qui vogue au gré du vent, une perspective de l'environnement lointain lors des déplacements, la gestuelle des protagonistes, aucun élément n'a été laissé au hasard de ce côté-là. Pour s'en convaincre, il suffit de constater la façon dont les graines plantées poussent en temps réel. L'animation est parfaite et ne dénote en aucun cas avec le reste du décor. Magnifique.


Cela dit, le moteur se veut assez agonisant lorsqu'il y a trop d'ennemis ou d'effets magiques à l'écran. Quelques légers ralentissements se font donc sentir, mais ne posent pas de souci majeur sur le plan de la jouabilité. Atlus a eu la bonne idée de proposer le choix entre un mode 50Hz optimisé et le 60Hz, permettant de profiter comme il se doit de la qualité visuelle du jeu. On constatera également que la version PAL du jeu a abandonné quasi-totalement le principe des bulles de dialogue, plaçant les textes en bas de l'écran. Un choix somme toute assez intéressant, afin de profiter pleinement des véritables œuvres artistiques des scènes du jeu.

Très présent dans les OST des derniers RPG en date, Hitoshi Sakimoto signe les thèmes sonores d'Odin Sphere, laissant comme d'habitude un cachet à la fois épique et poignant à l'aventure. Le titre de Vanillaware s'en tire au final extrêmement bien et redore à nouveau le blason d'une PS2 toujours dans l'air du temps.

Odin Sphere (Version US)   Image 16 Odin Sphere (Version US)   Image 7

Odin Sphere est disponible à l'achat à partir de 37,00€.

+ Les plus

  • Le moteur graphique d'une extrême beauté.
  • Les thèmes sonores.
  • La gestion des recettes d'alchimie et de cuisine.
  • Le doublage japonais.
  • L'entrecroisement scénaristique.

- Les moins

  • Quelques ralentissements en combat.
  • Une difficulté parfois très accrue.