Microsoft s'est enfin décidé à répondre à l' Union Européenne. Une bonne nouvelle dont il ne faudrait pas se réjouir trop vite.

Microsoft europe Condamné pour abus de position dominante en mars 2004, Microsoft a joué au chat et à la souris avec Bruxelles jusqu'au dernier moment.

Le géant des logiciels a ainsi attendu jusque dix heures avant le délai imparti, dont l'échéance arrivait le 15 février, pour fournir les documents complémentaires que réclamaient l' UE.

Il s'agit selon l'éditeur d'une " réponse formelle " de 75 pages aux critiques formulées par Bruxelles.

Il faut noter que les relations entre les deux protagonistes de cette affaire s'étaient profondèment durcies depuis le communiqué des griefs adressé en décembre dernier puis le nouveau délai gracieusement accordé par l' Europe.

    Le numéro un mondial des logiciels, s'il a plié, ne rend pas les armes pour autant et se dit lésé sur ses droits à la défense :

" Dans sa hâte à attaquer le respect des exigences, la Commission a ignoré des preuves cruciales. Quand la Commission a publié une communication de griefs le 21 décembre, elle et ses experts ne s'étaient même pas fatigués à lire la plus récente version de cette documentation que Microsoft leur avait soumise le 15 décembre. "

Preuve que les discussions ne sont pas prêtes d'être closes, la Commision a rétorqué :

" En fait, la documentation complémentaire n'avait été soumise que le 26 décembre à la Commission, soit 11 jours après l'échéance. "

Cette fois, la Commission Européenne devrait être satisfaite. Selon Microsoft, elle a entre les mains 12 000 pages de documentation, 500 heures d'aide technique et même, cerise sur le gâteau, une portion du code-source du sacro-saint Windows; Bruxelles n'en demandait sans doute pas tant...

Microsoft bleue Enfin, même si Microsoft a coopéré sagement dans la dernière ligne droite, il n'en reste pas moins que la société critique fortement l' impartialité de Neil Barrett, l'expert en informatique nommé en octobre sur la proposition de Microsoft lui-même, pour conseiller la Commission sur les points techniques.

En effet, Barrett avait jugé la documentation de Microsoft " incomplète et inadapatée ". Or, " deux rapports d'expertise indépendants " viennent d'être transmis par la firme états-unienne jugeant l'information qu'elle a fournie " complète et adaptée " en terme d' interopérabilité.

    Indignation du côté des logiciels libres et de la FSFE (  Fondation européenne des logiciels libres ), et nous le serions à moins :

" L'expert est une personne modérée, raisonnable et compétente que Microsoft a approuvé à la première heure. Comment osent-ils maintenir à présent qu'il est de parti pris ' "

Argent Selon leur avocat, Carlos Piana, il est clair que Microsoft " ne respecte pas les exigences " de Bruxelles et " cherche à protéger son monopole par tous les moyens ". De son côté, le Comité européen pour des systèmes interopérables ( ECIS ), qui regroupe IBM, Nokia, Oracle et Sun Microsystems, a confirmé " son soutien entier à la détermination de la Commission ".

Fin de cet épisode donc en attendant que Neil Barrett analyse les derniers documents de Microsoft, vérifie l' utilité du code-source et le teste par rapports aux éditeurs concurrents. Si ce test se révèlait négatif, Microsoft devra s'acquitter d'une amende journalière de deux millions d'euros par jour, valable rétroactivement depuis le 15 décembre, date de la première échéance.
Source : AFP