Depuis la semaine dernière, le site Asgardia voit son compteur défiler à vitesse grand V. À son origine : des avocats, astronautes et scientifiques qui souhaitent créer la première nation spatiale.

L'objectif du groupe est de rassembler plus d'un million d'habitants d'ici la fin de l'année, et déjà la communauté représente virtuellement la 187e nation du monde de par ses adhérents. Mais à quoi cela peut-il servir concrètement ?

Asgardia

Le site indique souhaiter créer une nation qui démocratisera l'espace et se chargera de protéger la Terre des dangers de l'espace qu'ils soient d'origine humaine ou naturelle (débris, astéroïdes, radiations solaires). Grossièrement, le groupe souhaite se substituer à la NASA et autres agences spatiales privées pour le bien de l'humanité et non pour assoir une quelconque dominiation technologique, politique ou financière... D'ailleurs, dans un communiqué, on peut lire "Les agences et États existants ne représentent que leurs propres intérêts, non ceux du monde. Par ailleurs, seuls quelques pays dans le monde possèdent de telles agences spatiales."

Malgré des communiqués en pagaille et de jolis textes sur le besoin de considérer l'espace sous une nouvelle dimension plus humaine et globale, on a peine à comprendre comment la "Nation Asgardienne" pourrait avoir un poids dans quelque domaine qu'il soit... Surtout s'il est exclu de parler de "profits", on voit mal comment des dons suffiront à développer des programmes que même la NASA ou l'ESA ou même SpaceX, Boeing et autres sociétés spatiales privées n'arrivent pas à financer.

Reste qu'Asgardia a déjà formulé une demande d'adhésion à l'ONU... Une requête qui devrait se heurter à un élément important : l'absence de véritable territoire permettant de valider l'existence d'un pays, une condition obligatoire à moins d'un changement de règles ou d'un aménagement spécifique.

Pour parer à cet éventuel refus, Asgardia prévoit l'envoi d'un satellite géant entre 2017 et 2018 visant à établir une cité spatiale sur le système déjà mis en place avec l'ISS avec l'ajout progressif de modules créés par divers pays... Mais là encore, un problème se pose. En effet, la législation spatiale fixée en 1967 prévoit que toute activité dans l'espace, y compris privée, doit faire l'objet d'une autorisation nationale , tout objet spatial devant également être immatriculé par le pays procédant au lancement... En bref, Asgardia se retrouve dans un cercle législatif sans fin qui ne laisse aucune place aux nations conceptuelles ou virtuelles.

Asgardia admet que le chemin juridique qui se profile à l'horizon sera semé d'embuches, mais le programme a aussi pour vocation d'enfoncer les portes et de tenter de repousser les cadres législatifs pour que l'espace concerne l'humanité entière et ne reste plus réservé à une poignée de nations et de scientifiques...

Source : Asgardia