La constellation de satellites Starlink de l'entreprise SpaceX permet de créer un réseau de communication indépendant des réseaux terrestres et capable de couvrir des zones non couvertes et/ou difficiles d'accès.

L'enrichissement rapide de la constellation par des lancements réguliers de grappes de satellites Starlink permet de densifier à un rythme soutenu l'accès à Internet depuis l'espace et d'en démontrer tout l'intérêt, pour un usage standard mais aussi maintenir les communications en cas de catastrope naturelle.

Starlink possède également un rôle stratégique dans le conflit opposant l'Ukraine et la Russie, pour maintenir un lien mais aussi pour préparer des opérations militaires.

Starlink illustre ainsi les multiples rôles que peut prendre une constellation de satellites de communication en orbite basse, offrant à la fois du débit et une latence raisonnable, au point de pouvoir l'amener au niveau des capacités de réseaux terrestres, la prochaine étape consistant d'ailleurs en des réseaux hybrides terrestres / satellites.

Du Starlink sans Starlink

Tout ceci est bien beau mais dépendant de SpaceX et du bon vouloir du gouvernement américain. Comme le GPS, l'accès à Starlink pourrait être interrompu en cas de tensions géostratégiques ou générer une dépendance dont il sera difficile de se passer.

Pour toutes ces raisons, l'Europe veut disposer de sa propre constellation de satellites pour des usages civils / commerciaux comme militaires. C'est le projet Iris2 (Infrastructure de résilience et d’interconnexion sécurisée par satellite) en cours de développement depuis 2021 et doté d'une première enveloppe de plus de 2 milliards d'euros pour un coût total estimé à 6 milliards d'euros mais qui se rapprochera sans doute plutôt des 10 milliards d'euros.

IRIS2 Europe constellation satellite

A la différence de Starlink, cette constellation de près de 300 satellites (très loin des dizaines de milliers que veut mettre en place Starlink) opérera à partir de 2030 sur différentes orbites, dont une bonne partie en orbite basse ou LEO, pour répondre à un ensemble de missions diverses.

Envie de souveraineté, comme pour le GPS

Le projet de constellation Iris2 poursuit son évolution avec la nomination du consortium SpaceRISE (Eutelsat, SES, Hispasat) comme futur concessionnaire du réseau satellite.

Le réseau Iris2 aura pour mission de couvrir les zones blanches, fournir des services haut débit accessibles partout mais il aura aussi un volet militaire assurant des communications sécurisées.

Europe constellation IRIS2 satellite

Avec cette constellation satellite, l'Europe veut avoir un outil assurant sa souveraineté spatiale. Elle se veut une grande réalisation européenne, au même titre que le système de positionnement terrestre Galileo et celui d'observation de la Terre Copernicus, mais elle connait déjà des tensions dans sa phase préparatoire.

Si le projet est européen, l'Allemagne avait regretté de voir la France faire la part un peu trop belle à ses entreprises, sous la houlette de Thierry Breton, alors commissaire européen, qui avait poussé le projet afin que l'Europe puisse rester indépendante de Starlink ou de Kuiper, la future constelllation de Jeff Bezos.

Malgré ces tiraillements, le projet de constellation Iris2 maintient son calendrier de développement et pourrait voir le jour dans les temps. Le système Galileo était né avec 15 ans de retard après de multiples remaniements et un financement bien supérieur aux estimations initiales.

Source : Le Monde