L'équipementier français Alcatel-Lucent a connu des jours meilleurs. Fortement concurrencé par les groupes chinois désormais bien implantés en Europe, victime des réductions des investissements des opérateurs dans leurs réseaux, il doit de nouveau se réorganiser et a annoncé plus d'un millier de suppressions d'emplois en France.

A l'heure où les observateurs s'attendent à une sortie de l'équipementier en tant que valeur composant l'indice boursier CAC40, alors qu'il y est présent depuis la création de l'indice en 1987, Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif, lors d'un entretien accordé à l'Usine Nouvelle, a suggéré que les difficultés présentes de l'équipementier étaient en partie liées à l'arrivée de Free Mobile et sa stratégie de prix bas.

C'est aussi l'occasion de fustiger les décisions du gouvernement précédent, notamment les conditions d'accès à la quatrième licence, obligeant le nouveau pouvoir à " prendre des décisions pour rééquilibrer la situation ", et des choix qui ont facilité l'arrivée des équipementiers chinois Huawei et ZTE dans le paysage.

Alcatel-Lucent logo  Les décisions en question ont commencé à prendre forme avec des mesures de soutien annoncées au début du mois d'octobre 2012 et dont certains éléments visent plus précisément le quatrième opérateur. " La course au low cost avec l'arrivée de Free a eu des conséquences sur les opérateurs, sur la sous-traitance, sur les fournisseurs ", indique Arnaud Montebourg, qui souligne que " casser les prix peut sembler de bonne guerre, mais cela a eu pour conséquence deux plans sociaux annoncés, chez SFR et Bouygues. "

Le ministre, qui s'est inscrit dans une logique de préservation de l'emploi en ces temps de crise, semble donc bien décidé à ne pas laisser Xavier Niel faire comme il l'entend pour développer son activité de téléphonie mobile et prévoit la mise en place d'un observatoire des investissements et des déploiements  pour s'assurer que les engagements de l'ensemble des acteurs sont respectés.

Mais les soucis d'Alcatel-Lucent ne datent pas d'hier, ni même du début de l'année, et ne s'arrêtent pas à la téléphonie mobile en France. Les fusions d'équipementiers des années 2006-2008 n'ont pas produit que des résultats heureux. On notera également que Free Mobile a fait le choix des équipementiers européens plutôt que chinois pour constituer son réseau mobile, ce qui ne va pas tout à fait dans le sens d'une destruction de valeur du marché télécom européen...

Source : Usine Nouvelle