Introduction

Après la preview (que vous retrouvez ici) vient évidemment le temps du test de Turok. Et puisqu'il parait en premier sur les deux consoles next-gen du marché, il était entendu que nous allions nous y attarder sur une version ou l'autre. Le choix s'est donc porté sur Turok dans sa mouture PS3. Pourquoi nous demanderez- vous? Et bien on serait tenté de vous répondre pourquoi pas. Et puis au delà du choix de la console, il revient une constante : la difficulté à faire un FPS de qualité sur console notamment en raison d'un déficit de jouabilité d'un tel jeu par rapport aux versions sur PC.


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Une fois de plus, on s'est donc tapé une notice nous expliquant de quelle manière il allait falloir procéder pour tailler notre route dans ce nouveau jeu. Une petite remarque, un rien perfide, à ce sujet nous pousse à nous demander comment cela se fait-il qu'il n'existe pas en la matière un début de commencement de normalisation des attributions de boutons. En effet, à chaque fois c'est une nouvelle configuration, pas toujours heureuse en plus. Quand en plus les développeurs se fendent d'un gameplay imparamétrable à l'heure ou pratiquement tout le reste l'est, on atteint souvent le summum de l'exercice imposé.


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Mais bon, au diable les sticks analogiques pas idéaux pour tout ce qui est mouvements rotatifs où la précision est essentielle. Au diable les attributions moisies qui nous conduisent à des luxations de chacun de nos dix doigts. Aux orties les préjugés pas toujours fondés sur le FPS en milieu consoleux. Allons mes chers amis, ne nous arrêtons pas en si bon chemin (de croix) et dirigeons-nous vers ce qui sera peut être (en fait sans doute pas) le prochain Eden du jeu de tir à la première personne sur PS3 : Turok.

Un mélange des genres

Nous vous le disions un peu auparavant, Turok est un jeu qui mélange certaines véritables références de l'inconscient collectif. D'abord, et la présence actuelle dans les salles obscures du dernier (pour de vrai ?) épisode de la série philosophique sur le bien fondé de la guerre, j'ai nommé Rambo, nous amène forcément à y voir un rappel. Dans notre cas, vous incarnez Joseph Turok, un indien repris de justesse et alors affecté à une unité dénommée Wolf Pack. Cette unité, un peu comme la Légion Etrangère, recyclait les condamnées les plus violents pour en faire une escouade furieuse et sanguinaire. Recyclait vous dit-on. En effet, cette unité n'est plus. Tout du moins, nombreux sont ceux qui aimeraient qu'elle ne fût qu'un souvenir.


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Malheureusement, son ancien responsable, un certain Roland Kane, s'est réfugié sur une planète aux confins de l'univers avec à ses cotés une force paramilitaire fondée par un vague conglomérat. Votre mission va donc normalement consister à ramener Kane, l'insoumis qui se révèle être aussi votre ancien mentor au sein du Wolf Pack que vous avez quitté, pour le mettre dans un univers carcéral adapté. En bref, normalement c'est direction la taule pour le méchant. Mais là où les choses se compliquent, c'est lorsque le vaisseau à bord duquel vous faites route vers cette planète verdoyante est attaqué.


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En vous crashant, la quasi totalité de vos nouveaux amis de la Compagnie Whiskey (encore une bande d'éponges à vinasse...) décède. La réalité de la mission change alors complètement de nature alors même que vous vous rendez compte d'une étrangeté qui nous amène à une seconde référence cinématographique : la présence de nombreux dinosaures prêts à vous croquer autant que vos ennemis. Ici bien sûr, c'est Jurassic Park qui fait remonter nos souvenirs. Il va avant tout falloir survire. L'histoire est ainsi tout à fait conventionnelle à ce que l'on peut retrouver par ailleurs dans l'industrie hollywoodienne. On s'y attendait et il ne s'agit pas d'une mauvaise surprise. Ce qui n'est pas le cas du gameplay.

