Carte-Musique-site Après plusieurs reports, la Carte Musique a donc été lancée jeudi avec pour point d'entrée obligatoire le site gouvernemental Carte Musique 12-25 ans afin d'obtenir le ticket à 5, 10 ou 25 € permettant de télécharger le double du prix déboursé sur la plateforme partenaire de son choix. C'est  l'État qui double ce montant, dans la limite de 25 € par carte.

Depuis le lancement de cette Carte Musique, on observe une véritable chasse aux failles dans le dispositif mis en place. Nous avions déjà constaté avec un certain étonnement qu'il suffisait apparemment d'une simple déclaration sur l'honneur pour faire partie de la tranche d'âge ciblée par la Carte Musique. Une mesure effectivement confirmée.

Notre confrère Numerama a lui mis au jour une véritable incohérence dans le dispositif liée à une plateforme partenaire, l'incontournable iTunes d'Apple. La Carte Musique permet en effet sur iTunes d'acheter certes de la musique, mais aussi d'autres contenus et jusqu'à des applications pour iPhone et iPod touch.

ElectronLibre apporte quelques éclaircissements sur cette affaire et parle d'un accord tacite entre Apple et le ministère de la Culture. Pour les achats opérés via la Carte Musique et ne concernant pas directement la musique, Apple ne bénéficiera pas du remboursement de l'État. La transparence sera facilitée par le fait que chaque plateforme partenaire doit faire parvenir au ministère un rapport détaillé des achats effectués. La Carte Musique ne pouvait apparemment pas se passer de la participation d'iTunes, au prix de quelques concessions. Reste que c'est un peu de l'esprit de la Carte Musique qui est ici corrompu. Rappelons que pour chaque plateforme partenaire, une dépense maximale de 5 millions d'euros des détenteurs d'une Carte Musique est autorisée.


Course à la surenchère
ZDNet a pour sa part épinglé une série de failles dans le dispositif dont l'exploitation tient de la fraude. Mais, ce qui nous semble le plus déconcertant, est le fait que de nombreuses plateformes partenaires sont allées bien au-delà du remboursement à hauteur de 50% de l'État pour proposer des offres encore plus attractives, qui finalement nuisent à la lisibilité du prix de la musique en ligne.

C'est en effet la course à la surenchère, Qobuz, qui a été le plus prompt à communiquer sur la Carte Musique, propose à titre d'exemple de multiplier par six ( et non pas seulement deux ) l'offre musicale proposée suite à l'achat d'une Carte Musique. Ainsi, un ticket à 25 € donne droit à 150 € de musique sous la forme d'un abonnement streaming et de chèques de téléchargement ( sur tout le site et sur une sélection ).

Lors de son discours de présentation de la Carte Musique, le ministre de la Culture a précisé que d'autres plateformes vont adhérer au dispositif d'ici la fin de l'année : Allo Music, Musicovery, Nokia, Spotify, 7 Digital, SFR, VivendiMe, Yozik et Zaoza.

Pour Frédéric Mitterrand :

" La Carte Musique et l'Hadopi participent d'une seule et même démarche qui vise à modifier le comportement du plus grand nombre des internautes et à renforcer l'éco-système fragile de la création. […] L'idée de l'accès libre et gratuit à la musique en ligne, par le biais du téléchargement illégal, s'est imposée dans les esprits, notamment des plus jeunes consommateurs. Cette situation n'est pas satisfaisante : elle ne permet ni de préserver les conditions de la diversité de l'offre musicale, ni de rémunérer les ayants droit dans des conditions qui puissent assurer le renouvellement de la création musicale et des talents.

[…] La jeunesse représente un formidable moteur d'entraînement pour toutes les pratiques du numérique : si les jeunes adoptent les plateformes, la partie sera, je le crois, gagnée pour la musique en ligne. "