Les Etats-Unis doivent composer avec les révélations sur les pratiques d'écoutes de la NSA et un fonctionnement qui dépasse parfois le cadre légal mais la France n'aurait pas grand-chose à leur envier en matière de programme secret d'écoutes.

Le journal Le Monde revient sur la PNCD (Plate-forme Nationale de Crytage et de Décryptement) installée dans les locaux de la DGSE, véritable Big Brother doté des plus puissants calculateurs du territoire  mais dont l'existence et le financement sont camouflés dans d'autres programmes.

Hokkaido Japon espionnage trou de serrure  Le journal évoque pourtant sa "place exorbitante au sein de l'organisation du renseignement en France", sa capacité à récupérer des milliards de données concernant les citoyens par des moyens satellitaires, hertziens et via les câbles sous-marins et l'échange des données recueillies avec différents services de renseignement et militaires français, mais aussi avec des services étrangers.

Le côté sombre de ce programme est qu'il fonctionne sans aucun contrôle, ni ministériel ni de la CNCIS (Commission Nationale de contrôle des interceptions de sécurité) pourtant chargée de vérifier la légalité des écoutes administratives.

Le Monde souligne également que la PNCD est "reliée aux centres de stockage de tous les opérateurs installés en France", avec la possibilité de faire remonter rapidement les métadonnées utiles en cas de requêtes.

Et si la plate-forme d'écoute est censée fonctionner pour intercepter les échanges hors de France, de nombreux services y ont accès depuis 2007 : Tracfin (finance), DNRED (douanes), DPSD (militaire), DRM (militaire), direction du renseignement de la préfecture de police de Paris...et DGSI (sécurité intérieure).

L'absence de distinction nette entre données étrangères et données françaises dans une collecte qui se rapproche d'une "pêche au chalut" semble laisser faire un peu tout et n'importe quoi, profitant d'un flou juridique et d'une mutualisation des moyens techniques qui permet finalement de dépasser les cadres légaux en captant des masses de données plutôt qu'en réalisant des écoutes ciblées.

Source : Le Monde