Les émeutes ont durement touché le pays ces derniers jours, générant des dégâts estimés à 1 milliard d'euros. Les réseaux sociaux ont joué un rôle important comme relais d'information et de suivi de l'évolution de la situation en temps réel mais aussi comme moteur d'embrasement en facilitant l'organisation des exactions et en générant un effet de fascination par la diffusion de vidéos de pillages et de scènes violentes.

Ce pouvoir aux multiples facettes des réseaux sociaux est maintenant questionné alors que la situation revient peu à peu à la normale. Lors de sa réunion avec 220 maires dont les communes ont été touchées par les dégradations, le président de la République Emmnanuel Macron a évoqué cet effet des réseaux sociaux comme élément d'emballement des exactions...au point d'envisager de bloquer leur accès à l'avenir en cas de tensions.

Faut-il bloquer les réseaux sociaux en cas de tensions ?

Sans en faire encore une priorité et en ne voulant prendre une décision à chaud qui prendrait aussitôt une dimension de dérive totalitaire du pouvoir politique, Emmanuel Macron a estimé que cela devait constituer "un vrai débat" à partir d'une réflexion de fond.

Les entreprises derrière les réseaux sociaux n'étant pas forcément très réactives en matière de retrait de contenus sensibles, la possibilité d'un couvre-feu des réseaux sociaux dans certaines situations tendues ne serait donc plus exclu.

Réseaux sociaux

Elle risque toutefois de se heurter à de nombreuses interrogations et critiques. L'usage des réseaux sociaux est fortement ancré dans les habitudes de la population (grâce à des effets addictifs soigneusement entretenus par les plateformes) à un moment où la défiance augmente vis à vis des médias traditionnels déjà régulièrement accusés de se faire les porte-voix du gouvernement ou de toujours donner la parole aux mêmes personnes.

Le blocage, une solution viable ?

Les réseaux sociaux ont aussi une capacité de diffusion virale qui est en soi une forme de résistance face aux tentatives de manipulation ou de masquage des informations, avec l'effet collatéral de pouvoir diffuser tout aussi rapidement de fausses informations et des fake news jouant sur l'émotion et la réaction instinctive des internautes.

Tenter de réguler ces aspects s'annonce périlleux avec la crainte que cette volonté de protection face aux phénomènes d'emballement des réseaux sociaux ne dérive en censure.

Dans le cas de Twitter, l'apparition de limites dans le nombre de tweets visionnables décidées pour freiner l'action des bots récupérateurs d'informations (notamment pour alimenter les IA génératives) ces derniers jours ont tout de suite entraîné une réaction épidermique face à une censure potentielle. C'est dire si le sujet est sensible.

Source : BFMTV