Lorsqu'on s'appelle Dell Computer, qu'on a été pendant trois ans le premier fabricant mondial de PC, et qu'on vient de perdre cette place de leader, on cherche à se rattraper dans d'autres domaines. Quitte à s'essayer dans des spécialités très... spéciales.


Saut dans l'inconnu
Lorsqu'on parle de super-calculateurs, quelques noms viennent instantanément à l'esprit : IBM, Cray, Sun Microsystems (nous reparlerons de ces trois-là dans un autre article), voire Fujitsu ou NEC, mais Dell ne fait généralement pas partie de la liste. Et pour cause : la firme texane est bien présente sur le marché des serveurs, avec succès, mais elle ne s'était jusqu'ici jamais aventurée sur ce terrain assez particulier des super-ordinateurs. Il faut dire que l'exercice est difficile, car on n'improvise pas la construction de machines coûtant plusieurs dizaines de millions de dollars US, et capables de performances qui donnent le tournis. Pour les marques citées plus haut, ces matériels font partie de la culture maison ; et même, dans le cas de Cray, SONT la culture maison. Dell part quasiment de zéro dans ce domaine, mais cela ne signifie pas qu'il est dépourvu d'atouts pour bien y figurer.


Base éprouvée
En s'unissant à la très prestigieuse université anglaise de Cambridge, Dell donne naissance au "Projet Darwin", une forme de clin d'oeil au noyau logiciel cher à Apple, mais aussi un rappel du fait que le biologiste et théologien Charles Darwin fut un alumnus de cette faculté, réputée entre autre pour ses laboratoires de physique. Le "Projet Darwin" prévoit le regroupement en "cluster" (grappe, ou amas) de 2.340 serveurs signés Dell, lequel, aux dires des responsables du projet à Cambridge, a essentiellement été choisi pour ses tarifs attractifs. On ne se refait pas. Les machines retenues sont des serveurs de dernière génération, dotés des derniers processeurs Intel Xeon double-coeur. L'ensemble coûtera au bas mot 76 millions de dollars US (environ 58,5 millions d'euros), et deviendra le septième super-calculateur le plus rapide d'Europe--le vingtième au monde. Il servira les projets de plusieurs départements de recherche de l'université, notamment dans le cadre de prévisions météorologiques, de simulations thermo-dynamiques, ou pour mieux déterminer comment notre univers est né.

L'un de ses plus avides utilisateurs sera certainement Stephen Hawking, qui, malgré son handicap, continue d'exercer ses immenses talents depuis son bureau, à Cambridge.