Qualcomm logo Rien ne va plus chez Qualcomm, l'un des plus gros fournisseurs de puces pour téléphones portables. Accusée par Nokia et d'autres équipementiers d'avoir la main lourde avec sa politique de licensing de ses brevets, la société est attaquée en justice et sous le coup d'investigations de régulateurs européens, sud-coréen et japonais.


Les royalties, une manne financière
Paul Jacobs, co-fondateur de Qualcomm, tente donc de se disculper et accuse ses opposants de manoeuvres pour tenter de verrouiller le marché à leur profit. La société détient 1900 brevets aux Etats-Unis, et a fait des démarches pour en valider 3200 de plus, notamment autour du CDMA, la norme de téléphonie mobile concurrente du GSM européen, et du W-CDMA, l'évolution 3G de ce même GSM.

Les critiques portent sur le fait que Qualcomm surestimerait l'importance de ses brevets et demanderait en conséquences des royalties disproportionnées, ce que réfute le fabricant de puces, qui clame que les droits réclamés ne représentent pas plus de 5% du prix total d'un téléphone portable.

Les conséquences de cette affaire sont importantes car elles risquent d'inciter d'autres compagnies à revoir plus agressivement leur politique de licensing. Les droits versés à Qualcomm ont compté pour un tiers des revenus de la société en 2006, provoquant l'envie ou la colère chez la concurrence.


Nokia, un client non négligeable
L'autre grande question tournant autour de ce conflit porte sur le renouvellement des licences accordées à Nokia avant l'expiration du contrat le 9 avril prochain. Qualcomm peut-il se passer du plus gros fabricant de mobiles, alors que le marché du CDMA représente un cinquième de l'ensemble des téléphones portables dans le monde '

Des résultats financiers prévisionnels ont déjà pris en compte le risque de non-renouvellement, et Qualcomm fera tout pour empêcher Nokia de vendre des terminaux sans avoir acquis les licences correspondantes si aucun accord n'est trouvé, tandis que le géant finlandais cherche des moyens de contourner cette menace.


Divergences sur la valeur des brevets
Une partie du conflit repose sur le fait que Qualcomm souhaite appliquer les mêmes royalties au W-CDMA que pour le CDMA, tandis que les équipementiers, comme Nokia, Ericsson ou Motorola, estiment que cela ne tient pas compte de leur contribution au développement de ce standard.

Nokia se fonde sur une étude sponsorisée parue en 2005 qui a comparé 8000 brevets et estimé que Qualcomm ne détient pas plus de 38% des 732 brevets essentiels au W-CDMA. Qualcomm a répliqué par des livres blancs réfutant l'étude et mettant en avant sa propre contribution à l'établissement du standard.

La lutte pour les royalties est donc loin d'être terminée et Qualcomm estime que ses frais de justice vont doubler en 2007 pour atteindre 200 millions de dollars.