Christine Albanel Digne d'un véritable coup de théâtre, le rejet par l'Assemblée nationale du texte du projet de loi Création et Internet a suscité l'étonnement. Alors que pour certains c'est le durcissement du texte par la Commission Mixte Paritaire avec par exemple la réhabilitation de ladite double peine voulue par le Sénat (suspension de l'abonnement mais poursuite du paiement de ce dernier) qui explique ce fait rare de la Ve République, les membres de la majorité préfèrent y voir une manœuvre désespérée de l'opposition.

Secrétaire d'État aux Relations avec le Parlement, Roger Karoutchi a évoqué des " actes de flibuste " de la gauche, pointant du doigt un jeu de cache-cache des députés de l'opposition qui ne sont entrés dans l'Hémicyle qu'au moment du vote. On peut toutefois se demander si la désertion de certains rangs n'est pas aussi le signe que même au sein de l'UMP, le projet de loi dont les limites ont été démontrées au cours des débats ne remporte pas une franche adhésion. À moins qu'à l'heure du déjeuner...

Il s'agit alors de garder la face et le mot d'ordre présidentiel est visiblement passé. Réaffirmant son " attachement aux droits des créateurs ", Nicolas Sarkozy a fait part de sa " volonté de voir appliquée au plus vite la loi Création et Internet ", soulignant qu'elle résulte d'un " accord conclu entre les artistes, producteurs et entreprises de télécommunications ". Il a ajouté qu'il n'entendait pas y renoncer, " quelles que soient les manœuvres dérisoires qui n'ont comme seul effet que de nuire à la diversité de la création ".

C'est un peu le même vocabulaire qui a été repris par la ministre de la Culture dont on imagine la position inconfortable. Christine Albanel a ainsi dénoncé une " manœuvre cynique de l'opposition ", une " manœuvre de couloir " ou encore une " triste comédie ", tout en affichant sa " détermination intacte à se battre pour la défense des créateurs et contre le pillage des œuvres ".


Comme si rien ne s'était passé
Pour la ministre, la " péripétie " est déjà de l'histoire ancienne et elle garde foi dans un texte présenté comme " particulièrement équilibré " qui selon elle sera adopté par les deux chambres parlementaires lorsque le projet de loi sera à nouveau débattu. Et l'on sait que ce débat interviendra très tôt puisque le texte sera à nouveau proposé à l'Assemblée nationale le 28 avril 2009 dans une version ne tenant pas compte des modifications de la CMP. À confirmer toutefois par la conférence des présidents.

La vidéo de la " triste comédie " :