Sous prétexte de lutter contre le spam, le gouvernement chinois a promulgué une loi qui rend illégal tout serveur de mails non licencié.

Chine internet La nouvelle réglementation est entrée en application il y a deux semaines environ. Elle rend illégale tout serveur de mails n'ayant pas de licence. Ce qui signifie que les entreprises disposant de leurs propres serveurs enfreignent la loi, à moins de se mettre en conformité avec celle-ci.

La raison invoquée à une telle décision s'inscrit dans la lutte anti-spam que la Chine est en train de mener. En effet, la Chine connaît depuis ces dernières années de gros problèmes de spam. Selon l'ISC (Internet Society of China), le spam a coûté l'année passée, près de 760 millions de dollars en productivité. D'un autre côté, la Chine est réputée pour être à l'origine de nombreux spams : plus d'un cinquième du spam mondial provient ou transite en effet par la Chine.

Depuis le 30 mars, le gouvernement de Pékin s'est donc doté d'une réglementation anti-spam. Selon ses termes, aucune entreprise ou personne ne peut fournir des services de courrier électronique sur le territoire chinois s'il n'a pas reçu de licences ou s'il n'a pas suivi la procédure d'enregistrement.

Pour acquérir cette fameuse licence, il faut respecter certaines responsabilités et devoirs : enregistrement de l'adresse IP du serveur auprès des autorités, configurer le serveur selon les critères du Ministère à l'Industrie de l'Information : fermer les fonctions d'open-relay, améliorer la sécurité de l'administration des serveurs et enfin adopter une attitude pragmatique lorsque des failles sont découvertes.

Il faudra aussi mettre en place le stockage des mails pour une durée de 60 jours. Les informations qui doivent être sauvegardées sont les dates d'envoi et de réception, les adresses email ainsi que l'adresse IP de l'émetteur et du destinataire.

Le texte précise également que la confidentialité des correspondances doit être assurée. Le contenu des messages ne peut être divulgué qu'en cas de menaces pour la sécurité nationale ou pour les besoins d'enquêtes criminelles. Cependant, la loi interdit les discussions autour de sujets concernant « la sécurité des réseaux » ou « la sécurité de l'information », et précise à nouveau l'interdiction de transférer des messages au contenu contraire aux lois en vigueur. Or, beaucoup de ces lois ont été prises contre des dissidents politiques ou religieux.

La mesure chinoise semble donc a priori bonne pour lutter contre le spam. Mais sous le couvert de cette « bienveillance », il semble que ce soit une manière supplémentaire de museler la liberté d'expression.

Source : vnunet