C'est une tendance de fond qui a démarré il y a plusieurs années mais s'accélère avec la montée en puissance économique du pays : le gouvernement chinois souhaite remplacer les technologies étrangères par des alternatives développées en Chine et par des entreprises chinoises.
Les autorités chinoises veulent notamment écarter les technologies occidentales d'ici 2020 de quatre grands secteurs stratégiques : bancaire, militaire, entreprises d'Etat et agences gouvernementales, et les remplacer par des fournisseurs chinois.
Ne voulant plus payer des royalties à des sociétés étrangères pour des technologies dont des alternatives peuvent être développées localement et poussée à la méfiance après les révélations sur les écoutes pratiquées par la NSA et d'autres agences de renseignement à partir de matériels et de logiciels comportant des portes d'entrée dérobées (alors que c'était plutôt la Chine qui était jusqu'à présent accusée à demi-mot de ces pratiques), l'industrie chinoise est incitée à développer sa propre propriété intellectuelle et ses propres offres qui sont ensuite privilégiées dans les contrats d'équipement.
Cette volonté d'émancipation ne peut qu'avoir de lourdes répercussions sur les grands groupes high-tech occidentaux, nord-américains mais aussi européens. Les révélations issues des documents fournis par Edward Snowden constituent par ailleurs une excuse parfaite pour accélérer cette migration des technologies, aidée également par la multiplication des procédures pour abus de position dominante déclenchées par le régulateur chinois et qui concernent des géants industriels comme Qualcomm, Microsoft ou Apple.
Ce contexte devient sensible et pourrait basculer du domaine économique vers le politique, obligeant Etats-Unis et Chine à négocier avant que les conflits ne s'exacerbent, notent les analystes. Le rééquilibrage en cours de la puissance chinoise passe aussi par la montée en gamme de son industrie.
