Une bataille juridique se profile dans le secteur de l'intelligence artificielle. La société Tachyum a initié des démarches pour défendre ce qu'elle considère comme sa propriété intellectuelle : la marque déposée TPU.

Le géant de la technologie Google est directement visé, lui qui utilise cet acronyme pour ses célèbres puces dédiées à l'IA, les Tensor Processing Units.

Un historique complexe et un timing qui interroge

Pour bien comprendre les enjeux, il faut remonter le temps. Tachyum a déposé sa demande de marque TPU en septembre 2015, pour la voir officiellement enregistrée en octobre 2020.

De son côté, Google a commencé à exploiter ses propres puces dès 2015, avant de les annoncer publiquement en mai 2016, posant les bases d'un conflit latent.

Google Ironwood TPU

TPU Google de 7ème génération "Ironwood"

Cette chronologie soulève une question essentielle : pourquoi Tachyum, formellement fondée en 2016, a-t-elle attendu si longtemps pour agir, alors que Google en est déjà à sa septième génération de puces ?

La récente demande de Google pour protéger la marque Google TPU en novembre dernier semble avoir été l'élément déclencheur de cette offensive.

Des réalités commerciales diamétralement opposées

Le fossé entre les deux entreprises est abyssal. Google déploie ses puces TPU à grande échelle depuis des années, alimentant ses services cloud et ses infrastructures d'IA.

Ces composants matériels sont une réalité tangible et reconnue du marché, un pilier de sa stratégie technologique.

Tachyum Prodigy processeur universel

Tachyum Prodigy, un TPU...sans Tensor

À l'inverse, Tachyum est souvent perçue comme une société aux promesses ambitieuses mais sans concrétisation. Malgré des annonces régulières, comme celle de son processeur Prodigy Ultimate, aucun produit physique n'est encore disponible à la vente. La confusion entre un produit Google existant et un produit Tachyum inexistant semble donc, en pratique, tout à fait impossible.

Quelle est la véritable stratégie de Tachyum ?

Le PDG de Tachyum, Dr. Radoslav Danilak, affirme que l'usage non autorisé de l'acronyme par Google « crée de la confusion et nuit à ses perspectives commerciales ». Il s'attend à une défense victorieuse de sa marque auprès de l'office américain des brevets et des marques.

Derrière cette déclaration se cachent plusieurs hypothèses. S'agit-il d'une manœuvre pour forcer Google à négocier une licence d'utilisation, générant ainsi des revenus pour une entreprise qui n'en produit pas encore ?

Ou est-ce une simple tentative de « trademark trolling » pour exister médiatiquement ? La réponse de Google, pour l'instant inconnue, sera déterminante pour l'avenir de ce litige.