En étant l’un des artisans de l’adoption par le Parlement européen d’une résolution condamnant le principe de la riposte graduée telle que prônée par la France, Guy Bono pensait sûrement être parvenu à ses fins. Petit désenchantement, cette adoption semble avoir ouvert la boîte de Pandore. " On assiste à des attaques tout azimut des grandes majors du disque qui essayent de faire passer en force leurs propositions liberticides, économiquement infondées et à contresens de l’histoire du numérique ", écrit Guy Bono.

Particulièrement dans la ligne de mire de l’eurodéputé français, une tentative de redéfinition des logiciels espions afin de les légaliser dans une certaine mesure, pour le plus grand bénéfice des majors. Guy Bono pointe ainsi du doigt un amendement via lequel ne seraient considérés comme des spywares que les logiciels qui enregistrent les actions licites de l’utilisateur de manière clandestine. La crainte de Guy Bono est ainsi que les logiciels qui enregistrent des actions qualifiées elles, d’illicites, ne soient plus considérés comme " une menace grave pour la vie privée ".

" Ce qu’Orwell avait prédit dans 1984 est en train de se mettre en place : on veut tout savoir de vous, vous traquer, vous espionner dans vos moindres gestes, et orienter vos comportements. Sauf que le dictateur, derrière tout ça, n’est pas politique : ce sont les grandes multinationales ! "


Bono en remet une couche sur la riposte graduée
Toujours aussi farouchement opposé à l’idée même d’une riposte graduée automatique, où l’amalgame est fait entre des internautes qui s’échangent illégalement de la musique et d’autres qui s’échangent du contenu à caractère pédopornographique, Guy Bono s’en prend directement aux industriels qui pour lui n’ont pas su adapter leur modèle économique à l’Internet.

Arguant qu’il faut " vivre avec son temps " et que " l’interdiction n’a jamais rien réglé ", Guy Bono estime par ailleurs que " la rémunération des artistes doit être assurée par les vrais bénéficiaires du téléchargement : les fournisseurs d’accès à Internet. "

Des points sur lesquels l'eurodéputé s'entretiendra avec la ministre française de la Culture le 26 mai. On imagine déjà la fin de non recevoir.