Gadget Unreal Live Mail (100x100) Usenet est un très vieux système d'Internet. Il s'agit en fait d'un ensemble de forums de discussion, accessible depuis n'importe quelle connexion dont les messages et contenus sont répliqués universellement et stockés sur des serveurs prévus à cet effet. Ce système a été inventé en 1979 et dispose de son propre protocole : le NNTP. Moins utilisé avec l'apparition et le fort développement du WWW, il reste pourtant aujourd'hui en activité.

Il est en général nécessaire de souscrire, moyennant finance, à un hébergeur de serveurs Usenet pour pouvoir avoir accès à tout le contenu qui y est stocké. Usenet s'organise en groupes de discussion. Les préfixes définissent le thème général de chaque groupe : ils peuvent être scientifiques (sci), concerner les loisirs (rec)... Ces groupes étaient autrefois avant tout utilisés pour de simples discussions / réponses, l'échange de fichiers de petite taille, de l'entraide et tout ce que l'on peut aujourd'hui trouver sur les forums décentralisés. Les avantages sont réels : l'accès à plusieurs années de discussions portant pour ainsi dire sur tous les thèmes possibles, une lecture plus efficace car le contenu est concentré avant tout sur le texte...


Un accès gratuit restreint
Aujourd'hui, en France, deux accès à Usenet sont gratuits. Le premier est l'utilisation de la liste de groupes de Google. Il permet une consultation des discussions textuelles. Le second est un accès proposé par Free à ses abonnés. Or, notons qu'il est également possible d'envoyer des fichiers binaires sur Usenet. Ceux-ci, dont la taille est limitée par message, peuvent être assemblés pour former un contenu plus important. Ce dernier peut être de tout type et Usenet est parfois utilisé pour la mise à disposition de fichiers violant la propriété intellectuelle. C'est pour cela que Free s'est vu contraint de fermer l'accès à de nombreux groupes binaires ces derniers mois. Même si actuellement, l'accès à Usenet binaire est pour la plupart synonyme de souscription payante, le fait de pouvoir télécharger depuis des serveurs, à la bande passante généreuse, et la conservation pendant plusieurs dizaines voire centaines de jours des fichiers envoyés, est pour certains une bonne façon de récupérer des contenus au poids élevé - qu'ils soient légaux ou non.

En dehors des groupes Google, il faut normalement un logiciel spécial, un lecteur de nouvelles, pour consulter et répondre à ces groupes. Un logiciel de messagerie comme Thunderbird peut cependant remplir cet office. Quant aux groupes binaires, certains logiciels, dont GrabIt est peut-être le plus connu, en sont les spécialistes.


Quand les FAI américains décident de couper le jus
Il y a quelques jours, Verizon, Time Warner Cable et Sprint, trois des plus importants fournisseurs d'accès Internet des Etats-Unis, ont accepté de bloquer une bonne partie de Usenet. La raison officielle concerne la lutte contre la pédopornographie, puisque le blocage concernera également une liste noire de sites incriminés pour cette raison. On ne peut théoriquement qu'applaudir cette initiative. Cependant, si l'on ne peut pas nier que les newsgroups soient utilisés à des fins tout à fait répréhensibles, le fait est que pour lutter contre une minorité, Time Warner Cable va bloquer l'accès à Usenet tout entier. Si Sprint, quant à lui, a décidé de " seulement " bloquer toute la hiérarchie " alt. ", seul lieu où n'importe qui est autorisé à créer un nouveau groupe, Verizon parle de bloquer les groupes concernant la pédopornographie mais aussi le piratage.

Bien que Usenet soit assez peu connu et de moins en moins utilisé depuis quelques années, sa suppression pure et simple pour des millions d'internautes américains est une question posée à la liberté d'expression sur Internet. Pour lutter contre une frange marginale aux actes tout à fait répréhensibles, on ne s'attaque plus seulement à ces individus mais on coupe l'accès pour tous d'un pan d'Internet même. Le piratage ayant été clairement évoqué, on se doute que la raison officielle sert aussi à faire mieux passer la pilule d'un filtrage plus important qu'annoncé. Cette mésaventure américaine devrait nous aider à réfléchir aux évènements - 1 et 2 - français récents. Surveillance des internautes et filtrage généralisé - parfois aveugle - représentent-ils les seules solutions pour lutter contre la cybercriminalité ?


Source : Ecrans.fr