C'est un exercice de transparence inattendu. En France, Amazon révèle avoir réalisé en 2018 un chiffre d'affaires de près de 4,5 milliards d'euros. Le montant du bénéfice net n'est pas évoqué, mais le groupe ajoute que les prélèvements obligatoires - en rapport avec ses activités en France - ont atteint 250 millions d'euros.

" Plus de 150 millions d'euros correspondent à des prélèvements directs (impôt sur les sociétés, cotisations patronales, impôts locaux…) ", précise le groupe dans un communiqué repris par la presse.

En divulguant de tels chiffres, Frédéric Duval, le directeur général d'Amazon France, explique sur franceinfo vouloir répondre à des questions souvent posées et pour " apporter un éclairage plus concret sur note contribution à l'emploi, la croissance, au financement des services publics et du modèle social français. "

Il suffisait donc de demander… mais en insistant manifestement lourdement et depuis longtemps. Avec notamment plus de 20 sites logistiques dans l'Hexagone, Amazon indique employer en France 9 300 collaborateurs.

Amazon-Prime

En dépit de cet effort de transparence, il n'est pas clair si les chiffres évoqués concernent toutes les activités d'Amazon en France ou seulement sa plateforme principale. Il intervient par ailleurs alors que la France a mis en place une taxation sur les géants du numérique, avec dans l'idée une équité fiscale (pour l'impôt sur les sociétés) face à des pratiques d'optimisation.

Sur l'ensemble de l'année 2018 et à l'échelle mondiale, Amazon avait réalisé un chiffre d'affaires de 233 milliards de dollars (209 milliards d'euros) et un bénéfice net de 10 milliards de dollars (9 milliards d'euros). Amazon Web Services pesait pour 25,6 milliards de dollars dans les ventes et des bénéfices de 7,3 milliards de dollars, contre des bénéfices de 5,1 milliards de dollars pour la vente de produits et services.

Dans une note d'analyse publiée le mois dernier, le député LREM Mounir Mahjoubi a estimé le chiffre d'affaires d'Amazon en France à 5,5 milliards d'euros hors taxes en 2018. L'ancien secrétaire d'État au numérique considère par contre qu'Amazon détruit plus d'emplois qu'il n'en crée.

" Le solde entre les créations et les destructions est nettement négatif, avec un déficit de 7 900 emplois. Cette perte est surtout imputable à l'activité retail d'Amazon (ndlr : vente au détail), plus qu'à sa Marketplace (ndlr : plateforme pour les vendeurs tiers). " Selon Mounir Mahjoubi, " pour 1 emploi créé chez Amazon Logistique, 2,2 sont perdus dans le commerce physique. "