Le géant européen Alcatel va se renforcer dans le domaine de la téléphonie mobile de troisième génération, en acquérant une partie de la technologie UMTS de l'Américain Nortel. Objectif : se replacer dans le peloton de tête en Europe et en Asie.


"Et avec ça, vous prendrez quoi...'"
Alcatel va se soulager d'un chèque de 320 millions de dollars US, et racheter une bonne partie de l'activité UMTS (Universal Mobile Telecommunications Systems) de la firme américaine Nortel. Par ce biais, et un peu à contre-courant, Alcatel compte renforcer sa position sur le marché de la téléphonie mobile de troisième génération (3G), alors même que les industriels du secteur annoncent déjà pour l'an prochain le quatrième opus (4G) de cette technologie mobile à haut débit. Assez étrangement, en effet, Alcatel choisit d'investir dans une option technique en perte de vitesse un peu partout dans le monde, alors qu'il est déjà bien implanté du côté du GSM, en pleine ascension.

Nous ne sommes pas en train de parler de fabrication de terminaux mobiles, ici, mais de stations d'émission et de relais pour ce type de communication, un marché sur lequel Alcatel était un peu à la traîne des deux spécialistes, Ericsson et Nokia Siemens. Le président de la division Communications Mobiles du groupe européen, Marc Rouanne, indique d'ailleurs dans un communiqué qu'Alcatel "se positionne afin de de s'assurer la place de numéro trois mondial", et qu'en combinaison avec le succès de ses solutions GSM/EDGE et son leadership dans le déploiement du WiMax, l'acquisition des activités UMTS de Nortel donnera encore un peu plus de poids à la présence du groupe européen dans le domaine des communications mobiles.


Repositionnement stratégique
En reprenant cette partie de Nortel dévolue à l'UMTS, Alcatel se trouve de nouveaux clients, sur plusieurs marché européens d'importance : les filiales espagnole, italienne, portugaise et britannique de Vodafone, auxquelles s'ajoutent celles d'Orange en France, Belgique, Slovaquie et Pologne. En se renforçant dans l'UMTS, Alcatel va également trouver de nouveaux débouchés commerciaux en Asie, notamment en Corée du Sud et en Chine. Le tout sur fond de fusion avec un autre Américain, Lucent, un rapprochement initié avant l'été, et toujours pas validé, ni d'un côté de l'Atlantique, ni de l'autre. Ce rachat, qualifié d'opportunité par les deux firmes, va compliquer l'intégration des activités UMTS de Nortel au sein du nouveau groupe, mais ne devrait pas être insurmontable. Nortel, qui, comme d'autres, se débat en ce moment dans un scandale naissant autour des stock-options, y trouvera un peu de visibilité, et les liquidités qui lui seront sans doute bien utiles au moment de régler l'amende que les autorités américaines ne manqueront pas de lui infliger...