Indien hirsute et irritant

Comme on s'y attendait, Turok est un jeu au gameplay douteux. Mais ce qui est le plus chagrinant est qu'il va au delà de nos craintes. Cette descente aux enfers du jeu vidéo se fait en plusieurs phases que nous n'avions pas toutes prévues. La première, la plus évidente nous vous en parlions plus haut, tient à la rengaine des FPS joués via une manette pas forcément adaptée. Turok n’échappe donc pas à la règle et ce n'est pas là-dessus que nous lui en voulons le plus. Car le second palier de compression intervient lorsque l'on se rend compte que la configuration des boutons ne peut absolument pas être modifiée... A la limite, si on avait pu reprendre une config qui nous avait satisfait précédemment cela nous aurait évité ce désagrément.


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La troisième (et non il ne s'agit pas de la dernière) nous étreint lorsque l'on se rend compte que même en réglant la sensibilité au minimum, au contraire des habitudes qui poussent souvent à plus de sensibilité pour plus de réactivité, on a bien du mal à viser. En fait, comme nombre d'autres, en pressant la direction suffisamment longtemps, l'accélération sensée vous aider à tourner plus vite intervient. Mais elle intervient si vite et si intensément qu'on se retrouve à sans cesse compenser. On ne vous raconte alors pas la précision du truc. Mais bon, ce n'est pas le pire.


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Car la quatrième, et dernière cette fois-ci, déception vient de la confrontation avec les velociraptors et autres tyrannosaures. Si l'idée de la grenade éclairante pour les renvoyer vers vos ennemis est intéressante (ah tiens un bon point quand même) les combats au corps à corps sont crispants. Ils vont si vite qu'ils sont durs à viser, et vous projettent très vite au sol. Et là pour vous en sortir il faut appuyer comme un malade sur le bouton R2. Pour rappel la course du bouton est très longue et invite plutôt à être utilisé pour sa sensibilité. On appuie frénétiquement et le résultat est bien pouilleux. En fait, pour se débarrasser des petites bébêtes, si rapides, le salut vient souvent du couteau qui trouve sa place, grâce à ce défaut mais aussi à la possibilité de vous glisser derrière un étourdi pour le taillader.

Ah bon, c'est un jeu PS3 ?

Comme vous vous en rendez un peu mieux compte, les griefs sont nombreux concernant Turok. Au niveau de la jouabilité. Mais aussi au niveau des graphismes. En effet, les développeurs ont semble-t-il bien mal utilisé le dernier Unreal Engine pour faire tourner leur bébé. Si la vivacité des mouvements est une donnée qu'il est agréable de retrouver tout comme le design global des personnages principaux de l'aventure non sans rappeler Unreal Tournament III, la pauvreté des environnements et la rudesse des textures sont des variables qui font tourner l'équation à l'amer. Pour une fois, on vous demandera de ne pas vous fier aux screenshots plutôt avantageux en l'espèce.


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En outre, il est relativement fréquent de voir des ralentissements intervenir ou bien des scintillements ou encore des lags affligeants lors des quelques cinématiques qui jonchent le parcours. Quand en plus on aura fini la description en ajoutant que les effets de fumées sont si mauvais qu'ils rappellent ceux de F.E.A.R. on aura pratiquement terminé le massacre. On a forcément (volontairement ?) oublié quelques défauts mais il n'est pas non plus nécessaire d'allonger la liste pour vous faire passer le message. D'autant qu'il nous faut aussi évoquer le mode online. Car lui aussi n'est pas exempt de tout reproche.


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On pourra commencer par les maps pas très nombreuses. En outre, elles sont assez ternes dans leur design même si pour le coup elles pourraient laisser penser qu'un effort de stylisation a été opéré et donc justifier cet état de fait. Ensuite, les temps d'accès aux serveurs sont relativement et étrangement longs. Et ceci en dépit de la dernière remarque sur ce mode qui est la désertion actuelle des serveurs, chose qui sera peut être corrigée dans les jours à venir une fois que plus d'acheteurs auront jeté leur dévolu sur ce jeu... ou pas, vu la qualité très relative de celui-ci.

