Contrairement à ce que croit le public, les langages informatiques ne sont pas des langues mortes. Ils évoluent constamment, mutent, jusqu'à prendre des noms évocateurs, comme la technologie AJAX.

A l'énoncé de ce nom, certains penseront à la mythologie grecque, et à l'un de ses héros homonymes, qui combattirent aux côtés d'Achille sous les remparts de Troie; d'autres songeront à une lessive qui lave plus blanc que blanc. D'autres enfin visualiseront les exploits d'une équipe de football néerlandaise.

Mais rares seront ceux qui associeront ces quatres lettres (en majuscules, s'il vous plaît) à une technologie informatique en développement depuis plus de huit ans, et qui arrive aujourd'hui à pleine maturité.

Pourtant, AJAX (pour Asynchronous JavaScript + XML) est un dérivé de deux des langages informatiques les plus prolifiques de ces dix dernières années. Le XML a, on peut le dire, révolutionné l'écriture --et l'affichage-- des pages Web comme celle que vous visualisez en ce moment même; JavaScript a apporté de son côté une souplesse dont les développeurs avaient besoin dans l'écriture de programmes orientés autour d'objets visualisables, et non plus seulement de fonctions de calcul.

Le mixage de ces deux langages a donné naissance à un hybride, à la syntaxe proche du JavaScript, et aux aptitudes dynamiques héritées du XML. Des variantes associant d'autres langages entre eux existent aussi.

Certaines jeunes firmes informatiques ne s'y trompent pas, et développent des programmes uniquement en AJAX; c'est le cas, par exemple, de Meebo, une jeune pousse basée à San Francisco, qui développe un client de messagerie instantanée basée sur le Web, et non plus sous la forme d'un logiciel à installer sur votre PC. Idem pour l'ogre Google et son Google Maps, entièrement écrit en AJAX, ou encore de la firme Zimbra, qui lancera dans peu de temps son logiciel de messagerie instantanée multi-plateforme.

Car tout l'enjeu de l'AJAX est là: avec des programmes accessibles depuis Internet, plus besoin d'en écrire une version pour Microsoft Windows, une pour Linux, et une pour MacOSX d'Apple, par exemple. Une seule version suffit, basée sur un site Internet dédié, auquel tout le monde peut accéder, quel que soit son système d'exploitation, pourvu que l'on dispose d'une connexion Internet et d'un navigateur normalement constitué...

C'est dans ce sens que des entreprises qui n'ont pas de débouchés commerciaux dans le monde du logiciel oeuvrent; à l'exemple de Google, qui compte s'adjoindre les services de Sun Microsystems afin de transposer la suite bureautique StarOffice à la sauce Web, ou encore de Yahoo, dont le Webmail évoluera d'ici quelques semaines vers plus de fonctionnalités et de convivialité.

En effet, avec l'AJAX et les programmes basés sur Internet, certaines caractéristiques des logiciels implantés deviennent accessibles: le glisser-déplacer, que nous utilisons au quotidien sans même nous en rendre compte, trouve désormais sa place sur une page Web; plus besoin de cliquer sur un message pour l'effacer, on peut le sélectionner et le faire gentiment glisser vers l'icône de la Corbeille...

Même Microsoft, qui a pourtant pour habitude d'imposer ses propres solutions logicielles --voir l'emploi exclusif du .NET-- s'intéresse de près à cette technologie, puisque la future mouture de son Webmail Hotmail (nom de code interne: "Kahuna") sera écrite en AJAX.

En fait, le seul frein à des applications basées sur Internet réside dans la protection des données sensibles, puisqu'elles seront stockées de manière délocalisées, et donc piratable, en théorie, plus facilement. Les entreprises, mais aussi les particuliers, demanderont à être rassurés sur ce point avant de s'investir plus avant dans cette voie...


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Source : CNET News