Un p'tit sourire pour la photo ?

On ne pouvait tout de même terminer ce test sans consacrer une partie à ce qui nous avait plu dans ce jeu, car il reste quelques points qu'il fallait souligner sans quoi vous auriez pu penser que nous avions rédigé ce papier comme un juge instruit uniquement à charge. En effet, et tout d'abord, la sélection des armes disponibles est complète et variée. Outre le couteau et les différents fusils qui peuplent ce jeu, on retrouve un arc futuriste très précieux et au comportement génial. Car une fois n'est pas coutume, vous ne pouvez pas bander l'objet aussi longtemps que vous le voulez. Au bout de quelques secondes il faut relâcher la flèche ou accepter que le personnage lâche de lui même.


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Ensuite, les armes sont agrémentées d'un tir secondaire cohérent avec le tir primaire. Certaines armes permettent d'ailleurs de posséder un lanceur de projectiles létaux dans chaque main, avec des couples d'armes parfois dévastateurs. Autre point de satisfaction, la bande son de ce jeu a reçu un effort tout particulier. La musique est dans les clous d'un film du genre, les dialogues (même si le niveau intellectuel des personnages est inversement proportionnel à leur masse musculaire) bien calibrés. Et l'ambiance générale du jeu absolument parfaite. On peut en outre totalement deviner les mouvements des sbires d'en face en se limitant à l'écoute du bruit qu'ils font.


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Enfin l'idée de pouvoir utiliser les dino à son avantage est un vrai plus. Il n'est ni essentiel ni vital mais donne un peu plus de profondeur dans le gameplay qui s'est pourtant bien enfoncé dans les abîmes sans vouloir retourner le couteau dans la nuque de l'animal préhistorique exécuté quelques minutes auparavant. Bref tout n'est pas à jeter dans ce jeu, bien au contraire, mais les insatisfactions sont si nombreuses qu'on se demande encore comment cela est possible, notamment au niveau graphique et en regard de la version Xbox 360, bien plus probante sur ce point. L'excuse de la difficulté de développement sur PS3 se tient de moins en moins au fur et à mesure que les jeux de qualité sortent sur cette console. Et puis s'ils ne savent pas faire, ils peuvent aussi s'abstenir.

Conclusion

Vous l'aurez compris, si l'expérience Turok continuera de figurer dans nos mémoires, c'est plus pour ses échecs que pour ses réussites. On aurait bien du mal à vous chanter les louanges d'un jeu qui nous a fait autant... déchanter. Au delà du calembour et de la rime qu'il permet, le fait est qu'on s'est au choix ennuyé devant la linéarité du jeu, irrité face à la maniabilité incohérente surtout lorsqu'on est renversé par un dino maladroit ou encore désolé en contemplant la pauvreté graphique générale qui ressort de Turok. N'en jetez plus la coupe est pleine.


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Nous n'avons plus qu'à attendre que la sortie sur PC dans les prochains mois vienne un peu compenser tout ceci pour nous démontrer que les gens de chez Aspyr peuvent mieux faire que la bouillie rendue par Propaganda Games. Il existe probablement de bonnes raisons pour que le développement de Turok sur PS3 ait débouché sur un jeu si moyen. Mais il existe assez peu de bonnes raisons pour nous de vous conseiller l'acquisition de ce titre. A moins d'être fan de dinosaures et de jungle on ne voit pas trop quelles pourraient être les motivations. Et encore pour la jungle, une fois qu'on a zarzouillé dans celle de Crysis, on a du mal à en visiter une autre. Bon alors juste pour nos amis Dinosaurophiles...


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Turok est disponible sur PS3 à partir de 57,00 €

+ Les plus

  • Bande son
  • Les différentes armes disponibles

- Les moins

  • Jouabilité crispante
  • Il parait qu'on peut régler la sensibilité des commandes selon ses désirs
  • Graphismes indignes d'une PS3